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Explication de Texte: Kant - Idée D'une Histoire Universelle

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Par   •  25 Novembre 2013  •  2 121 Mots (9 Pages)  •  4 853 Vues

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Dans Idée d'une Histoire Universelle du point de vue cosmopolitique, Emmanuel Kant veut rendre compte de la possibilité pour l'Homme de vivre en société en vertu de principes non empiriques, malgré l'inscription originaire de l'Homme dans la nature. Aussi le thème de cet extrait de la quatrième proposition s'inscrit au cœur de cette problématique générale. En effet Kant tente d'expliquer comment en dépit d'un fond empirique, intéressé et amoral l'Homme semble ne pas pouvoir échapper – et ce pour les mêmes motivations empiriques – à sa sociabilisation.

Pourtant la société appelle la régulation des comportements en vertu d'un intérêt collectif. Mais il apparaît que l'Homme, de prime abord, ne se sociabilise qu'en vertu de mobiles non sociaux. Nous trouverions alors au cœur même de l'acte d'association les conditions de sa désagrégation. Néanmoins, de fait, l'Homme vit en société. Or puisque le seul intérêt empirique comporte un antagonisme de toute sociabilisation, il ne peut à lui seul expliquer ce fait.

Toutefois il est difficile d'envisager quelque autre cause de la société que ce qui serait donné au départ, dans la nature, à savoir ce même antagonisme. C'est pourquoi Kant doit présupposer qu'une certaine logique à l'œuvre dans la nature conduit l'Homme à dépasser cet antagonisme à partie de lui-même. Mais cela présuppose un calcul de la nature, une sorte de plan caché. Il reste que la nature dont il est question est celle de l'Homme et non la nature comprise comme phusis, c'est-à-dire comme champ d'investigation scientifique. Autrement dis le propos étant anthropologique, l'anthropocentrisme gagne forcément en légitimité. Or justement les inclinations empiriques de l'Homme qui constituent son "insociable sociabilité" sont toujours un certain rapport conscient à soi et non de simples instincts. Si bien que de l'actualisation de cet égoïsme primaire doit forcément résulter une forme supérieure de prise de conscience de l'impasse empirique à laquelle l'Homme se trouve réduit. La représentation de soi primitive n'a dont pas d'autre choix que de s'assumer pleinement comme cet autre de la nature qu'elle est, altérité sans laquelle il n'y aurait pas d'antagonisme.

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D'emblée Kant nous surprend puisqu'il entame son propos par une personnification de la nature. Cela a néanmoins l'avantage de situer directement le cadre de sa recherche.

En effet, si du point de vue théorique une telle affirmation n'aurait aucun sens pour Kant, elle trouve toute sa portée du point de vue pratique, lequel appelle forcément une réflexion sur le fait que l'Homme est cet être qui se représente son action en vertu de principes formels, non empiriques.

Néanmoins c'est aussi un être empirique, qui s'inscrit dans la nature. Donc si l'on ne peut penser l'Homme comme un simple phénomène naturel, on ne peut non plus ignorer cette dimension empirique. C'est pourquoi se pose nécessairement la question de savoir comment s'articulent ces deux dimensions sans en éliminer l'une au profit de l'autre. Si bien que nous ne pouvons espérer comprendre l'Homme sans assumer cet antagonisme qui de fait empêche de traiter de l'Homme et de son mode de vie politique exclusivement sous l'angle d'une nature soumise aux lois homogènes de la nécessité. Précisons donc, de prime abord, qu'il ne saurait y avoir de dispositions antagonistes pour un être purement naturel et que, partout, la question anthropologique appelle la forme d'un raisonnement anthropocentrique au sujet de la nature, une fois rapportée à l'Homme et ce dernier rapporté à cette dernière.

Aussi de cette nécessité méthodologique il résulte un cercle herméneutique selon lequel d'une part les "dispositions humaines" se développent par "leur antagonisme au sein de la Société" et selon lequel, d'autre part, cet "antagonisme est en fin de compte la cause d'une organisation régulière de cette Société" (ll. 1-3). Autrement dit les dispositions humaines sembleraient prendre la mesure de leur antagonisme au sein d'une société qu'en même temps et du même coup elles élaborent en l'élevant à un niveau de régulation organique, c'est-à-dire où les antagonismes deviennent les éléments d’un même tout cohérent.

Ainsi ces trois premières lignes du texte semblent annoncer une structure paradoxale, mais qui trouve, toutefois, son intelligibilité dans une herméneutique de la finalité. En effet, l'expression "en fin de compte" n'est pas innocente car elle est la marque d'une causalité non linéaire. La société est voulue parce que l'Homme a de dispositions antagonistes mais cet antagonisme ne prend jamais autant d'ampleur qu'"au sein de la Société". L’antagonisme de l’insociable sociabilité n’est vécu qu’à partir du moment où il y a déjà société et il n’y a de société qu’à partir du moment où cet antagonisme existe.

Autrement dit d’un côté c’est parce que l’homme est confronté à des obstacles qu’il doit se sociabiliser, harmoniser son rapport à l’autre. Mais d’un autre côté les obstacles n’existent que parce qu’il y a déjà la société dont l’homme veut profiter. L’homme désire donc vivre en société, ce qui crée la société et la société crée elle-même ce désir. Elle deviendra donc forcément, à terme, une fin en soi au lieu d’être simplement un moyen.

De cette sorte Kant se démarque de toute théorie du contrat social qui élaborerait une transition entre nature et culture sur la base de conventions fondées en raison et parfaitement homogènes à une nature strictement intéressée de l'Homme.

Toutefois cela ne signifie pas non plus que l'Homme entrerait, selon Kant, en société selon une nature d'une conception fraternelle, à l'instar d'une conception aristotélicienne. La finalité ici est herméneutique et non pas conforme à une essence transcendante et immuable de l'Homme.

Pour le dire autrement des trois premières lignes de ce texte nous signalent toute la structure des deux autres paragraphes, à savoir que c'est en recherchant son intérêt égoïste, antagoniste de toute sociabilité, que l'Homme finit par réaliser son seul véritable intérêt, celui qui résulte de sa capacité à se représenter lui-même en vertu d'un ordre réglé selon les lois inhérente à

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