Le désir
Commentaires Composés : Le désir. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar omac26 • 25 Février 2014 • 7 200 Mots (29 Pages) • 623 Vues
LE DESIR
INTRODUCTION .
1. Imagination passion, désir, voilà désignées, dans la tradition philosophique dominante, les puissances d’aliénation et d’aveuglement en l’homme, face auxquelles se trouveraient la raison comme puissance de modération et d’acceptation de la réalité. Le désir nous pousserait ainsi à refuser la réalité : “prendre ses désirs pour la réalité” rappelle l’opinion. La raison nous inciterait à accepter la réalité : “changer ses désirs plutôt que l’ordre du monde” observe le philosophe (stoïcien)
2. Le désir serait donc en opposition avec le principe de réalité, il en constituerait peu ou prou la négation. Car, par le désir, l’homme ferait l’épreuve d’un manque, d’une insatisfaction radicale que la réalité ne pourrait en rien combler. Un tel manque pousserait l’homme à fuir la réalité, à se réfugier dans des satisfactions imaginaires.
3. Notre réflexion philosophique portera donc sur le statut du manque dans le désir : le manque est-il au fondement du désir ? En ce cas, comment distinguer le désir du besoin ? Ou bien, faut-il penser que le manque n’est pas essentiel au désir ? En ce cas, par quoi définir le désir? Et comment expliquer le manque ?
4. Deux thèses antagonistes vont ainsi être confrontées :
(a) Le désir se définit, en son fond, par le manque, manque qui nourrit de multiples illusions sur nous-mêmes et les objets de nos désirs..
(b) Le désir est une puissance positive qui ne manque de rien mais qui produit l’illusion du manque (tant qu’on n’y a pas réfléchi).
Il s’agira, après avoir distingué le désir du besoin (I) d’analyser la première thèse (le désir comme manque radical, II), de la critiquer pour déboucher sur la deuxième thèse (le désir comme production, III).

I. Du manque déterminé ( Instinct, besoin) au manque indéterminé (désir)
A. La notion de tendance a. Définition de la tendance
•Instinct, besoin, désir ont pour point commun d’être des réalités dynamiques : ce sont des tendances qui expriment un manque que l’être vivant (et/ou pensant) cherche à satisfaire.
Une tendance est donc une force orientée vers un but (la satisfaction) : c’est à la fois une impulsion et une direction; c’est une tension en direction d’un objet qui va combler un manque. Une tendance exprime donc, dans l’être vivant, le sentiment d’un manque plus ou moins douloureux que seul un objet extérieur peut venir combler, d’où la série suivante :
Tendance = sentiment de manque / malaise ----tension---- mouvement vers un objet -----satisfaction.
b. Le dynamisme des tendances
•S’ils se définissent comme des tendances, l’instinct, le désir, et le besoin sont essentiellement des notions dynamiques, contrairement au plaisir :
-Le plaisir est le terme d’un processus; c’est donc un état statique (plus ou moins prolongé ).
-Désir, besoin, instinct sont des mouvements de l’être vivant vers un objet...
B. La différence entre l’instinct, le besoin, le désir. (a) L’instinct
Dans son acception la plus s t r i c t e , l’instinct est une tendance vitale dont l’objet et les moyens sont pré-définis par la nature çàd déja inscrits, dans une large mesure, dans la structure de l’organisme. Par exemple, chez l’abeille butineuse, l’objet du manque (le pollen) et le moyen d’y arriver ( le savoir-faire, l’acte de butiner) sont pré-établis çàd déterminés par son génôme. L’instinct est donc un savoir-faire inné et aveugle (non réfléchi, sans apprentissage) qui règle le comportement animal dans la recherche d’un but vital (satisfaire un manque) et dont l’objet est lui-même pré-établi. Dans la recherche du but (combler le manque), l’animal ne décide ni de son objet, ni de sa manière de faire, de

ses techniques. C’est pourquoi, l’instinct commande le même type de comportement chez tous les animaux de la même espèce.
(b) Le besoin
Il est une tendance dont seuls les objets sont pré définis en fonction de la nature (ou de la société concernant les besoins dits secondaires)
- Les objets du besoin ne sont pas librement choisis mais pré définis par la structure de l’organisme. Le carnivore mangera ainsi exclusivement le type de nourriture que lui prescrit son organisme.
Mais contrairement à l’instinct, le besoin n’implique pas que les savoir-faire permettant la satisfaction de la tendance soient innés. La satisfaction du besoin suppose, contrairement à l’instinct, un certain apprentissage, ce que montre de façon emblématique le cas de l’homme. Celui-ci ne choisit pas les objets de ses besoins (avoir besoin de nourriture et d’eau, avoir besoin de repos, de se protéger du froid etc ). En revanche, il peut faire varier les moyens de les satisfaire ( par tel ou tel type de chasse, de pêche, d’agriculture pour la nourriture, par tel type de chauffage ou de vêtements pour lutter contre le froid etc). Les savoir- faire qu’il met en oeuvre pour satisfaire ses besoins ne sont donc pas innés, pré-définis mais offrent des formes d’une très grande diversité sociale qui toutes supposent dès lors un apprentissage, une transmission culturelle. La grande variabilité des techniques humaines distinguent ainsi la satisfaction des besoins humains de l’instinct animal.
Le besoin est donc l’expression d’un manque dont seul l’objet est pré-défini, et non pas les moyens de le satisfaire. On peut donc dire que si tout instinct exprime un besoin, tout besoin ne prend pas une forme instinctive, comme l’indique exemplairement la situation de l’homme.
(c) Le désir
Il est une tendance dont ni l’objet ni les savoir-faire ne sont pré- définis par la nature (ou la société), Les objets du désir ne sont jamais irrévocablement fixés, ce qui donne au désir sa spécificité par rapport au besoin (et à l’instinct). La puissance du désir, c’est sa plasticité par laquelle il projette ses propres fins, qui ne sont ni celles de la nature (besoins vitaux) ni celles de la société (apprentissage des usages sociaux nécessaires à la vie en société). Il y a donc dans le
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