Sauver L'obscur
Compte Rendu : Sauver L'obscur. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Marshall • 20 Février 2014 • 2 599 Mots (11 Pages) • 752 Vues
Dissertation de philosophie
Boué TS7 Romain
Sujet : « Sauver l’obscur »
« Tout a des révolutions réglées et l’obscurité se terminera par un nouveau siècle de lumière » écrivait D’Alembert dans son Discours préliminaire à l’Encyclopédie. Comme lui beaucoup de personnes pensent que la lumière prend le pas sur l’obscurité, que le clair doit chasser l’obscur afin qu’il disparaisse du monde. Mais l’obscur est-il vraiment à bannir de notre monde ? N’avons-nous pas chacun de nous une part d’obscur ? C’est alors qu’on peut penser que rejeter l’idée d’obscur du monde serait de nous retirer une partie de notre être et c’est ici que nous rejoignons les paroles d’Alain Finkielkraut selon lesquelles il faut « sauver l’obscur ». Pourtant l’obscur n’est-il pas définit en fonction du clair et n’enlèverions nous pas la complémentarité qu’ils forment en luttant contre l’obscur ? Interrogeons-nous d’abord sur le fait que le clair soit aussi privilégié par rapport à l’obscur. Mais qu’est-ce au juste que l’obscur ? C’est ce qui est du domaine de l’inintelligible, le confus, le difficile à saisir mais aussi l’erreur, l’illusion, l’aliénation, le non-philosophe, le non-savant, l’ignorance. Mais alors « sauver l’obscur » reviendrait à se poser la question : faut-il privilégier le clair à l’obscur ? Et même doit-on laisser une place à l’obscur ? Ce sont les deux grandes interrogations que nous choisirons de traiter.
Depuis les premiers philosophes, le monde s’est conditionné autour du clair, c'est-à- dire du côté de la lumière, du soleil, de l’intelligible, de la libération, de la vérité,… Cela signifierait que l’obscur viendrait s’opposer à la vérité, il représenterait une menace pour celle-ci. La vérité est la concordance entre le réel et la pensée, l'erreur, dit Platon, est une ignorance double, c'est-à-dire une ignorance qui ne se sait pas ignorante, une ignorance doublée d'une illusion. Alessandro Baricco , lui, prétend que « l’obscurité suspend tout. Il ,’ya rien dans l’obscurité qui puisse devenir vrai. » « La hâte engendre en tout l'erreur, et de l'erreur sort bien souvent le désastre. » déclarait Hérodote, historien grec. L’erreur engendrerait donc des « désastres » c'est-à-dire un mal pour l’homme, pour l’humanité. Il est donc préférable pour nous d’éviter cette obscurité qu’est l’erreur. Le mythe de la caverne où Platon met en scène Socrate et Glaucon, est une bonne représentation de l’erreur et même de l’illusion. Le monde de la caverne métaphore de ces derniers opposés au soleil, le monde de l’intelligible et de la vérité, l’homme ne peut de fier à ses impressions sensibles et premières, c’est l’éducation de l’esprit qui lui permettra d’atteindre la vérité et de se débarrasser de l’obscur. L’homme libéré représente le philosophe ,ou bien la part philosophique en tout homme, un philosophe qui aime la vérité plus que tous les autres amours.
Cela nous amène donc à nous intéresser au phénomène de la religion. La religion au départ a été une forme inventée par l’homme afin de répondre aux questions sans réponses, une forme non rationnelle pour se satisfaire, forme qui impose la présence d’un Dieu, un être transcendant qui aurait réponse a tout. De la religion il en ressortirait une croyance dévouée c'est-à-dire une adhésion non rationnelle qui donnerait comme explication l’exploit d’une divinité. L’homme a donc essayé d’expliquer son ignorance par une idée irrationnelle qui lui permettait de se sortir de l’erreur et de l’obscurité. Mais pendant un moment, la religion a été associée à l’obscurantisme. Ce dernier est un dérivé du latin « obscurus », c’est à dire obscur, ténébreux. L'obscurantisme désigne une attitude, une opinion ou une doctrine opposée à la diffusion des connaissances et au progrès
de la science et de la raison. Ce sont les Lumières de la raison qui au XVIIIème siècle menaient un combat acharné pour permettre l’instruction de la population et éradiquer cet obscurantisme notamment grâce à l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert regroupant les textes de grands philosophes. Ainsi des philosophes comme Voltaire ou Diderot par exemple, ont contribué à dévaloriser la religion en dénonçant les excès irrationnels, comme le fanatisme, la superstition, le dogmatisme hostile à la liberté de pensée, l’hypocrisie morale… Arthur Schopenhauer, lui, généralise et même confond obscurantisme et religion : « Les religions sont comme les vers luisants: pour briller, il leur faut de l'obscurité. » Cela voudrait dire que la vérité doit être inexistante pour qu’une religion s’affirme. C'est-à-dire se mettre dans l’erreur pour mieux mettre en avant la religion. Mais la religion induit l’idée de Dieu et cette idée et bien contestable. Il y a contradiction rationnelle insurmontable à affirmer que Dieu est cause du monde. En effet, si Dieu est Cause du monde, il faut que lui-même ait été causé, donc on peut remonter la série causale jusqu’à l’infini ou alors l’hypothèse selon laquelle Dieu se serait auto-créé sont toutes deux incompréhensibles car « ex nihilo nihil » autrement dit, à partir de rien il n’y a rien. Sans oublier le fait qu’il n’y a aucunes preuves tangibles de cette existence. La métaphysique est la partie de la philosophie ou de la réflexion générale qui cherche à connaître le fondement absolu de toutes choses. Le terme métaphysique vient de la langue grecque et signifie étymologiquement « au-delà de la nature ». Emmanuel Kant dans Critique de la raison pure pense que « la métaphysique est une science imaginaire » et donc que la métaphysique et la religion au sens large ne souscrit plus à nos critères de vérité et devient ainsi une illusion, un élément de l’obscur. Selon Martin Heidegger la métaphysique n’est plus vraie parce qu’elle ne correspond à rien de réel et de prouvable, Dieu est un non- objet pour la science. Et la montée du rationalisme scientifique du XVIIe au XXe s’est accompagnée de la critique systématique de la religion comme les deux philosophes Dostoïevski et Nietzsche qui ont prononcé : « Dieu est mort ».Karl Marx a vu dans la religion une illusion destinée à supporter la misère économique. De même Sigmund Freud a psychanalysé le phénomène religieux et y a vu, lui aussi, une illusion destinée à supporter la misère psychologique. Métaphysique et religion ne seraient que des illusions, des erreurs contre lesquelles il faudrait lutter.
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