L'imagination
Analyse sectorielle : L'imagination. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Enora88 • 6 Janvier 2015 • Analyse sectorielle • 1 879 Mots (8 Pages) • 3 328 Vues
Synthèse
L’imagination est une fonction par laquelle l’esprit voit, se représente sous une forme sensible, concrète, des êtres, des choses, des situations. C’est cette faculté que possède notre esprit à combiner des images qui, bien qu’emprunter à la nature, forment un ensemble qui n’existe pas dans la réalité. En ce sens, on peut dire que l’imagination est créatrice. A ce propos, l’article « Imaginer, créer, innover… Le travail de l’imagination » de Jean-François Dortier paru en décembre 2010 dans le magazine Sciences Humaines réhabilite les fonctions de l’imagination. C’est un texte argumentatif tout comme l’extrait de l’essai Salon de 1859 de Charles Baudelaire. Dans cet extrait, il place l’imagination comme étant une des sources d’inspiration des artistes. Flaubert, quant à lui, nous raconte un rêve, celui d’Emma dans l’extrait de son roman Madame Bovary. Enfin, l’autoportrait du peintre René Magritte daté de 1936 et nommé La Clairvoyance nous apporte des informations complémentaires sur le regard que les artistes portent sur l’imagination. L’imagination permet-elle à notre esprit de s’ouvrir aux possibilités et ainsi d’être plus productif ? Telle est la question abordée dans les documents du corpus. On verra que l’imagination nous invite à une redéfinition du vrai en partant à la conquête de vérité supérieure mais qu’elle peut aussi être une source d’égarement.
D’après le corpus, la démarche tant scientifique qu’artistique ne consiste pas simplement à observer, elle commence par l’invention d’un monde possible.
Pour Jean-François Dortier, l’imagination est la meilleure arme de la science car comme nous le dit Baudelaire dans Salon de 1859, elle est « la reine du vraie ». L’imagination est la base de notre pensée, c’est grâce à elle que l’on dépasse nos limites. Elle nous permet de penser au-delà du réel et donc de faire des découvertes. En tous les cas, les pensées ou images imaginées naissent du réel. Elle intervient dans toutes nos activités de la plus banale à la plus élaborée. L’imagination créative, quant à elle, permet de réaliser et de découvrir de nouvelles choses. On sort des sentiers battus et c’est en cela qu’elle nous permet d’avancer. Dortier la définit d’ailleurs comme la création d’un monde qui n’existe pas dans la réalité et en profite pour nous rappeler qu’il n’y a pas si longtemps l’imagination était dénigrée et qu’elle était considérée comme l’antithèse de la raison et donc de la science et l’intelligence par les Classiques. De nos jours, elle est réhabilitée car grâce à l’évolution des recherches en sciences cognitives on sait qu’elle est l’élément déclencheur de notre raisonnement. L’imagination décuple nos sens, élargissant leurs possibilités. En effet, en mathématique, en physique, en chimie, en biologie l’imagination à un rôle fécond et son cortège d’analogies et de métaphores sont de puissants générateurs de modèles. Les objets que l’on utilise au quotidien ont été rêvés avant d’être fabriqué ! L’imagination est primordiale dans bon nombre de domaine. Pour Baudelaire les hommes qui sont dépossédés d’imagination sont forcément improductifs. Ils pourront être d’excellent soldat mais seront de mauvais commandants ou bien connaître tous les savoirs mais ne découvriront jamais de théorème. D’ailleurs le mot théorème renvoie, étymologiquement, au mot « vision ». Dans cet extrait, issu du Salon de 1859, Charles Baudelaire présente l'imagination sous le meilleur des jours, transcendant la réalité et enfantant le génie humain. Elle nous permet d’avancer en imaginant plusieurs solutions jusqu’à deviner la bonne. Conditionnée au réel en tant qu'elle s'en nourrit, l'imagination est la faculté de mettre en images des choses qui ne sont pas ou pas encore, la faculté de se projeter au-delà de la réalité.
L’imagination tient aussi son rôle dans les rêves si bien que la pure imagination nous coupe du monde réel. Dans l’extrait de roman Madame Bovary qui est donné à l’étude, on voit qu’Emma désire vivre dans un monde de rêve, c’est une malheureuse victime de son imagination romanesque, déconnectée de la réalité. Le mot « bovarysme » provient de ce roman. Il décrit un état d'insatisfaction, sur les plans affectifs et sociaux, qui se rencontre en particulier chez certaines jeunes femmes névrosées, et qui se traduit par des ambitions vaines et démesurées, une fuite dans l'imaginaire et le romanesque. Emma Bovary a beaucoup lu, durant sa jeunesse, en particulier, des ouvrages romantiques. Elle s'imagine donc qu'elle va rencontrer « le Prince charmant », en quelque sorte. Hélas, elle ne rencontre que Charles Bovary, homme médiocre s'il en est, et quelques amants tout aussi médiocres. D'où son état d'insatisfaction. On peut donc affirmer qu’Emma Bovary rêve et imagine sa vie. Dans son cas, imaginer c’est s’évader par la pensée pour échapper à une réalité décevante. Dans son rêve, elle pense tout, les odeurs, les sons, les sensations. On peut même relever un champ lexical de la hauteur, la verticalité : « haut d’une montagne », « dômes », « cathédrales », « clochers aigus ». On pourrait donc dire qu’il s’agit d’un rêve ascensionnel. Lorsqu’elle a atteint son but, trouvé le lieu parfait pour écouler des jours heureux avec son amant on retrouve le champ lexical de l’horizontalité, de l’infini : « maison basse à toit plat », « au fond d’un golfe », « bord de la mer », « horizon infini ». Par l’imagination elle fuit la réalité et est victime de ses illusions. Flaubert se méfie de l’imagination et Madame Bovary est un exemple de ce qu’il en pense.
Ne peut-on pas dire que le peintre Magritte qui peint l’oiseau majestueux en regardant un simple œuf est en train de rêver ? On remarque un décalage entre l’objet et sa représentation. Le titre du tableau La Clairvoyance
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