Qu'est-ce que la philosophie ?
Commentaire d'oeuvre : Qu'est-ce que la philosophie ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar LolitaLempicka • 13 Octobre 2014 • Commentaire d'oeuvre • 2 740 Mots (11 Pages) • 865 Vues
QU’EST-CE QUE LA PHILOSOPHIE ?
N’est-il pas étrange que les philosophes puissent se poser cette question ? S’ils
ne savent ce qu’est la philosophie, comment peuvent-ils la pratiquer et aborder
cette question elle-même en philosophes ? Et pourtant, c’est là une question aussi
disputée en philosophie que toutes les autres qu’elle aborde. Dans cette question
apparaît particulièrement le caractère non achevé de la philosophie, prise dans sa
réalité concrète, comme tradition philosophique où se poursuit le débat même sur
ce qu’est cette activité qui se déploie dans ce débat lui-même. Se poser cette
question, c’est donc se placer aussitôt du côté dynamique de la pratique
philosophique, et s’opposer donc aux attitudes qui tentent de la ressaisir comme
un objet relativement passif par rapport au savoir qui s’y rapporte, et qui devrait
être à son tour très passif, puisqu’il se confond dans ce cas avec son objet, qui est
toujours la philosophie.
Cette question paradoxale de savoir ce qu’est la philosophie reste donc ouverte
dans la pratique à laquelle nous invitons ici, en la reprenant de diverses manières,
en la relançant constamment, sans pourtant y apporter de solution, quoique non
sans nous lancer à la recherche de solutions possibles et réelles. En effet, les textes
rassemblés ici sont des invitations tout à fait concrètes à cette recherche
philosophique de la philosophie sous diverses formes, qui ont servi à introduire
une série de séminaires de 2e et 3e cycles à l’Université Laval durant les années
1990. Outre le dynamisme inépuisable de la philosophie — parce qu’elle ne peut
se refermer sur elle-même pour s’arrêter tant que la question de sa propre nature
continue à se poser en elle —, c’est un autre principe que ces séminaires devaient
aussi mettre en oeuvre, celui de la recherche en commun, qu’on juge souvent peu
compatible avec la philosophie de nos jours, et d’autant moins qu’on organise la
recherche en équipes qui transforment ceux qui veulent se vouer à la recherche
philosophique en spécialistes dans une quelconque oeuvre scientifique, non
philosophique, commune. Mais il importe seulement de rappeler que le
mouvement de la recherche inauguré chaque fois dans les introductions qui vont
suivre correspond à une réalité, c’est-à-dire que ces introductions ont été conçues
et restent conçues comme de réelles introductions. Quels ont été les
développements et les éventuels résultats des séminaires qui ont suivi, cela reste
l’affaire de ceux qui y ont participé et n’a pas son lieu ici, où il s’agit seulement
Qu’est-ce que la philosophie ?
de conserver l’invitation ouverte en dehors des occasions historiques précises où
elle a été faite d’abord. C’est la raison pour laquelle il ne s’agira ici que de poser
des problèmes, et même que de reposer toujours la même question sous divers
jours. Il va de soi que la collection de ces introductions ne saurait prétendre être
complète, ce qui serait contradictoire. Et cette ouverture n’est pas à comprendre
seulement dans le sens que bien d’autres manières d’aborder la question de la
nature de la philosophie sont possibles, mais aussi dans le sens que chacune de
celles que nous présentons pourrait prendre également bien d’autres formes.
J’ai gardé la répartition des séminaires sous les trois titres principaux que je
leur avais attribués : l’interprétation des philosophies, les limites de la raison et les
discours de la philosophie. Dans les trois cas, il s’agit de définir la philosophie en
l’envisageant dans son existence concrète, en tant qu’oeuvre discursive, en tant
qu’oeuvre rationnelle, et en tant qu’oeuvre de réflexion sur les oeuvres
philosophiques concrètes de l’histoire. J’entends oeuvre ici dans le double sens de
l’activité et de ses produits. La philosophie est considérée donc dans les textes
qu’elle produit et où elle se manifeste, comme dans l’activité discursive dont
résultent ces textes et qu’ils relancent. Elle est vue dans les constructions
rationnelles que la philosophie laisse dans notre culture, mais également dans
l’activité de la raison par laquelle la raison se constitue elle-même, s’il est vrai
que, comme pour la philosophie, il y a une question qui ne cesse de se poser à la
raison à propos de sa nature et de ses propres limites. Enfin, se rapportant
nécessairement à ses propres oeuvres dans cette réflexion, la philosophie ne peut
manquer de devenir oeuvre d’interprétation d’elle-même dans son rapport à ses
oeuvres, oeuvre d’invention aussi de ce rapport, puisqu’il n’est pas non plus donné
d’avance et continue à faire question.
N’est-ce
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