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L'engagement politique : moi, je ne fais pas de politique

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Par   •  28 Janvier 2016  •  Dissertation  •  2 148 Mots (9 Pages)  •  2 753 Vues

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Septembre 2015

Moi, je ne fais pas de politique

« Moi, je ne fais pas de politique » Une phrase qu’on entend souvent, comme une sorte de fierté, une sorte de victoire arrachée, une sorte de liberté et d’affirmation de l’individualité qui s’extirpe d’un groupe. Paradoxal n’est-ce pas ? Parce que la politique après tout, c’est normalement l’expression de l’individu, le lieu où est pris en compte son avis, où il compte en tant que citoyen en lui-même ! Alors pourquoi ce refus d’appartenance au groupe de ceux qui  font  la politique.

La question semble tout à fait pertinente dans un contexte de crise de la représentation, où le citoyen ne se sent plus intégré au processus politique mais plutôt trompé par ceux qui le font. Commençons par définir le terme de politique.

Le terme vient du grec « polis » signifiant la cité. Elle est, dans son sens noble, l’activité qui s’occupe de la chose publique, de l’organisation de la cité (ses institutions, son armée, sa police, sa justice, sa diplomatie, ses finances, son économie etc.).

 Dans ce sujet, elle s’apparente donc à l’action politique, au fait soit d’agir dans une cité ou bien juste donc de participer à la vie de la cité qu’on apparentera à la vie politique, aux décisions prises par exemple dans un pays.

La négation utilisée dans cette phrase révèle la passivité politique de son énonciateur. Il n’agit en aucun cas dans le domaine politique et s’en réclame même. Cependant, en revendiquant cette non-action, il admet en soi un acte politique comme un autre : celui de refuser.

En d’autres termes, afin d’orienter mon travail, j’ai choisi la problématique suivante : Réprouver la politique est-ce déjà en faire ?

I] L’homme est un animal politique

Nous pourrions tout d’abord nous demander si l’homme est dans sa nature propre politique. Si c’est le cas, alors toute revendication de non politique relèverait en soi d’un non-sens, de quelque chose de contre nature.

Ce qui distingue l'homme de l'animal, c'est la nature de cette communauté. Ce n'est pas la survie, la répartition des tâches nécessaires à la vie qui lie les hommes mais un lien intelligent fondé sur le discours, l'échange rationnel, et l'organisation autour de lois faites pour assurer le bonheur. La communauté animale (abeilles, fourmis, etc.) est biologique et sert la survie. Le lien politique est le langage et sert le bien-vivre et la liberté. L’homme est donc politique parce que la politique est ce qui créé cette communauté d’hommes. Un homme sans politique serait un homme isolé, sans moyen de communication.

En effet, la vie humaine dans les faits se construit toujours dans une structure politique. L'isolement, les retraites, sont toujours des exceptions et non la norme dans l'humanité. De plus, dans toutes les sociétés, l'exclusion du groupe, l'ostracisme, la mise au banc, l'exil forcé, l'enfermement ou l'emprisonnement hors de la sphère sociale (le prisonnier est hors du jeu social et privé de droit politique) sont toujours les punitions les plus dures infligées aux hommes. L'esclave est traité non comme un homme mais comme un animal précisément parce qu'on lui refuse un statut politique. Robinson Crusoé manque de perdre la raison et son humanité dans son île de solitude. Cela signifie bien qu'il ne peut y avoir d'humanité sans une communauté politique d'hommes qui se donnent des lois, des droits, des limites afin de vivre et progresser ensemble et inversement.

La nature de l'homme est culture, elle réside dans cet effort permanent pour passer de l'animalité, des rapports de force, de violence et de domination, à l'humanité, aux rapports de droit, de respect de l'autre, de raison et de discours. L'homme comme le souligne Freud, se construit péniblement une nature qui l'arrache à sa nature primitive pour devenir et tendre vers cet idéal humain qui est politique. Vivre selon les lois, limiter ses instincts, traiter l'autre comme son égal sans profiter de ses faiblesses et inégalités de nature, n'a rien de naturel ; c'est ce que chacun cultive et travaille à admettre au sein d'une communauté politique qui le guide.

Avoir le souci de la chose publique devrait donc être le but et le principe même de chaque homme en tant qu’il n’est pas esclave. Ainsi est-elle, pour les Grecs, une activité libérale à laquelle chaque citoyen doit prendre part, chacun étant tour à tour appelé à commander et à obéir. (Ce qui exclut dans les faits, les enfants, les femmes et les esclaves, condition permettant à la cité grecque d’être une communauté d’être libres et égaux).

Cependant, la politique au sens noble requiert pour s’exercer, de disposer du pouvoir politique. (Pouvoir d’Etat dans toutes les sociétés qui ne sont plus, comme la cité grecque, une démocratie directe et une communauté où les charges publiques sont des obligations devant être assumées à tour de rôle ou par tirage au sort). En ce sens, la politique perd de sa noblesse et devient d’une manière connotée péjorativement, l’art de conquérir, d’exercer et de se maintenir au pouvoir.

II] Des causes sociétales à une revendication non-revendicatrice

Ainsi Chateaubriand disait : “Le plus grand malheur des hommes, c’est d’avoir des lois et un gouvernement. Tout gouvernement est un mal, tout gouvernement est un joug”

En effet, le gouvernement peut être une atteinte aux libertés du citoyen dans le sens où, le dirigeant politique pourra ne plus représenter les attentes des citoyens mais ses intérêts personnels. On peut parler ici de la démocratie représentative de nos jours, qui au lieu de faire participer les citoyens ne fait que les représenter, présentant donc l’individualisme de l’homme politique et ses intérêts plus décisifs que la volonté collective.

Cette crise de l’individualisme se traduit par le « Moi » apposé en début de phrase qui illustre le fait que le citoyen a choisi de privilégier son propre intérêt contre un intérêt politique dans lequel il ne se reconnaît pas. Ainsi, il se retire, et ne se juge donc plus responsable de la vie politique qui s’ensuit.

On parle de « dépérissement de la politique » pour qualifier ce double phénomène d’individualisation et de professionnalisation des hommes politiques et du désengagement de la population censée être représentée.

Ce terme est issu du texte de Lénine sur le dépérissement de l’Etat et comporte un aspect symbolique intéressant qu’un corps vivant qui dépérit, qu’un organisme dépérit. C’est comme si la politique était malade et s’inscrivait dans une notion de finitude et de l’acceptation d’une fragilité qui est celle même des conditions de l’action.

On peut éclairer ce terme de dépérissement de la politique par la différence avec la démocratie grecque. Les Grecs qui ont inventé la démocratie, sous la forme de la délibération et de l’isonomie n’ont jamais exalté la démocratie. Ils l’ont soumis à des critères très durs c’est-à-dire qu’ils ont inventé quelque chose de fondamental tout en ne cessant jamais d’en faire la critique que ce soit les antidémocrates ou les démocrates eux-mêmes. On peut citer comme exemple un dialogue présent dans le Protagoras de Platon, entre le sophiste Protagoras et Socrate. Socrate critique le fait que sur l’agora, n’importe quel citoyen aussi peu cultivé et instruit. Pour lui c’est cela qui constitue le défaut de la démocratie. Protagoras répond par le mythe d’Epiméthée qui dit que rien ne restant aux hommes dans la distribution des dons aux espèces, Prométhée dut voler le feu et les moyens techniques nécessaires à la survie. Mais ces instruments techniques ne sont pas encore des outils politiques puisqu’ils ne permettent pas aux hommes de se rassembler en cités. Et Zeus envoie le dieu Hermès pour donner à tous les hommes et de façon également répartie deux dons ou dispositions, qui sont d’un côté la pudeur, l’estime de soi, et de l'autre côté, l’estime de l’autre, la justice quelque chose. Il ajoute donc que tous les hommes ont en eux ces dispositions également réparties, mais qu’elles ne seront pas actualisées de la même façon. Cela veut dire que cette disposition politique n’empêche pas la faillibilité, mais permet la capacité de juger. Donc le citoyen n’a pas besoin d’être un expert.

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