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Pourquoi Vouloir Se Connaître ?

Note de Recherches : Pourquoi Vouloir Se Connaître ?. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  3 Janvier 2014  •  1 894 Mots (8 Pages)  •  1 248 Vues

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Introduction

Personne ne semble mieux placé que soi-même pour se connaître, pourtant par des expériences, le regard d'autrui ou le récit de ses origines, on cherche toujours à saisir une partie de soi qui pourrait échapper. Dans le film Baisers volés de Truffaut, le patron d'un magasin va jusqu'à embaucher un détective pour savoir ce que son personnel et sa famille pensent de lui.

Mais peut-on établir un savoir sur quelqu'un ? L'être humain, soumis au devenir, n'est-il pas en perpétuel changement ? Pourquoi vouloir alors se connaître ? Est-ce une tentative vaine ou est-il possible de saisir sa personne dans son unité, c'est-à-dire ce qui fonde son identité ?

Une connaissance doit répondre à des exigences d'objectivité, c'est-à-dire de nécessité et d'universalité. Or le propre d'un sujet n'est-il pas d'échapper par sa liberté à toute objectivation ? Et si la connaissance de soi est possible, même partiellement, vouloir se connaître n'est-ce pas se condamner à faire l'épreuve de sa misère et de sa faiblesse ? Veut-on vraiment toujours se connaître ?

Il s'agit de comprendre d'abord en quoi la connaissance de soi est constitutive du sujet. Nous verrons que cette entreprise se heurte à l'impossibilité du sujet à se laisser objectiver. Il faudra alors redéfinir l'entreprise non pas de connaissance mais d'interprétation infinie du sujet qui est à la base de son évolution.

1. La connaissance de soi est constitutive du sujet

A. L'idéal socratique du « Connais-toi toi-même »

L'inauguration de la philosophie par Socrate est marquée par une rupture avec l'explication mythologique du réel et par une volonté de comprendre le monde rationnellement. Or, pour chercher à connaître quelque chose, il faut d'abord avoir conscience de son ignorance, donc savoir quelque chose de soi. Ainsi Socrate aurait fait sa maxime de l'injonction située sur le fronton du temple de Delphes : « Connais-toi toi-même ».

Cette maxime désigne en réalité la mise en demeure de rester à sa place par rapport aux dieux grecs. Il s'agissait pour les hommes de ne pas vouloir dépasser leurs limites d'humains. La connaissance de soi ici est donc une condition de la sagesse. Or, la sagesse désigne à la fois une connaissance, un savoir théorique - dans le sens où l'âme de l'homme se serait tournée vers des réalités intelligibles pour accéder à la vérité des essences -, et à la fois une pratique juste et morale qui s'appuie sur cette connaissance même de ce qu'est le Bien.

Ainsi, la connaissance de soi serait la connaissance de sa condition humaine. L'homme est un être dont l'âme peut se perdre dans un corps, mais qui peut aussi retrouver sa vraie nature, lorsqu'elle se concentre sur elle-même, dans la mesure où l'essence même de l'âme est l'intelligible. Pour Socrate, l'homme doit prendre soin de son âme, pour connaître l'Idée du Bien et donc de la Justice. À la connaissance théorique de soi est subordonnée la sagesse théorique et pratique.

B. La connaissance de soi à travers l'engagement dans le monde

Pourtant il ne suffit pas de se tourner sur sa propre âme pour se connaître. Savoir que l'on est d'abord une substance pensante, tel que le découvre Descartes au terme de ses Méditations métaphysiques, renseigne sur ce « que » l'on est, mais non pas encore sur « qui » l'on est. Le moi empirique semble constitué par son histoire, son inscription dans le temps et donc sa manière d'exister, son rapport au monde.

En ce sens il y a, dit Hegel dans Esthétique, deux manières de prendre conscience de soi. La première, théorique, consiste à faire son introspection, l'analyse solitaire de ses états d'âmes. La seconde manière est pratique. Elle semble moins artificielle car elle tient compte d'une donnée importante : l'homme est nécessairement engagé dans le monde et toute conscience de soi passe nécessairement par son mode d'être inscrit dans la réalité. L'homme éprouve dès l'enfance le besoin de transformer le monde, pour y laisser une marque qu'il peut contempler et qui lui permet de prendre ainsi conscience de lui-même. L'homme ne veut pas rester tel que la nature l'a fait et ce besoin de s'éprouver à travers son œuvre trouve sa réalisation la plus aboutie dans le travail artistique.

Ainsi, la connaissance de soi est d'abord constitutive de l'identité humaine, dans la mesure où l'homme se distingue des dieux mais aussi des animaux, car en tant qu'être de culture, il peut transformer le monde par la conscience qu'il a de lui-même. Celle-ci est donc constitutive du sujet en tant que pouvoir de déterminer (sujet de la connaissance) et pouvoir de s'autodéterminer (sujet de l'action ou sujet moral). Comment ­comprendre alors qu'il y ait des travaux aliénants, qui nous font demeurer étrangers à nous-mêmes au lieu de nous permettre de mieux nous connaître ?

2. Cependant le sujet ne se laisse pas objectiver comme n'importe quel objet de connaissance

A. Le moi est insaisissable

Il convient de distinguer la conscience de soi de la connaissance de soi. Savoir « que » l'on est, ne signifie pas encore que l'on sait « ce que » l'on est. Se connaître, c'est connaître son identité. Celle-ci désigne ce qui marque le caractère unique et distinct des autres êtres, mais aussi ce qui reste identique en l'homme malgré les changements du temps, ou encore ce qui fait l'unité des caractéristiques de l'homme malgré ses contradictions.

Or, pour ces raisons, le moi est insaisissable selon Pascal. Il argumente sa thèse dans les Pensées en prenant l'exemple de l'expérience amoureuse. En effet, si l'on aime quelqu'un c'est uniquement pour ses qualités, physiques ou morales, car le jour où ses qualités disparaissent, l'amour s'étiole également. L'autre n'est jamais saisi dans sa totalité mais seulement à travers certaines de ses caractéristiques. Il n'y aurait pas d'identité fixe saisissable par une conscience. Mais

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