Le Language
Note de Recherches : Le Language. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar hubano • 4 Décembre 2013 • 1 975 Mots (8 Pages) • 970 Vues
Introduction
Saussure définit le langage comme n’étant que la faculté propre à tout homme en tant qu’homme, de pouvoir parler, et de faire usage de la langue. Selon Saussure, le langage, à proprement dit, serait uniquement humain et donc articulé. De plus, cette définition sous-entend que l’homme serait amené à l’utiliser comme un instrument puisqu’il en ferait « usage ». Par conséquent, la seule vocation du langage serait de servir l’individu et, à une échelle supérieure, l’ensemble de la société humaine. Le langage serait donc considéré que par l’usage que l’on en fait, c’est-à-dire seulement comme un moyen.
Pourtant, ne peut-il pas être considéré uniquement dans son essence et n’être, aux yeux des hommes, qu’un discriminant fondamental de l’être humain et de l’animal ? C’est ainsi que le définit Descartes en premier lieu. Le langage serait avant tout une des caractéristiques de l’homme qui lui permettrait de se différencier des autres êtres vivants et ne résulterait donc pas d’un usage quelconque.
Ces deux conceptions du langage humain justifient donc la question qui nous est posée, à savoir « est-ce que le langage n’est-il qu’un instrument ? », autrement dit, « est-ce que le langage, au sens le plus restrictif du terme, c’est-à-dire en tant que langage parlé, est utilisé uniquement à des fins précises ? ». Si le langage est un instrument, nous sommes amenés à nous demander quelles sont ses fins et si elles sont positives ou négatives pour l’homme. Mais, le langage ne peut-il pas échapper au contrôle de l’homme ? L’homme est-il libre de l’utiliser comme il est libre d’utiliser ou non une fourchette pour manger ?
Première partie
Si l’on se réfère à la définition de Saussure, exposée ci-dessus, le langage serait uniquement parlé : mais pour parler, ne faut-il pas avoir d’abord quelque chose à dire, et donc penser ? le langage serait-il un instrument de pensée ?
La pensée qui préexiste au langage, c’est-à-dire celle qui ne renvoie pas encore à une représentation générale et abstraite, à un concept, n’est en réalité qu’une pensée confuse, qui se cherche et qui a donc besoin d’être précisée et définie. Le langage du corps, celui du regard par exemple, ne suffit guère à préciser une pensée : il faut un langage précis et rigoureux, un langage constitué de signes linguistiques, de mots, un langage articulé que seul l’être humain peut posséder. Par l’intermédiaire de ce langage, la pensée se moule dans des mots et ainsi peut se trouver, se dire, s’exprimer et même être communiquée. Le langage servirait à penser de façon rationnelle. C’est cette vocation du langage que les philosophes mettent en évidence, notamment Socrate, à qui l’on attribue d’ailleurs l’invention de la définition. Au moyen de la dialectique, les dialogues socratiques ont pour objectif d’amener les interlocuteurs à conceptualiser leurs pensées : les questions de Socrate ont pour but de faire venir à la parole les idées de ses interlocuteurs afin d’en examiner la cohérence. On peut en déduire que le langage sert à penser de façon rationnelle, il apparaît donc comme instrument de la pensée, nécessaire et positif pour l’homme. Pour autant, peut-on affirmer que le langage, en tant qu’instrument de pensée, est toujours utilisé à des fins positives ?
Si nous avons pu définir le langage comme un instrument de la pensée car il permettait de l’exprimer et de la clarifier, n’oublions pas que le langage peut aussi servir à la déguiser, à la masquer. En effet, les mots peuvent nous servir à cacher intentionnellement certaines choses et peuvent nuire à l’homme. Ainsi, le langage apparaît comme une réalité négative pour l’être humain. C’est le cas de la plupart des mensonges qui, en remplaçant la vérité par une chose fausse, donnent au langage un caractère immoral. Le langage devient un outil de manipulation d’autrui ou de persuasion. C’est dans cette optique que les sophistes, en pratiquant la rhétorique, c’est-à-dire l’art de bien parler en vue d’obtenir par la parole les fins que l’on poursuit, concevaient le langage. Les sophistes profitaient des ambiguïtés du langage pour produire des raisonnements d'apparence logique, mais qui contenaient en réalité des vices cachés. C’est ainsi qu’ils ont révélé les failles du langage qui pouvait être utilisé pour faire n'importe quoi, défendre le vrai comme le faux, accuser l'innocent comme le coupable. Aujourd’hui, l’utilisation du langage comme moyen de persuasion pourrait être celle des publicitaires, prêts à nous faire croire n’importe quoi pour parvenir à nous vendre leurs produits. Par conséquent, il semble évident que le langage ne sert pas uniquement à des fins positives.
Parce qu’il permet à nos pensées de prendre forme ou de se transformer, le langage parlé semble avoir pour fonction première d’être l’organe de la pensée, de la servir et donc d’en être son instrument. Cependant, si l’on définit l’instrument comme un outil, c’est-à-dire si nous prenons en compte le fait qu’un instrument nécessite avant tout d’être maîtrisé et que l’homme est libre de s’en servir ou non, le langage peut-il toujours être qualifié d’instrument ?
Dire que le langage parlé est un instrument implique que le sujet peut se saisir du langage comme d’un outil parmi d’autres mais aussi qu’il en possède une totale maîtrise. Or, l’homme n’emploie pas toujours le langage délibérément, consciemment. Dans certaines circonstances, le langage semble dépasser l’individu et échapper à son contrôle. C’est le cas du lapsus où l’individu emploie involontairement un mot pour en désigner un autre. Selon Freud, le lapsus serait l’expression d’un désir de l’inconscient et par conséquent, comme le « moi » conscient de l’homme ne peut pas continuellement dominer l’inconscient, celui-ci agirait aux dépens de l’homme, par exemple à travers le langage. De même, les troubles du langage, tels que la dysphasie, illustrent le fait que l’homme ne peut pas toujours maîtriser son expression verbale car ces troubles apparaissent indépendamment de sa volonté et ne parviennent pas à être soignés par l’être humain.
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