Corrigé Texte De Sénèque: l'existence et le temps

L'existence et le temps.

Ce sujet, produit en juin 2002 en Polynésie Française, a été donné spécifiquement

aux terminales littéraires. En effet, l’existence et le temps sont deux notions

particulières au programme de la série littéraire.

Dans la foule des vieillards, j’ai envie d’en attraper un et de lui dire : « Nous te voyons arrivé au terme de

la vie humaine ; cent ans ou davantage pèsent sur toi. Eh bien ! reviens sur ta vie pour en faire le bilan ; dis-

nous quelle durée en a été soustraite par un créancier, par une maîtresse, par un roi, par un client, combien

de temps t’ont pris les querelles de ménage, les réprimandes aux esclaves, les complaisances qui t’ont fait

courir aux quatre coins de la ville. Ajoute les maladies dont nous sommes responsables ; ajoute encore le

temps passé à ne rien faire ; tu verras que tu as bien moins d’années que tu n’en comptes. Remémore-toi

combien de fois tu as été ferme dans tes desseins, combien de journées se sont passées comme tu l’avais

décidé ; quand tu as disposé de toi-même, quand tu as eu le visage sans passion et l’âme sans crainte, ce qui

a été ton oeuvre dans une existence si longue, combien de gens se sont arraché ta vie, sans que tu

t’aperçoives de ce que tu perdais ; combien, de ta vie t’ont dérobé une douleur futile, une joie sotte, un

désir aveugle, un entretien flatteur, combien peu t’est resté de ce qui est tien : et tu comprendras que tu

meurs prématurément. » Quelles en sont les causes ? Vous vivez comme si vous deviez toujours vivre ;

jamais vous ne pensez à votre fragilité. Vous ne remarquez pas combien de temps est déjà passé, vous le

perdez comme s’il venait d’une source pleine et abondante, alors pourtant que ce jour même, dont vous

faites cadeau à un autre, homme ou chose, est votre dernier jour. C’est en mortels que vous possédez tout,

c’est en immortels que vous désirez tout.

Sénèque1, De la brièveté de la vie.

Ce sujet, d’apparence très descriptive, mobilise en réalité de nombreuses notions

celles de l’existence et du temps, bien sûr, mais aussi de la volonté et de la liberté,

ainsi que celle du bonheur ou de la « vie bonne ».

Construire son devoir :

Il est toujours important de dégager les thèmes présents dans le texte et ensuite la

thèse de l’auteur, c’est-à-dire sa façon de problématiser ces thèmes.

Pour éviter la paraphrase et pour s’assurer d’avoir bien compris le texte, il faut

d’abord diviser celui-ci en paragraphes portant chacun une idée, et formuler dans ses

propres mots l’idée de chaque paragraphe. Cela constituera la partie explicative du

devoir (I). Je rappelle, que l’explication doit être « précise », intégrale, et procéder

1

Sénèque (en latin Lucius Annaeus Seneca), né dans l'actuelle Cordoue au sud de l'Espagne entre

l'an 4 av. J.-C. et l'an 1 ap. J.-C., mort le 12 avril 65 ap. J.-C., est un philosophe de l'école

stoïcienne, un dramaturge et un homme d'État romain du Ier siècle de l'ère chrétienne. Il est

parfois nommé Sénèque le Philosophe, Sénèque le Tragique ou Sénèque le Jeune pour le

distinguer de son père, Sénèque l'Ancien.

linéairement, c’est-à-dire de préférence dans l’ordre de la présentation des idées

adopté par l’auteur lui-même.

Ensuite, dans la deuxième partie on pourra dire quelle est la valeur (les intérêts

philosophiques) de la thèse présentée (II.1), et, éventuellement, indiquer les

difficultés qu’elle soulève (II.2)

En conclusion, on fera un bilan concis en exposant l’idée qui nous aura parue la

plus importante, et on terminera, le cas échéant (et seulement si cela nous semble

nécessaire) en ouvrant à une nouvelle réflexion, par une question portant sur la thèse

de l’auteur ou sur tel ou tel point du texte qui nous semble devoir être approfondi.

En dernier lieu, on rédigera une introduction indiquant successivement :

a) Les thèmes abordés

b) Le problème philosophique traité

c) La thèse de l’auteur

d) Les enjeux d’une telle réflexion.

AU PROPRE DIRECTEMENT

I – L’explication.

Dans une première partie du texte, Sénèque analyse la vie d’un

homme parvenu au « terme de la vie humaine », un « vieillard ». Parmi tous les

vieillards, Sénèque a « envie d’en attraper un », peu importe lequel, parce que du

point de vue de son intention, cela n’a guère d’importance. « Nous te voyons arrivé

au terme de la vie humaine... ». Le ton est d’emblée solennel, comme dans un

tribunal : « nous » tes juges, sages ou dieux, nous te demandons de nous dire

comment tu as employé ta vie : « dis-nous quelle durée en a été soustraite par un

créancier,

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