Les différentes interprétation d'un sens, d'un mot
Étude de cas : Les différentes interprétation d'un sens, d'un mot. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Noitatressidal • 22 Janvier 2014 • Étude de cas • 1 604 Mots (7 Pages) • 792 Vues
L’interprétation
On peut introduire le problème de l’interprétation en se demandant si l’on peut étendre à tous les domaines de la réalité l’application des mathématiques, et notamment si les sciences humaines sont assimilables aux sciences de la nature.
On verra la différence en considérant deux usages de l’expression « parce que ».
Si je dis : « le crayon tombe parce qu’il est attiré par la gravité », le « parce que » manifeste une cause. La gravitation est la cause de la chute.
Si en revanche, je dis : A a giflé B parce que B l’a insulté, le « parce que » ne manifeste pas une cause mais une raison ou un motif. L’insulte n’est pas la cause de la gifle ( il n’y a aucune nécessité dans cette action ; on aurait pu réagir autrement : par l’insulte, le mépris, etc. ). En revanche le sens – ou la signification – de la gifle est d’être une réponse à une offense.
C’est ce second « parce que » que l’on retrouve dans les sciences humaines, en histoire par exemple. La première guerre mondiale a éclaté parce que l’archiduc d’Autriche a été assassiné. Mais il faut distinguer : deux balles ont été tirées, il y avait nécessité physique à ce qu’il meure. En revanche il n’était pas nécessaire qu’il en découle une guerre. Bethmann-Hollweg avait le choix. Il a pris une décision mais il pouvait prendre l’autre. Dans le domaine physique un fait ouvre une séquence causale nécessaire ; dans le domaine humain, un événement ouvre un champ des possibles.
La différence entre les deux est donc celle que l’on retrouve entre expliquer ( trouver les causes ) et comprendre ( trouver une signification ). Pour Wilhelm Dilthey ( Le Monde de l'esprit ), expliquer et comprendre sont deux modes de connaissance portant sur des objets différents. La compréhension ferait intervenir le subjectif, l’humain et serait compatible avec la liberté alors que l’explication serait relative à l’objectivité, aux lois universelles de la science de la nature et ferait valoir la stricte nécessité. Mais alors, de cette distinction portant sur les objets, nous sommes amenés à considérer une distinction ayant trait aux démarches. Le mode de l’explication plus objectif, s’appuierait sur des figures communicables à autrui telle la démonstration alors que la compréhension pourrait en rester au stade plus personnel, plus interne de l’intuition.
Les questions qui vont alors se poser sont les suivantes : est-ce que le sens est donné ou est-ce qu’il est construit ? Y a-t-il une seule signification possible ou plusieurs ?
Interprétation et vérité
La notion d’interprétation renvoie aux deux questions du sens et de la vérité car s’il n’y a qu’un seul sens possible, il faudra alors parler d’interprétation vraie et d’interprétations fausses. Si en revanche, plusieurs interprétations sont possibles, on parlera plutôt de bonnes interprétations et de mauvaises interprétations. L’interprétation consiste en effet à donner un sens ou à retrouver un / le sens.
On peut en effet considérer que contrairement à la vérité qui renvoie à l’unicité et la nécessité, l’interprétation renvoie à la pluralité et à la contingence, voire à la liberté.
Afin d’illustrer cette idée, on peut penser aux symbolistes en littérature ( Mallarmé notamment qui disait qu’on pouvait lire de multiples choses dans ses poèmes ) ou à la musique : on interprète un morceau, il n’y a pas une vérité du morceau mais plusieurs interprétations possibles. L’interprétation donne un sens. Une interprétation sera saluée non si elle est vraie mais si elle est intéressante, porteuse de sens. Que l’intention de Mallarmé dans « Le vierge, le vivace et le bel » ait été ou non de décrire l’impuissance du poète à composer n’a finalement pas grande importance. Ce qui est intéressant, c’est qu’on peut lire son poème comme cela. L’important est ici que cela donne à penser.
Attention cependant : ce n’est pas parce que plusieurs interprétations sont possibles que toutes les interprétations sont légitimes. Certaines sont incohérentes, pauvres, inutiles, etc.
A cela, on peut opposer l’idée qu’il n’y aurait qu’un sens. L’interprétation renvoie alors à l’intention.
Il n’est pas possible de sonder les cœurs ; en revanche il est possible d’interpréter les gestes. L’interprétation correspond d’une certaine manière à une sorte de pis aller en matière de connaissance : ce sera en l’absence de meilleur moyen la médiation indispensable pour saisir la véritable intention.
Traditionnellement, c’est l’émetteur qui connaît son intention : « Ce n’est pas ce que j’ai voulu dire » ; « Tu m’as mal compris ». En disant cela, on signifie que les interprétations du récepteur sont erronées et donc qu’il n’y a qu’un seul sens vrai.
La psychanalyse opère un renversement : celui qui parle a des intentions qui lui demeurent obscures. C’est le psychanalyste qui va les mettre à jour. Cf. cours sur l’Inconscient : Freud parle d’interprétation des rêves et non d’explication des rêves car il s’agit d’en restituer le sens. Les rêves concernent la réalisation
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