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Les Grenouilles Qui Demandent Un Roi

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Par   •  21 Mai 2014  •  2 565 Mots (11 Pages)  •  1 069 Vues

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INTRODUCTION :

Le théâtre peut nous paraître en opposition totale avec le réel. Dans Don Juan, Molière met en place un homme face à une statue totalement imaginaire, celle du commandeur. Comment s’identifier à un personnage complètement imaginaire ? Le théâtre exprime t- il le réel ? Le théâtre, encore appelé dramaturgie, désigne l’art de composer une pièce de théâtre, c'est-à-dire une action mise en scène à travers les discours et le jeu des comédiens. Puisque le réel se définit comme ce qui existe, ou a véritablement existé, alors nous pouvons penser dans un premier lieu que théâtre et réel n’ont aucun point commun. Pourtant, si le théâtre nous passionne, c’est parce qu’il éveille en nous des pensées qui nous font réfléchir à notre vie. Comment le théâtre a-t-il les moyens de représenter le réel ? Nous tenterons de répondre à cette problématique par trois points: nous démontrerons dans une première partie que le théâtre possède les moyens techniques de représenter le réel. En second lieu, nous verrons que le théâtre reste un art artificiel qui cultive l’invraisemblance. Enfin, nous verrons qu’exprimer le réel n’est pas représenter le réel et que le théâtre exprime finalement le réel.

I/ Oui, le théâtre possède les moyens techniques de représenter le réel

Afin d’exprimer le réel, le théâtre doit être proche de celui-ci, autrement dit, à défaut d’être réel, le théâtre doit s’en rapprocher ou s’en inspirer et devenir « vraisemblable ». Mais comment le théâtre a-t-il les moyens de représenter le réel ?

Le théâtre a évolué suivant différents mouvements, s’inspirant plus ou moins du réel. Nous allons développer les deux formes de théâtre les plus réelles, à savoir le théâtre réaliste et le théâtre engagé.

La forme de théâtre la plus réelle est sans aucun doute le théâtre réaliste. Au XIXe siècle, il fallait que le théâtre s'ouvre à la lente mise à mort des pauvres êtres en proie à l'hérédité, à l'[***]alcoolisme, au milieu social. Le décor et les attitudes des acteurs devaient être une reproduction fidèle de la réalité : plus de tirades face au public, plus de mots d'auteur, mais une langue puisée aux sources populaires accompagné d’un jeu sobre. Ces principes, qu'André Antoine, considéré comme l’inventeur de la mise en scène moderne en France, essaya de mettre en vigueur grâce à son Théâtre libre eurent pour effet de renouveler le répertoire.

Une autre forme de théâtre proche du réel est le théâtre dit engagé, dans lequel on ne doit pas chercher à idéaliser le réel ou à en donner une image épurée. Le théâtre s’enracine dans la réalité. Afin d’illustrer cette idée, nous pouvons nous rapporter à Beaumarchais, célèbre par sa dénonciation des privilèges archaïques de la noblesse, comme l’un des signes avant-coureurs de la Révolution française, comme dans Nostradamus, pièce écrite en 1781, 8 ans avant la prise de la Bastille, Beaumarchais établit une réflexion sur le système politique qui lui est contemporain. Dans le Mariage de Figaro, met en scène un personnage, Figaro, qui reste un valet, mais qui n’incarne plus le « valet de comédie » du genre commedia del arte, devenant un être à part entière, possédant une vie, avec l’envie de se marier, comme tout le monde. Il acquiert ici une dimension humaine qui rompt avec la tradition classique du valet de comédie: son épaisseur psychologique et son existence mouvementée en font à la fois un personnage complexe, un homme des Lumières et un porte-parole de Beaumarchais. A travers le monologue de Figaro, ce dernier critique l’injustice sociale, qui, selon lui, repose uniquement sur le critère du hasard de la naissance. Les personnages de théâtre se retrouvent aussi dans la vie et le théâtre s’inscrit alors dans quelque chose de vrai, tiré de la vie réelle elle-même, comme l’affirme Victor Hugo.

Dans la Préface de Cromwell, Victor Hugo définit ce qu’est le drame romantique. D’après lui, Le drame doit illustrer l'idée chrétienne de l'homme composé de deux êtres, l'un périssable, charnel, l'autre immortel, éthéré. Il définit l’âge du drame comme le spiritualisme chrétien posant le corps et l'âme et la terre au ciel. L'homme sent alors le combat qui se livre en lui. En ce qui concerne le mélange des genres, Hugo affirme que le drame doit mêler le grotesque au sublime. Le drame romantique refuse le classicisme, car il est invraisemblable, donc peu crédible. On doit donc refuser des unités, car en effet, la règle des trois unités éloigne théâtre et réel. Une vie ou quelque années de peuvent être réduites à 24h, et ne peut en aucun cas avoir lieu dans un seul et même lieu. L’écrivain explique que les unités de temps et de lieu sont contraires à la vraisemblance, et que seule l'unité d'action doit être maintenue. Aussi, le décor doit donner l'impression de la vie. Ainsi, la couleur historique et géographique doit imprégner le fonds du drame.

Les conditions matérielles de représentation, comme le plateau, les décors, décrits de façon précise et réaliste dans Ruy Blas par les très longues didascalies au début de chaque acte, ou encore les accessoires, l’incarnation des personnages par les acteurs, comme par exemple, au cinéma, des acteurs sont devenus des symboles d’un personnage, comme Gérard Depardieu pour Cyrano de Bergerac, créent une illusion, et amène ainsi le spectateur dans une impression de réel.

II/ Non, le théâtre reste un art artificiel qui cultive l’invraisemblable

A vue d’œil, celui-ci peut paraître comme une fausseté de la vie, un montage artificiel. En effet, que ce soit l’espace, le temps, le langage ou encore l’action, rien n’est en lien avec la réalité. La forme du théâtre s’oppose à la réalité : c’est un art artificiel qui cultive l’invraisemblable.

Nous ne pouvons pas affirmer que la reprise de mythes, tels Antigone de Jean Anouilh soit synonyme de réel. Le spectateur est transporté dans une autre époque, et peut avoir certaines difficultés à s’inscrire dans une réalité qui n’est pas la sienne.

La question du temps pose quelques problèmes. En effet, la durée représentée coïncide rarement avec la durée de la représentation. Evoquant le théâtre baroque espagnol, Boileau se moque : « Là, souvent le héros d’un spectacle grossier/ Enfant au premier acte, est barbon au dernier. » Or l’idéal classique demande le respect des trois

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