La Conviction D'avoir Raison Fait Obstacle Au Dialogue
Rapports de Stage : La Conviction D'avoir Raison Fait Obstacle Au Dialogue. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar chouchou974 • 4 Janvier 2013 • 862 Mots (4 Pages) • 2 206 Vues
La conviction d'avoir raison fait-elle obstacle au dialogue ?
Depuis Socrate, le dialogue est une forme de recherche philosophique par la discussion où le meneur de jeu conduit ses interlocuteurs à découvrir le savoir qu'ils portent en eux-mêmes. Par la discussion, les interlocuteurs mettent en jeu leurs arguments pour étudier le pour et le contre. Pourquoi irais-je mettre mon savoir à l'épreuve si je suis convaincue d'avoir raison ?
Je n'ai en effet aucune raison de mettre en doute ce dont je suis sûre. Mais inversement, si je ne crois en rien, quelle raison aurais-je de discuter avec autrui ? Pour faire l'effort de convaincre, il faut bien avoir des convictions. Mais peut-on en même temps vouloir convaincre et accepter d'être convaincu ? N'est-ce pas paradoxal ?
Si j'ai la conviction d'avoir raison, c'est que j'ai de bonnes raisons pour l'être. La raison est en effet la faculté de connaissance qui permet de distinguer le vrai du faux, le bien du mal, le réel de l'illusoire, donc de juger, de raisonner et d'agir en conséquence. Aussi, cherche-t-elle à rendre le monde intelligible en déterminant des principes d'explication de la réalité. D'où la définition par Kant de la raison comme « faculté des principes ». Par exemple, expliquer un accident en invoquant comme raison (la cause) l'ivresse du conducteur. Avoir raison suppose donc qu'on doit pouvoir rendre raison de son discours, et ce, en vue d'établir la vérité : c'est ce que l'on appelle convaincre.
Or si je suis convaincue d'avoir raison, je puis bien vouloir exposer les raisons de ma conviction et c'est un monologue. Mais il est paradoxal d’envisager de se faire convaincre du contraire. Je n'ai aucune raison de mettre en doute ce dont je suis convaincue, puisque douter c'est reconnaître que la raison n'est pas capable de me mener à la vérité. Et si je veux agir au nom de la vérité, il faut bien que je sois assuré d'être dans la vérité. C'est parce que j'ai des convictions que je m'engage dans l'existence et face à un engagement, le doute apparaît comme un obstacle stérile car il empêche d'agir. En s'opposant au doute, la conviction semble donc s'opposer au dialogue puisqu'il est une mise à l’épreuve de ce que je pense. Mais elle apparaît alors comme dangereuse car nous savons combien de maux et de conflits ont déchiré les hommes qui n'ont pu s'entendre faute de s'être écoutés. Certes, le doute est un obstacle à l'action mais à l'inverse, une trop grande assurance débouche sur le dogmatisme, l'intolérance, le fanatisme, lui-même conduisant à l'affrontement physique.
On peut renverser les termes de notre discours et affirmer au contraire que c'est lorsqu'on est sûr d'avoir la raison de son côté que l'on accepte le dialogue. Accepter d'être mis à l'épreuve, c'est faire la preuve de son objectivité, ce qui est l'indice d'une adhésion impersonnelle de l'esprit. Et en effet la certitude peut être partagée par tous car elle est une adhésion de l'esprit purement rationnelle et donc impersonnelle, aussi est-elle de l'ordre du savoir.
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