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A quoi tient notre finitude ?

Mémoire : A quoi tient notre finitude ?. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  12 Octobre 2013  •  2 245 Mots (9 Pages)  •  1 492 Vues

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A quoi tient notre finitude ?

Intro : De nombreux penseurs et philosophes, bien qu'ils soient en désaccord sur certains points à propos de la finitude et de ses implications, s'accordent cependant à reconnaître que la dimension et la signification de la vie, ainsi que la manière dont il conviendrait de la vivre le mieux possible, changent radicalement selon la façon dont on considère cette notion. Mais avant d’observer les conséquences attachées à notre finitude, demandons-nous quelles en sont les causes, en somme : A quoi tient notre finitude ? Le présupposé attaché à la problématique est que nous sommes des êtres finis. La finitude évoque une limite, les bornes de la vie entre la naissance et la mort mais aussi les limites de la connaissance et des performances par les sens et les facultés. Le fait que nous soyons « finis » sous-entend-il qu’on ne peut évoluer ? Qu’il n’y a pas « d’amélioration » possible ? L’expression commune « je suis fini ! », implique une fatalité certaine. La finitude est-elle donc un mal irrémédiable attaché à la condition humaine ? Nous allons nous pencher sur ce qui révèle tout d’abord notre finitude, c’est-à-dire la mort, l’infinité de Dieu ainsi que notre non-perfectibilité, avant de conclure sur les conséquences qu’elle implique dans notre existence.

1. La mort

A. En quoi la mort entraîne l’idée de finitude

La mort est perçue de différentes façons suivant les différentes cultures. Pendant l’Antiquité, elle était ramenée à une séparation de l’âme et du corps (explicité dans le Phédon, Platon) qui n’est en soi pas définitive puisque l’âme ; après un séjour plus ou moins long dans les Enfers, peut se réincarner. La vision orientale elle aussi voit la mort comme le point d’un cycle, pouvant ouvrir sur la réincarnation. En Occident au contraire, le christianisme a introduit l’idée d’une mort « définitive », puisqu’après le décès nous allons au paradis ou en enfer pour y rester éternellement. A présent la pensée occidentale se dirige vers l’idée de la mort en tant que fin totale de l’existence, il n’y a aucun après, seulement le vide. Cette vision moderne de la mort effraye, mettant l’homme face à un vide métaphysique qu’il ne peut prédire et entraînant notre constante attitude de fuite face à la mort, à l’opposé d’un memento mori vite oublié. La mort fait peur, rend l’idée de finitude désagréable. On peut certes avancer ou retarder sa mort, la provoquer par le suicide ou au contraire prolonger son existence par des soins, mais on ne peut pas plus choisir de mourir ou de ne pas mourir qu’on ne choisit de naître ou de ne pas naître. Et de même que personne n’a été contemporain de sa naissance, qu’il n’a pas décidée, sa mort est cet événement futur qui ne lui arrivera jamais, puisqu’il ne sera plus là pour y assister. Mortels, nous sommes conscients de notre « condition humaine » éphémère, et de fait du caractère définitif de la mort qui marque la fin de la vie. Sans l’idée de finitude, les notions de temporalité, de regrets, de mort n’auraient donc aucun sens. Les actes n’auraient qu’un impact éphémère et ne détermineraient en rien notre existence puisqu’il serait toujours possible de changer de direction, tout comme nous ne regretterions rien puisqu’il serait toujours possible de faire quelque chose plus tard. Quant à la mort, la finitude et elles se donnent sens mutuellement.

B. La finitude mortelle comme définition de l’être

Personne ne peut me prendre ma mort, personne ne peut mourir à ma place : personne, ici, ne peut venir en relève : c’est dans ce contexte de l’impossibilité de mon moi, ma finitude qui clarifie du même coup mes possibilités réelles, qui doivent être identifiées puisqu’elles ne sont pas infinies. La finitude serait-elle le propre de l’être ? Contre le cogito ergo sum de Descartes nous pouvons opposer le sum moribundus d’Heidegger. Sans finitude on ne pourrait définir l’être ! La mort est notre unique certitude, l’unique évènement auquel nous ne pouvons échapper, l’unique implication qu’entraîne notre naissance. L’être est par définition ce qui est destiné à disparaître un jour, c’est ainsi que nous pouvons dire que les animaux sont des êtres et non les minéraux. Cependant la finitude humaine est elle-même différente, faisant de l’homme un être à part. En effet nous sommes les seuls à ressentir de l’angoisse face à cette finitude puisque, contrairement aux autres êtres, notre esprit est en mesure d’imaginer l’infini, d’envisager ce que serait une existence non-bornée.

C. La mort est une composante de la vie

Selon Sartre, la mort = absurdité, accident, ne peut faire partie de ce qui nous définit. Idée effrayante d’incidence, peut arriver n’importe quand et par hasard. La mort n’est pas rationnelle, ni juste ou injuste, nous ne pouvons tenter d’y appliquer aucune science. Mais il y a différentes manières pour un homme de se rapporter à sa propre mortalité : il peut soit l'affronter dans l'angoisse et conquérir ainsi une liberté qui lui permet d’agir de manière responsable, soit la fuir en se laissant absorber par les tâches quotidiennes. Cependant si l’idée de mort peut nous rendre responsable, elle peut avoir l’effet inverse, entraînant l’idée que l’ « on a qu’une vie, je ne serai pas là demain, je ne verrai pas l’avenir » alors pourquoi chercherions-nous à améliorer l’existence ? Pourtant, malgré notre propre finitude nous tentons de nous intégrer à un fil infini de l’existence de l’Humanité, celui de l’Histoire. La mort ne rend donc pas la vie absurde, et la finitude ne rend pas notre existence insensée ou comme vouée à l’échec. Heidegger soutient que la finitude dans l’homme est « l’élément décisif qui rend possible la compréhension de l’être ». Il déclare dans L’être et le temps qu’« il n’y a d’être et il ne peut y en avoir que là où finitude s’est faite existence ». Car si le néant rend possible la compréhension d’être et ouvre ainsi l’accès à la manifestation de l’étant en totalité « c’est seulement là où il y a le péril de l’épouvante qu’il y a la béatitude de l’étonnement – ce vif ravissement qui est le souffle de tout philosophe ». La finitude n’est donc pas ce qui ronge notre existence et contre un épanouissement possible de l’homme, mais au contraire ce qui le rend possible.

2. L’infinité

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