Qu'est-ce Qu'une Société Juste ?
Note de Recherches : Qu'est-ce Qu'une Société Juste ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar hardrockhero • 16 Février 2014 • 1 816 Mots (8 Pages) • 2 347 Vues
Lors de chaque élection présidentielle, la mode est au slogan. Pour une société juste, il en est un qui tient fort bien depuis plus de deux siècles. Liberté, Égalité, Fraternité : beau programme en vérité ; comment ne pas croire que cette aspiration des Lumières qui a conduit la République Française depuis la révolution jusqu'à aujourd'hui, ne porte en germe la société la plus juste. Juste en quoi, au fait ? Même si la tendance actuelle est au soulignement du sens pénal de ce mot, les citoyens que nous prétendons être ne peuvent ignorer le lien avec le vrai et le bon : nous cherchons à faire ce qui est juste, non pas en rendant justice, quand bien même nos actes peuvent prendre ce caractère tranchant. Le plus important reste le fait de savoir réfléchir et par ce biais, savoir construire notre liberté.
Dès lors, nous pouvons nous demander ce que serait une société juste.
De cette question découlent directement d’autres questions plus précises comme « Est-ce qu’une société libérale peut être juste ? », « Est-il possible pour les individus de s’intégrer dans une société juste ? » et « Quel est le rôle de la justice sociale ? ».
Tout d’abord, nous étudierons la société libérale, puis nous nous attarderons sur les individus, et enfin, nous analyserons le rôle de la justice sociale.
Pour répondre adéquatement au sujet, il nous semble nécessaire d'éviter deux écueils.
Le premier consisterait à entendre le " qu'est-ce que " au sens d'une recherche de la définition idéale et pleine de " La société juste ", une société juste dans l'absolu : autrement dit une société en dehors de l'Histoire, littéralement sans histoire, à la fois une utopie et une uchronie. Il faut donc entendre la question au sens: qu'est-ce qu'une société juste possible ? Ce qui suppose de considérer la société comme une réalité en devenir, s'altérant, et la société juste comme projet dépendant de la situation sociale.
Le deuxième écueil serait d'entendre le mot " juste " au sens moral. Cela signifierait qu'une société juste est une société où chacun de ses membres est un homme juste, accomplissant son devoir moral. Ceci signifierait premièrement que ladite morale ne se discute pas mais est posée dans l'éternité; deuxièmement que la société exclut de fait d'autres valeurs. Cela impliquerait enfin l'impossibilité de l'initiative individuelle, puisque dans une société fondée sur le devoir, tout ce qui n'est pas obligatoire est nécessairement interdit.
Par conséquent notre sujet doit à notre sens éviter le champ de la métaphysique et de la morale. La question qui nous est posée semble devoir plutôt être traitée dans le strict domaine de la politique, du droit et de la justice sociale, et singulièrement de l'articulation difficile des deux derniers domaines.
Une société juste ainsi semble en premier lieu être celle dont les lois protègent les libertés des individus ; non pas que nous considérions comme strictement universelles et définitives les déclarations des droits de l'homme; mais au sens où les doutes et remises en question du droit s’établissant parmi les hommes et de sa pratique ont progressivement permis au cours de l'histoire d'établir des droits fondamentaux de l'individu et qu'à ceux-ci peuvent s'ajouter d'autres droits individuels au fur et à mesure du progrès de nos sociétés et des réalités auxquelles elles doivent faire face.
Une société juste serait alors celle où le pouvoir politique est fondé sur ces droits individuels, c'est-à-dire désigné selon un processus démocratique dont nous connaissons tous les critères et dont l'action est limitée par les droits des individus.
Nous posons donc qu'une société juste est une société civile indépendante du pouvoir instable qui la sert, dans laquelle les individus se voient reconnaître des droits préservant leur liberté et leur pérennité ; en d'autres termes une société libérale.
La difficulté de cette conception est que dans les faits elle ne permet pas de résoudre un certain nombre de problèmes.
Le premier est qu'il est difficile d'imaginer comment une société libérale ainsi construite soit encore une société, c'est-à-dire une collectivité bâtie sur des liens d'interdépendance, de solidarité et d'identité commune. En effet, c'est une évidence, le développement du droit des individus renforce l'individualisme, atomise les personnes, détruit progressivement l'édifice social.
A cette objection l'argument libéral consiste à considérer les liens entre les individus sur le modèle de l'échange et la forme du contrat, selon le consentement réciproque de libertés. En effet, la division du travail et des taches crée de fait des liens d'interdépendance à travers des relations contractuelles. Sur ce modèle peuvent s'établir d'autres contrats civils comme le contrat de mariage. Une société libérale n'est donc pas une société sans rapport sociaux ; au contraire, elle les suscite.
Cependant l'argument contractualiste semble insuffisant ; la condition d'un échange est que chacun juge que ce qu'il donne a moins de valeur que ce qu'il reçoit ; en ce sens, l'intérêt individuel amène à vouloir donner le moins possible et recevoir le plus possible. La relation d'échange, quand bien même elle crée une relation d'interdépendance, est donc toujours une relation conflictuelle, puisqu'on veut y voir primer son intérêt sur celui avec lequel on consent l'échange. Une société libérale porte en elle nécessairement une certaine violence.
De plus, la théorie libérale du consentement présuppose au minimum deux libertés égales ; or la liberté n'est pas un absolu dont chacun jouirait à égalité. La théorie seule peut imaginer une relation contractuelle réellement symétrique : les rapports humains sont des rapports de puissance, d'influence, de dépendance dans lesquels l'exercice de nos libertés peut être relatif ou altéré ; par
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