Distinction désir Et Volonté
Recherche de Documents : Distinction désir Et Volonté. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar jusfre90 • 16 Mars 2013 • 2 347 Mots (10 Pages) • 1 034 Vues
Définitions de la volonté
• Faculté de déterminer librement ses actes en fonction de motifs rationnels ; pouvoir de faire ou de ne pas faire quelque chose.
• Disposition de caractère qui porte à prendre des décisions avec fermeté et à les conduire à leur terme sans faiblesse, en surmontant tous les obstacles : Avoir une volonté de fer. Une entreprise qui exige de la volonté.
• Ce que veut quelqu'un : Aller contre la volonté de ses parents.
• Ce que souhaite, ce que désire une collectivité, un groupe : La volonté du corps électoral.
Les mécanismes de la volonté
Des recherches récentes sur les mécanismes psychologiques de la décision montrent que la volonté d’agir n’est pas ce qui donne l’impulsion à une action, mais qu’elle intervient au niveau de son contrôle, de son orientation et de sa correction.
L’une des questions les plus traditionnelles de la philosophie est celle de savoir si tout un chacun est en mesure de choisir ou au moins d’orienter sa destinée. Sommes-nous libres d’agir (« libre » étant pris au sens de « non causalement déterminé sinon par soi-même ») ? Nous avons certes l’impression de décider librement de nos actes. Mais en même temps nos comportements ne paraissent pas pouvoir échapper aux types de causes qui régissent l’ensemble du monde physico-chimique. Dès lors, quel statut accorder à la volonté d’agir ?
Vouloir, c’est se préparer à exécuter une action, c’est-à-dire essayer de le faire, ce qui implique que trois conditions soient simultanément remplies :
• Avoir un but saillant à atteindre: l’agent a des besoins et des désirs qui dépendent en partie de ses fonctions biologiques, de son histoire passée, et du contexte où il se trouve. Par exemple le sujet a faim et désire manger. Ce qui joue ici un rôle causal n’est pas l’agent, mais ses états corporels et mentaux, eux-mêmes dépendants de l’environnement (la présence de nourriture peut stimuler son désir).
• savoir comment agir pour l’atteindre: le répertoire des actions qui sont à sa disposition dépend d’apprentissages antérieurs. Le sujet dispose de schémas moteurs combinables qui lui permettent d’agir. Pour se nourrir, il lui faut se diriger vers le frigo, là où il sait qu’il trouvera de la nourriture. Il connaît les propriétés des aliments – légumes, yaourt, gâteau.
• avoir la motivation suffisante pour agir : Enfin sa motivation est issue d’une régulation complexe, où interviennent des facteurs endocriniens, le contexte, le rôle social (le gâteau m’attire, mais attention au régime !).
Quand la conscience d’agir se produit-elle ?
L’examen de la chronologie de la décision est particulièrement intéressant pour la question que nous nous posons. Des recherches ont tenté de mettre en évidence les mécanismes mentaux liés aux différentes phases de la décision. L’examen électroencéphalographique a révélé deux types d’ondes cérébrales différentes chez un agent qui se prépare à agir.
• La première onde est précoce. Elle correspond à une préparation motrice de la décision d’agir. A ce stade, la décision d’agir est prise mais pas encore celle de la manière de faire l’action.
• La deuxième phase repérée est plus tardive. Elle correspond à la sélection d’un mouvement particulier que l’agent va effectuer. Effectuée quelques millisecondes après la décision, cette sélection du mouvement commande au membre d’effectuer l’action.
Le cerveau agit donc en deux temps. Il se prépare d’abord à agir en vue d’un objectif, puis à faire le mouvement nécessaire. Une fois que le cortex moteur (qui commande les membres) est activé, l’activation se propage en direction des effecteurs par l’intermédiaire des motoneurones situés dans le tronc cérébral et la moelle épinière.
Dans ce schéma causal de l’action volontaire, à quel moment intervient la volonté consciente ? Il serait naturel de supposer que la conscience précède ou au moins accompagne la préparation motrice précoce. L’expérience courante nous indique en effet que l’on « veut » faire quelque chose avant de l’accomplir. Or cette supposition se révèle fausse ! C’est en tout cas ce qu’a montré le neurochirurgien américain Benjamin Libet dans une expérience désormais célèbre datant de 1983. Cette expérience consistait à demander à des sujets, assis devant un écran où s’égrenaient les secondes, de dire à quel moment précis ils avaient décidé de fléchir le doigt. L’examen électro physiologique a montré que l’agent est conscient de sa décision 350 millisecondes après que son cerveau a commencé à réagir. Aussi surprenant que cela puisse paraître, cela signifie que le cerveau prépare l’action avant même que le sujet ait conscience de la vouloir.
La volonté est-elle une illusion ?
Le résultat de B. Libet suggérerait donc que la volonté d’agir n’est pas causée par la conscience d’agir puisqu’elle la précède. On peut d’ailleurs éprouver un tel phénomène dans certaines expériences ordinaires : lorsqu’on s’est baissé pour éviter un projectile, qu’on a donné un coup de volant pour contourner un obstacle, etc. Ce n’est qu’après coup qu’on « réalise » ce qu’on a fait.
Si l’action peut être déclenchée de façon inconsciente, on ne voit plus très bien comment justifier la liberté de la volonté. Faut-il admettre tout simplement que la volonté ne joue aucun rôle causal dans l’action ?
C’est la thèse avancée par le psychologue social Dan Wegner, dans L’Illusion de la volonté consciente (2002) en s’appuyant notamment sur les expériences de B. Libet.
Quand nous agissons, nous avons automatiquement l’impression d’agir librement et sous l’empire de notre volonté individuelle. Mais, selon D. Wegner, nous sommes des Don Quichotte croyant reconnaître la marque de leur agir jusque dans des événements qui ne lui doivent rien. En fait, nous explique D. Wegner, l’agent a l’impression d’agir volontairement non pas parce que sa volonté est ce qui cause son action, mais parce qu’il interprète l’action qui se déroule comme étant celle qu’il a voulue. D’où vient cette impression ? De la manière dont nous parvenons, de façon générale, à former un jugement causal. Puisqu’il y a un phénomène mental qui précède et un acte qui suit, nous avons tendance – à tort – à attribuer la cause de l’action à la pensée qui la précède.
D.
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