Y A-t-il Un Bon Usage Du Doute ?
Dissertation : Y A-t-il Un Bon Usage Du Doute ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dissertation • 11 Novembre 2014 • 2 561 Mots (11 Pages) • 3 371 Vues
DISSERTATION DE PHILOSOPHIE :Y A-T-IL UN BON USAGE DU DOUTE?
Douter est le propre de l’homme. C’est la faculté de tenir pour faux tout ce en quoi il pourrait exister la moindre suspicion d’erreur. Le doute n’est absolument pas une négation. Si le doute suggère un usage, c’est qu’il est l’outil de quelque chose. On constate qu’il est à la fois l’outil de la pensée, le moyen d’affirmer toute relativité d’une chose mais, également, un outil de connaissance et tout d’abord de connaissance de Soi.
Or, comment en vient-on à douter ? Si l’on suppose qu’il existe donc un bon usage du doute, cela implique alors qu’il y ait un mauvais usage de celui-ci. On peut légitimement se demander si douter est toujours utile et pertinent.
Dans un premier temps, on verra que la pensée d’exprime par le doute, puis on s’attardera sur la légitimité de douter, et enfin dans une dernière partie on abordera le doute d’une toute autre approche, celle d’une méthode.
Vivant en société, nous sommes constamment brassés et plongés dans une sorte d’imbroglio d’opinions, de jugements subjectifs et spontanés auxquels nous ne cherchons pas de démonstration. Pour la plupart des hommes, la vérité est évidente.
D’ailleurs, nous avons tous déjà fait l’expérience d’opiner sur quelque sujet que ce soit en pensant dire vrai. On pense que nos opinions sont authentiques, mais comment le prouver ?
L’homme ordinaire se fige ainsi sur des points de vue limités pour différentes raisons, il est alors incapable de discerner le vrai du faux.
Les opinions en lesquelles nous avons croyance nous permettent de nous rassurer, de nous intégrer socialement : il est toujours plus simple et plus commode de ne pas se détacher de ce pense la majorité des personnes. C’est donc une certaine forme de confort (« croire est agréable », Alain) Toutes es opinions sont celles qui nous permettent d’établir dans la vie la communication.
Or nous faisons preuve de passivité intellectuelle en nous isolant dans ces jugements premiers.
On croit en nos opinions à cause de notre expérience sensorielle : on pense que voir c’est savoir.
Mais il s’avère qu’il ne faut pas confondre le caractère « vraisemblable » et « véridique ».
L’homme, convaincu de ce en quoi il croit fermement sans se poser de question, peut tout à coup être ébranlé dans ces croyances.
La rencontre avec l’altérité, et donc avec des opinions différentes et contradictoires aux nôtres en sont une première explication. Les hommes vont alors s’opposer, et chercher à trouver quelle est la vérité qui se prétend l’être et quelle est la véritable vérité. L’homme doute alors de ces certitudes et entreprend l’examen de ses opinions.
On prend conscience de la fragilité de nos certitudes, de leur incertitude. On peut se tromper ou être trahi ou déçu, notre confiance peut alors être abusée et on a le regret d’avoir cru. Alain explique ( dans ses Libres Propos) que c’est un doute forcé car un doute triste et de faiblesse : il devient alors subit.
On peut par exemple grandir avec une affirmation, puis on s’aperçoit qu’on nous a menti, on se sent trahi, on nous amène à gérer la vie avec le doute.
Le doute vient de la confrontation des regards et du gonflement des connaissances : plus l’on « sait » de choses, plus elles peuvent entrer en contradictions et en conflit.
Par exemple, même enfant, on tente de nous faire assimiler des idées qu’on doit accepter et admettre sans avoir eu la possibilité de vérifier leur exactitude.
Lorsqu’on s’interroge, sur des questions existentielles telles que « Qu’est-ce que la mort ? », on ne peut pas proposée une réponse définitivement fermée. Le doute s’installe, nous sommes dans l’incapacité de trouver une réponse au problème posé. Il y a donc un grand nombre de questions qui dérangent.
Il existe également des doutes quant à l’Histoire elle-même : en effet, la Bible propose plusieurs versions pour Jésus et son histoire. On peut tout autant douter de l’existence de Dieu : c’est l’agnostique.
Le doute commence lorsque les données de la vie quotidienne deviennent problématiques. Lorsque la vie devient question. Si on en reste « au raz des pâquerettes », la vie quotidienne installe notre existence dans la terne positivité de ce qui va de soi.
Dans cette approche-ci, les opinions ne sont donc pas passer par une critique d’où cette remise en question qui en découle. Aucune connaissance n’est valable.
Quand on doute, c’est bien qu’on se détache d’une opinion commune, que l’on s’étonne, et que l’on commence à penser par soi-même : on se détache du monde dit de la « Doxa ».
C’est cet arrachement et cette rupture à l’opinion commune, au « il y a », qui est à l’origine de la réflexion. Elle est difficile mais nécessaire. Quand le doute apparaît, c’est « l’Homme qui se fend en deux » (AMIEL, Journal Intime tome 1), il est totalement déstabilisé : ce sur quoi il fondait toutes ces croyances ne s’avèrent pas si inébranlable qu’il le pensait.
Pareillement à Alain dans ses Libre Propos, nous pouvons dire le doute est bien le sel de l’esprit. Un individu se construit donc en apprenant à douter, à se détacher. Il s’affirme en doutant, il n’est plus le mouton de Panurge qui suit la Doxa. On commence à douter par soi-même, donc on pense par nous-même.
On pense naturellement à l’allégorie de la caverne de Platon où l’apparence, l’illusion s’opposent à la réalité et à la vérité. Le monde visible n’est qu’une apparence recouvrant la vraie nature des choses et des êtres.
Le doute serait par conséquent de bon et mauvais usage : non seulement il nous amène à réfléchir sur l’exactitude de nos certitudes, il construit l’individu, mais lorsque nous le subissons, nous en touchons l’aspect négatif.
Tout cela supposerait donc que l’on soit constamment exposés à l’erreur, étant donné que toute opinion à laquelle nous croyons peut s’avérer fausse, à cause de nos sens, de nos erreurs de jugement ou de raisonnement... Notre connaissance ne repose que sur l’expérience sensible.
Une telle approche de la connaissance, conduit inévitablement à doute radical et volontaire : au scepticisme quand à la vérité. Quitte à subir le doute, il vaut mieux douter par soi-même de tout.
Kant
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