Qu’est-ce que faire preuve de courage politique
Étude de cas : Qu’est-ce que faire preuve de courage politique. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar abraso • 10 Février 2015 • Étude de cas • 5 610 Mots (23 Pages) • 1 050 Vues
"Sujet : Qu’est-ce que faire preuve de courage politique ?
Dans La République, Platon compare l’Etat à un navire. Toutes sortes d’individus
tentent de s’emparer du gouvernail et, une fois qu’ils le possèdent, ces hommes fêtent leur
victoire en buvant avec leurs complices, laissant ainsi le bateau dériver vers des récifs et
des roches. Le courage politique dans ce cas, est de prendre le gouvernail à ces criminels et
de tenter, face aux événements, de garder la route que l’on s’est fixé seul -dans une
autocratie- ou collectivement -dans une démocratie-. Faire preuve de courage politique,
c’est donc s’affirmer dans l’action, face au hasard et accepter de prendre des risques de
tous genres, le tout pour mener l’Etat et plus encore la société à bon port.
Cependant, plus généralement, qu’est-ce que faire preuve de courage politique ?
Est-ce être un héros, ce qui tendrait à réserver le courage politique à quelques surhommes
isolés ou bien est-ce être un homme qui développe tout simplement ses capacités et
actualise son essence ?
Le héros en politique semble au premier abord être celui qui fait preuve de courage
politique. Cependant, les risques que comporte cette définition amènent à redéfinir le
courage politique véritable.
Le héros réussit à imposer ses choix, ses idées ou celles de son clan, face aux
événements et face aux autres. Il semble donc dans la politique-domaine, c'est-à-dire la
politique des hommes politiques et non celle des principes, être celui qui fait preuve d’un
réel courage politique. Ce héros prend ainsi des risques, fait face aux troubles et affirme sa
croyance en des idées.
Le héros cornélien prend des risques véritables. Don Rodrigue doit choisir entre son
honneur et son amour. C’est le dilemme cornélien, que Le Cid met particulièrement en
avant.
Choisir Chimène, c’est renoncer à l’honneur familial, sali par un soufflet. Mais choisir son
honneur, c’est dire non à l’appel de son coeur. De même, le héros politique prend des
risques pour lui ainsi que pour les siens. L’empereur Napoléon Ier est parmi ses hommes au
pont d’Arcole. Il est parmi ses hommes encore lorsque ceux-ci sont malades, lors de la
campagne d’Egypte. Ce héros meurt seul, à Sainte-Hélène, en plein Atlantique. Le risque
était donc grand, mais le héros a su être là quand la France, en pleine Révolution, est
envahie de toutes parts par les monarchies inquiètes. Le héros prend donc des risques,
paye le prix de ses actes mais reconstruit son pays de l’intérieur, grâce au code civil et de
l’extérieur, en sauvant les frontières. Pour Goethe, Napoléon, c’est la « révolution
couronnée ». Le héros politique est donc capable d’imposer ses idéaux –l’égalité civile- au
prix de sa vie. C’est la raison pour laquelle Hegel estime dans La raison dans l’histoire que
ce sont les héros qui font avancer l’histoire vers sa fin, utilisés en cela par l’Esprit. Ainsi, le
héros serait l’élu qui va réaliser la nécessaire avancée vers la fin de l’histoire et l’égalité
civile des hommes. Le héros est donc courageux et réussit à imposer son idée du mieux vivre
ensemble, c'est-à-dire son idée politique. En outre, ce héros qui est un surhomme
réussit à faire face aux troubles. Face à la tyrannie d’un Cromwell, il faut un héros capable
de mettre en place le « Léviathan » qu’appelle de ses vœux Thomas Hobbes dans le
Léviathan. « N’importe quel ordre vaut mieux que le désordre » est en somme le contenu de
l’ouvrage. Le surhomme doit donc être capable de se mettre au-dessus des troubles et
d’affirmer un ordre. Le courage politique dont il doit faire preuve s’affirme donc dans les
événements. C’est dans la contingence de la vie en société que se développe ce courage du
héros. Nicolas Machiavel exprime en outre dans Le Prince l’importance de la ruse et de la
force dont doit faire preuve le héros en politique. Le courage se fonde donc également sur
cette dimension particulière de l’homme qui est son rapport à l’autre. Le héros n’est
courageux que face à l’autre, à celui qui exprime des idées contraires aux siennes. Le héros
courageux prend donc des risques et s’affirme dans l’action comme le seul recours possible.
Mais ce courage serait vide et n’aurait de sens s’il ne servait pas à affirmer des
idées, une vision du monde (Weltanschauung en allemand) et une conception du mieux vivre
ensemble. Le surhomme cherche à imposer ce en quoi il croit, c’est ce qui fonde son
action et par là même signe son courage politique. A l’origine de ce courage, il y a donc une
croyance en des idéaux. Lorsque
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