Serge Tisseron, Rêver, Fantasmer, Virtualiser. Du Virtuel Psychique Au Virtuel Numérique
Mémoire : Serge Tisseron, Rêver, Fantasmer, Virtualiser. Du Virtuel Psychique Au Virtuel Numérique. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar yassdz • 3 Novembre 2014 • 637 Mots (3 Pages) • 880 Vues
Serge Tisseron est pédopsychiatre, ses travaux de recherche prolongent la pratique de son prédécesseur anglais Donald W. Winnicott. D’ailleurs, le titre de son livre est une référence explicite au chapitre II du célèbre ouvrage Jeu et réalité (Donald W. Winnicott, Paris, Gallimard, 2002, p. 65) intitulé « Rêver, fantasmer, vivre ». Serge Tisseron propose une analyse de l’évolution du psychisme chez l’enfant centrée sur la place qu’y occupe le virtuel, et ce afin de mieux comprendre ce qu’induit la manipulation de l’internet. L’outil numérique favorise-t-il le rapport à l’autre ou, au contraire, produit-il de l’isolement social ? Après avoir établi que le virtuel est partie intégrante de notre vie psychique, le pédopsychiatre propose des pistes pour l’utilisation de cet outil à l’école et nous fait partager son expérience de la thérapie par l’avatar.
2Avant d’en arriver à l’analyse de notre relation au virtuel numérique, Serge Tisseron propose de détailler les relations entre l’image mentale et l’image réelle de l’objet aimé. La lecture de cette première partie s’avère ardue car centrée sur des concepts psychiatriques et psychanalytiques, mais elle est une étape indispensable à la compréhension de la distinction entre mondes virtuel et numérique. Il faut distinguer la rêvasserie, la rêverie et l’imagination qui sont trois réponses distinctes à une même situation. La rêvasserie a été analysée par Winnicott dans Jeu et réalité (ibid., p. 69), elle prend du temps et de l’énergie mais ne participe pas à la vie réelle du sujet. Elle a les caractéristiques du jeu vidéo pathologique. À l’inverse, la rêverie participe activement à l’édification des constructions mentales du sujet (p. 16). Enfin, l’imagination est une orientation volontaire de l’esprit, elle vise à résoudre un problème ou anticiper un événement soit redouté, soit désiré ; elle est un projet qui peut s’actualiser (ibid.). Serge Tisseron fait fonctionner la distinction entre ces trois notions dans une analyse passionnante de longs métrages tels Inception (Christopher Nolan, 2010) ou Shutter Island (Martin Scorsese, 2010). Le pédopsychiatre revient ensuite sur la définition que donne Aristote du virtuel. Selon celui-ci, le virtuel ne s’oppose pas au réel mais à l’actuel, le virtuel étant ce qui est là en puissance, potentiellement (p. 35). Par opposition, Serge Tisseron définit le réel comme ce qui persiste et résiste. L’actuel est, pour sa part, localisé, synchronisé et particularisé, l’intime et le public y sont nettement séparés (p. 4). Pour plus de précision, le chercheur distingue également le potentiel du virtuel (p. 36). Le potentiel demande un temps de maturation assez long, tandis que le virtuel peut, parfois, autoriser une réalisation très rapide, même si le processus de maturation est inachevé (ibid.). Serge Tisseron énumère cinq repères relatifs à cette relation au virtuel (p. 66) : 1. d’abord, notre relation au monde est toujours tendue vers la perception des objets présents (réel) et leur représentation (virtuel) permet d’anticiper nos actions ; 2. les objets virtuels peuvent être visés en l’absence des objets réels mais ces derniers ne sont pas désinvestis pour autant ; 3. quand le pôle virtuel devient trop envahissant, le sujet est frustré dans sa relation à l’objet réel ; 4. la vie
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