Les Grenouilles Qui Demandent Un Roi JEan De La Fontaine

Le troisième régime : celui-ci n’est pas explicitement défini, cependant il est possible de l’identifier aisément. Il est fondé sur la violence et l’arbitraire comme l’illustrent les verbes « croque », « tue », « gobe » v27 28, et l’expression « à son plaisir »v28 qui exprimant ls caprice du prince. Il en résulte une plainte alléguée par les grenouilles, ainsi que des paroles de Jupiter en réponse.

- La présentation successive de ces trois régimes politiques clairement identifiés est élaborée et structurée de manière inégale. Il convient d’observer que la deuxième situation est largement développée. Il s’agit ainsi de mettre en relief dans le récit, le comportement incohérent des grenouilles, à savoir qu’elles ne savent pas ce qu’elles veulent sur le plan politique, et qu’elles ne sont pas non plus capables de se contenter de ce qu’elles ont. C’est ce que soulignent les paroles de Jupiter en réponse à leurs plaintes.

II° Les caractéristiques des grenouilles et les analogies avec les hommes

- La fable met en scène des animaux qui ressemblent aux hommes dans des situations qui sont celles de la vie sociale et/ou politique. Les similitudes que le lecteur peut percevoir donnent les clés de tout un système d’analogies qui sont de nature à faire réfléchir le lecteur.

- Dans un premier temps, il convient de mettre en évidence les analogies établies entre les grenouilles et le peuple associé aux humains :

, « troupe », « peuple » v21 et 25, « votre désir » v30, « ses lois » v31, « gouvernement » v33, « roi » v35 .

=) Enfin, on relève les termes se rapportant aux comportements humains, à savoir tout ce qui relève de l’insatisfaction, des caprices. Puis, l’auteur précise également les réactions des grenouilles par le biais des sentiments humains tels que la peur, la fuite, le retour, l’hardiesse, la familiarité, ainsi que le phénomène du passage de l’individualité au mouvement collectif. C’est ainsi que la fable s’efforce de refléter l’insatisfaction des êtres humains face aux régimes politiques qu’ils ont eux-mêmes choisis.

- Dans un second temps, il est nécessaire d’identifier les analogies relatives aux régimes politiques des humains.

=) Après l’allusion à la démocratie, qui renvoie à l’Antiquité et n’est pas encore dans la pensée du XVIIe siècle, les termes utilisés renvoient , pour deux d’entre eux, à des formes d e pouvoir monarchique.

Dans le premier cas, il s’agit, comme le dit Jupiter, « d’un roi débonnaire » v35 , et dans le second cas, d’un despote qui utilise son pouvoir absolu selon ses caprices et au détriment de ses sujets . Cette image peut à l’époque renvoyer à la monarchie absolue (lettres de cachet par exemple, arrestation s et condamnations arbitraires). Elle s’inscrit très certainement dans toute la réflexion du siècle sur la notion de pouvoir, réflexion chez La Bruyère ou certaines tragédies de Corneille (Cinna) ou de Racine (Britannicus).

L’utilisation des animaux et du contexte de la nature permet des ouvertures particulières, comme la référence à la démocratie, l’image du roi-soliveau, qui ne fait rien, et la grue particulièrement bien choisie pour son appétit des grenouilles : les analogies sont aussi dans la logique des comportements des animaux à mettre en parallèle avec les comportements humains.

III° Plusieurs leçons politiques

- La fable est menée par un jeu d’analogies qui invite le lecteur à dégager de lui-même l’enseignement du récit proposé. Il convient ainsi de mettre en relief le caractère didactique de la fable. Il n’est pas nécessaire que le lecteur lise les six derniers vers pour comprendre la leçon à en tirer. Néanmoins, ces vers comportent plusieurs éléments didactiques et politiques intéressants.

=) Tout d’abord, les lois ne doivent pas relever des caprices des peuples ; le meilleur gouvernement est le gouvernement démocratique ; il faut ainsi se contenter de ce que l’on a demandé, ou encore choisi, de crainte, de se trouver dans une situation non choisie et difficile.

=) En l’espèce, il s’agit également de mettre en relief l’absence de réflexion des groupes, leur caractère inconstant et toujours insatisfait, en conséquence de quoi ce groupe devient une proie facile des démagogues.

=) Enfin, il est nécessaire de remarquer la présence dominante de Jupiter en tant que grand « orchestrateur » de l’univers. Ici, c’est de lui que vient la sagesse, non du

V1. Les grenouilles vont réclamer plusieurs changements de régimes : le régime démocratique : les grenouilles n'en veulent plus. D'ailleurs, la brièveté du vers impair à 7 syllabes le confirme : (vers 1-2) De plus, la démocratie est à peine évoquée par La Fontaine car ce régime n'est pas encore dans la pensée du XVIIè siècle.

V3. Tout d’abord, on relève les termes se rapportant aux traits humains « clameurs » v3. Il y a beaucoup d’action (verbes d’action : « firent tant »…), cela apporte de la vivacité au récit.

V4. Les personnes adjuvants sont Jupiter (= Jupin) qui est le principale. L-F lui donne

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