Compte-rendu d'un extrait des Réflexions sur les constitutions de Benjamin Constant
Dissertation : Compte-rendu d'un extrait des Réflexions sur les constitutions de Benjamin Constant. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar florian56850 • 18 Mars 2017 • Dissertation • 2 353 Mots (10 Pages) • 1 037 Vues
Colle de Français :
Nous allons faire le compte rendu d'un extrait des Réflexions sur les constitutions de Benjamin CONSTANT, publié en 1814 puis reparu en 1818.
Romancier et intellectuel français né en 1767, Constant participe activement à la vie politique de son époque, notamment en siégeant à la Chambre des députés ou en soutenant Napoléon et Louis-Philippe, entre autres personnages politiques importants du XIXè siècle. Il fut très décrié pour ses prises de position affirmées, ainsi que pour les idées qu'il défend dans ses œuvres. En effet, dans ses Principes de politique, il met en avant non seulement le danger de confier les pleins pouvoirs à un seul individu, mais également les dangers du pouvoir. Il voit, dans l'idée de souveraineté absolue du peuple défendue par Rousseau « le plus terrible auxiliaire de tous les genres de despotisme ». Les affirmations de Constant sur le concept de vérité l'ont longtemps confronté à E. Kant, philosophe allemand, et son impératif catégorique, Constant pensant que seuls ceux qui ont droit à la vérité peuvent y accéder. Il meurt à Paris en 1830, où il reçoit des funérailles nationales de la part de l’État.
Constant s'inscrit principalement dans deux mouvements philosophiques et littéraires, le romantisme et le libéralisme. Cependant, on l'a toujours associé au libéralisme, dont il fut la figure dominante lors de ses dernières années. Cette doctrine de philosophie politique affirme la liberté comme principe politique suprême tout en revendiquant une limitation des pouvoirs du souverain. Ce combat contre le pouvoir absolu du despote s'est développé dans l'Europe des Lumières, c'est à dire au XVIIIè siècle, bien avant la création du libéralisme, apparu quant à lui au début du XIXè. Les libéraux prônent l'importance des droits fondamentaux naturels, tels que la liberté individuelle.
Cette notion de liberté individuelle se retrouve dans le texte qui nous est proposé. Constant y expose sa thèse qui est simple en apparence, et qui nous pousse à nous demander dans quelle mesure devons nous obéir à une loi. Comment déterminer qu'une loi est injuste ? Quelles sont les limites à fixer pour savoir quand il est préférable de lui désobéir ? Constant y répond en expliquant que l'obéissance à une loi ne saurait être illimitée, et qu'elle doit respecter la morale pour que nous puissions nous y soumettre sans problème. Dans un premier temps, le philosophe affirme que nous avons le devoir d'obéir à la loi, mais c'est un devoir partiel ; nous aurons l'occasion de définir la notion de devoir. Puis, il indique dans quels cas une loi ne respecte pas les principes et les caractéristiques d'une loi. Enfin, dans une troisième partie, Constant conclut en définissant les types de lois que nous ne devons pas respecter, ou tout du moins, faire en sorte de ne pas les exécuter.
Partie I :
Tout d'abord, Constant montre que notre devoir d'obéissance à la loi n'est pas intégral. C'est d'ailleurs la phrase liminaire de ce texte. Intéressons-nous à la notion de devoir : c'est une règle ou une action générale accomplie par obligation, et non motivée par une volonté ou un désir quelconque. Il respecte et guide la conscience morale de l'individu. En effet, une loi est imposée par une autorité supérieure, ce qui présuppose qu'elle respecte la morale et « part d'une source légitime », il est donc naturel d'obéir à cette loi, c'est notre devoir. Mais ce devoir « n'est pas absolu, il est relatif » affirme Constant. Avec cette antithèse entre ces deux termes opposés, il insiste sur la relativité de ce devoir et qu'il mérite la réflexion que l'auteur lui porte par la suite de son raisonnement. Il explique qu'une loi se doit d'être bornée, il rejoint en ce point Diderot qui affirme dans l'Encyclopédie que la puissance a « nécessairement des bornes », il en infère que les lois exprimées par ce pouvoir se doivent également d'avoir certaines limites. Cependant elles peuvent être légèrement modifiées pour maintenir le repos public, et ce au prix de « beaucoup de sacrifices ». Il se pose donc la question du respect de la morale. C'est un ensemble de principes de jugement, de règles de conduite qui s'imposent dans une société. En personnifiant cette morale, Constant insiste sur son importance dans les mœurs sociétales et qu'il suffit de ne pas la respecter pour être considéré coupable. Il prend ensuite l'exemple de lois de 1793, telle que la Loi des suspects qui réprime les libertés individuelles, que Constant cite par une métaphore, « les plus nobles parties de notre existence ». L'anaphore et le parallélisme de construction qu'il utilise montrent déjà quelles sortes de lois n'en sont pas. De plus, la gradation « non seulement […], mais » et l'utilisation de termes tels que « droit, justice, pitié » s'opposant au devoir, montrent que nous devons faire appel à notre libre arbitre, notre capacité à décider de nos choix, lorsque la loi s'oppose à notre « nature ». Constant désigne ainsi ce qui caractérise l'individu : ses principes, ses valeurs, ses passions..., autant de choses que doit respecter une loi.
Il utilise ensuite une citation d'un publiciste anglais, avec qui il fut en désaccord, pour expliciter le problème philosophique auquel répond son texte. Peut-on décider de ne pas obéir à une loi ? Sinon, que faire ? Dans quels cas vaut mieux-t-il y désobéir ? Le seul moyen, d'après cet Anglais, est de comparer objectivement les inconvénients qu'aboutiraient l'obéissance à une loi à ceux d'une opposition. Sans citer d'exemple concret, afin sans doute de ne pas s'attirer les foudres de la multitude (tout comme le montre le « peut-être »), le philosophe fait le constat que lors de périodes de troubles politiques (il a vécu lors de la Révolution et de la Terreur), la soumission irréfléchie à une loi a été à l'origine de beaucoup de maux. Le terme péjoratif « passions », désirs déraisonnables et aveugles, associé à l'adjectif « exécrables », est personnifié, ce qui accentue leur effet néfaste sur les hommes. En effet, la loi, représentative de pouvoir et synonyme d'autorité, donne l'impression de justifier n'importe quels actes et de les expier s'ils ne respectent pas la morale, établie auparavant. Or, comme le dit Constant, ce n'est qu'une « apparence ». S'ensuit un autre parallélisme de construction « Il est nécessaire […] quels droits » qui implique qu'il est essentiel de comprendre comment se traduit notre obéissance à une loi. Il faut pour cela indiquer les problèmes que comportent les lois qui n'en sont pas.
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