L'arbitraire
Dissertation : L'arbitraire. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Elina Piguet • 6 Mars 2017 • Dissertation • 1 269 Mots (6 Pages) • 1 117 Vues
INTRODUCTION
Tous les hommes ressentent un besoin de justice, et bon nombre des hommes s’accorde à dire que la justice est juste, de par son étymologie, et ce sans exception. Cependant, comme nous dit Pascal dans Pensées diverses III, Fragment n°4/85 « la justice est ce qui est établi ; et ainsi toutes nos lois établies seront nécessairement tenues pour être justes sans être examinées, puisqu’elles sont établies ».
Les hommes évoluent en société, c’est de par cet aspect que nous sommes capables de différencier l’homme du reste du règne animal. Ces relations impliquent des discussions, des accords passés entre particuliers, et pour établir ces différents accords, l’homme doit décider. La décision humaine se caractérise par son caractère arbitraire, relatif, contingent. L’expérience nous montre que les conventions d’une société ne sont pas nécessairement les mêmes que pour une autre société donnée. Ainsi, force est de constater que ces conventions, choix, réglés par la décision humaine qui est essentiellement arbitraire, sont également relatifs et changeants. À partir de ce présupposé, pouvons-nous appliquer cette notion de relativité, de changement et d’arbitraire à la notion de juste et d’injuste ? L’arbitraire est une notion qui se rapporte au caractère d’arbitraire. Ce substantif désigne un mode de choix ou de décision qui n’est ni imposé par la nature ni par le droit, mais qui a pour origine une décision libre humaine. C’est ce qui est produit par une fantaisie, la positon arbitraire s’inscrit donc dans la lignée adverse d’une décision rationnelle, pur produit de la raison, qui est complètement justifiée.
Cependant, il faut remarquer que la justice possède une origine subjective. Elle se réfère automatiquement et nécessairement à un critère sensible, et cela marque ainsi son paradoxe. En effet, la justice est ce qui est juste au sens de ce qui est conforme à un droit, soit naturel, soit positif. De plus, une personne juste est une personne qui juge de ses rapports avec autrui comme il jugerait du rapport de deux personnes étrangères ; et qui, lorsqu’il juge entre plusieurs autres, ne se laisse guider par aucune faveur ni par aucune haine pré-existantes. Être juste, en ce sens, est donc une qualité essentiellement formelle, qui consiste à s’abstenir d’agissement égoïstes et de jugements partiaux. Ainsi, même s’il nous parait absurde de remettre en question le principe de justice, d’une part, devant le scandale de l’injustice , comment ne pouvons-nous pas mettre en doute l’existence d’une justice provenant de la rectitude de l’objectivité humaine ? D’autre part, si la loi se justifie par elle-même dans le sens où comme l’établissement étant la source des lois, il n’y a dans le monde que des lois justes, comment rendre acceptable la part d’arbitraire qui s’attache alors nécessairement à son élaboration ou à son application, telle qu’elle est ou telle qu’elle doit être ? En effet, toute loi provient de la bonne volonté d’une personne qui a jugé de placer dans la catégorie du juste cette situation et dans la catégorie de l’injuste telle autre situation. Ainsi, la justice ne serait-elle finalement qu’une illusion ? Les sophistes ont cette capacité de démontrer et de prouver face à la masse, au peuple, que tel ou tel point est juste ou injuste, et ce simplement en utilisant la parole et le pouvoir des mots. Gorgias, dans le dialogue du même nom de Platon, fait comprendre aux citoyens que la mesure de la justice provient de l’arbitraire humain. Faut-il comprendre que les conventions passées entre les hommes et instaurées dans les sociétés n’est pas uniquement le seul légitime et qu’il faut que la loi qui dicte la justice soit en accord avec la loi morale pour s’imposer comme juste aux yeux de la conscience ?
C’est donc dans un premier lieu que nous allons analyser l’arbitraire des hommes dans l’élaboration de la justice, et que nous allons tenter de légitimer cette justice trop partiale, qui baise les jugements. Dans un deuxième temps, il s’agira ensuite de déterminer que l’arbitraire n’a finalement rien à voir avec une justice, ou plutôt LA justice. Finalement, nous tenterons de dépasser cette dualité en traitant de
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