Peut-on reconnaître à l'homme une place particulière dans la nature ?
Dissertation : Peut-on reconnaître à l'homme une place particulière dans la nature ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar bassinho • 15 Février 2012 • Dissertation • 1 745 Mots (7 Pages) • 2 533 Vues
A l'extrême fin du vingtième siècle, époque où les progrès technologiques et scientifiques sont plus que jamais admirables et rapides, l'homme en est arrivé à un point critique de sa propre perception de lui-même. En effet, à l'heure où l'homme est - terrifiante nouveauté ! - en mesure de s'auto modifier grâce au génie génétique, il peut légitimement se poser des questions sur sa place dans la nature qu'il est désormais capable d'altérer.
Nous pouvons dès lors nous demander si l'on peut reconnaître à l'homme une place particulière dans la nature.
L'examen de cette question nous conduira à nous interroger sur la validité de l'hypothèse qu'elle donne à examiner. Pour mener à bien cette étude, nous nous demanderons en premier lieu en quoi l'homme serait partie intégrante de la nature et par quoi il lui serait fondamentalement lié (ou, encore, en quoi il n'aurait pas du tout de place dans la nature !), avant d'examiner les raisons qui pourraient faire penser qu'il est juste de lui attribuer une place particulière dans la nature.
La question "peut-on reconnaître à l'homme une place particulière dans la nature" a pour objet la place de l'homme dans la nature, et pose ainsi le problème de savoir s'il est fondé et conforme à la réalité de dire que l'homme y occupe une place particulière.
Il importe donc de savoir s'il est judicieux d'affirmer que l'homme, bien qu'appartenant à la nature, y serait un être d'un type absolument unique, qui aurait une spécificité ontologique claire. Nous considérerons, dans notre réflexion, la nature comme l'ensemble des êtres soumis à des lois générales.
Dans la façon dont la question est posée, on semble tenir pour admis que certains ont reconnu à l'homme non seulement une place dans la nature, mais une place particulière, et semble admettre également qu'il existe des critères permettant d'établir une hiérarchie entre les différents éléments de la nature, ou du moins de les situer les uns par rapport aux autres.
De la réponse à la question de savoir si l'on peut reconnaître à l'homme une place particulière dans la nature, dépend la lucidité de la vision qu'aura l'homme de lui-même et de la nature dans le présent et à l'avenir, et donc son comportement.
Pour savoir si l'on peut reconnaître à l'homme une place particulière dans la nature, nous allons examiner les raisons qui pourraient nous conduire à ne pas reconnaître à l'homme une place particulière dans la nature, avant de voir celles qui nous inciteraient davantage à lui reconnaître une place singulière.
Il est évident que l'homme partage avec d'autres êtres de la création certaines caractéristiques communes, essentiellement biologiques : le besoin de se nourrir, de respirer, l'inéluctabilité de la mort et de nombreux autres traits permettent de rattacher l'homme, ou tout du moins le corps humain à la nature, et à ces "animaux-machines" de Descartes, au fonctionnement automatisé similaire.
Forts de ces constatations, certains penseurs, dont Darwin au siècle dernier, ont affirmé si l'humanité était une espèce unique en son genre, elle n'en était pas moins une espèce s'inscrivant dans la continuité des autres. Déjà, dans les sociétés traditionnelles, l'observation des similitudes de l'homme et de l'animal, ainsi que certaines croyances religieuses, contribuaient à donner de l'homme une image de figurant, subissant, tout comme les autres animaux, les colères de la mère-nature. Ainsi, chez les grecs, qui ne concevaient pas la liberté individuelle de l'homme, mais croyaient au contraire être soumis à l'ordre naturel et immuable des choses, il fallait accueillir la nature telle qu'elle s'offrait à nous, et vivre conformément à elle, qui était, selon l'expression d'Aristote, "source de vie et principe de mouvement". Cette vision était partagée à la fois par les stoïciens et les épicuriens. Ce regard admiratif devant les merveilles de la nature se retrouvera encore à l'époque moderne, en plein siècle des Lumières, chez Rousseau, pour qui la nature est une mère bienveillante auprès de qui il faut aller se ressourcer.
Dans cette optique, il convient donc de "s'intégrer" à la nature et donc, en aucun cas, d'y occuper une place particulière, l'homme étant l'égal des autres animaux, ni plus ni moins, et étant soumis aux mêmes règles qu'eux. Mais cette volonté de se ressourcer au sein de la nature, loin des turpitudes de la société humaine, ne dénote-t-elle pas implicitement un éloignement de l'homme par rapport à la nature, une mise au ban de celle-ci ? Cela insinuerait donc que l'homme n'occupe pas la place qu'il devrait occuper...
On peut également émettre l'hypothèse selon laquelle l'homme n'occupe pas de place particulière dans la nature car il n'y a pas de place du tout ! Si l'on voit le spécifique de "homme" dans l'esprit humain, dans son âme, en la séparant, comme Descartes l'a fait, du corps humain, il apparaît que l'homme s'excepte de la nature. Dans la Bible, au livre 2 de la Genèse, Dieu Lui-Même crée le corps humain à partir de la nature (à partir de la terre) mais lui insuffle quelque chose d'unique, qui n'est plus du domaine de la nature, mais du divin.
Les prodigieux progrès techniques de la Renaissance et de l'âge des Lumières donnèrent à l'homme le sentiment de ses propres possibilités et de sa propre grandeur. Si, par modestie et piété, on n'osait pas alors détacher totalement l'homme de
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