L'avertissement de Kant comme incitation principale à être des hommes
Commentaire de texte : L'avertissement de Kant comme incitation principale à être des hommes. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dissertation • 5 Janvier 2014 • Commentaire de texte • 1 391 Mots (6 Pages) • 798 Vues
Explication
[Thème, problème, thèse, enjeu du texte.]
Le thème de texte est l'autonomie de la réflexion de l'homme adulte. Kant s'efforce de résoudre le problème suivant : comment se fait-il que les hommes ne se servent pas de leur raison de manière autonome alors qu'ils sont depuis longtemps en âge de le faire. Pour résoudre ce problème, l'auteur soutient la thèse selon laquelle la paresse et la lâcheté sont les deux causes d'un double effet : la facilité avec laquelle la plupart des hommes acceptent de se laisser diriger et la facilité avec laquelle quelques hommes profitent de cette paresse des autres pour exercer sur eux une tutelle. L'enjeu de ce texte est la manipulation dont les hommes deviennent victimes dès lors qu'ils renoncent à leur liberté de pensée par crainte ou par paresse.
Kant commence par exposer sa double thèse puis il en explique successivement chacun des deux aspects pour montrer combien il est devenu difficile alors pour la plupart des hommes de sortir de cet état de tutelle.
[Etapes de l'argumentation et éléments d'explication.]
Kant commence par présenter cette thèse dans une première longue phrase. La paresse, c'est-à-dire la répulsion à fournir des efforts, à changer d'état, et la lâcheté, c'est-à-dire la peur d'assumer les conséquences imprévisibles de ses actes, seraient les conditions nécessaires et suffisantes à la fois de la minorité de la plupart des hommes et de ce que quelques-uns en profitent pour s'ériger en tuteurs. Le terme " mineurs " est à comprendre ici en un sens métaphorique par rapport à la notion de minorité juridique, c'est-à-dire la période de la vie durant laquelle l'individu est présumé manquer des capacités ou de l'expérience nécessaires à l'exercice de certaines responsabilités parce qu'il est incapable de se gouverner seul par lui-même. A contrario, la majorité désigne l'âge à partir duquel on est réputé capable de se gouverner soi-même par rapport aux exigences de la réalité et à celles, juridiques et civiles de la société.
Cet état de minorité pourtant n'a pas lieu d'être : " longtemps après que la nature les a affranchi de toute direction étrangère ", explique Kant. Cela signifie que, naturellement, la croissance physique (naturelle) de l'individu le conduit à développer ses facultés de sorte qu'il a atteint, adulte, l'âge à partir duquel on l'estime capable de penser par lui-même et d'exercer ses propres responsabilités. Cette direction étrangère dont se libère tout homme passant à l'âge adulte est la tutelle de ses parents. Or la servitude* de la plupart des hommes est en contradiction avec ce développement spontané de l'individu vers sa maturité. Nous pouvons par ailleurs nous demander si, autant que la nature, l'éducation ne joue pas un rôle fondamental dans l'acquisition plus ou moins précoce de cette autonomie intellectuelle. Et sans doute cette éducation constitue pour les tuteurs qu'évoque Kant l'un des moyens les plus efficaces pour asservir les autres hommes. D'une manière plus générale, on peut aussi se demander sur les conditions qui permettraient à une éducation de n'être pas qu'un dressage, qu'un conditionnement.
Dans la seconde partie de cette première phrase, Kant formule la deuxième partie de sa thèse : cette inclination (tendance) de la plupart des hommes à rester mineurs et à se laisser guider produit un effet corrélatif (réciproque) : la facilité pour certains hommes de devenir les " tuteurs " de cette foule de mineurs. " Tuteurs " est ici aussi à comprendre en un sens métaphorique par rapport à son sens juridique. Le tuteur guide, conseille et est responsable du mineur et cette responsabilité il est censé l'exercer avec bienveillance, dans l'intérêt du mineur.
Mais comment est-il possible qu'autant d'hommes se laissent ainsi aller à être gouvernés ? C'est à cette question que Kant va maintenant s'efforcer de répondre.
Dans un deuxième temps, en effet, Kant va expliquer et justifier la première partie de la thèse : en quoi la paresse conduit la plupart des hommes à rester des assistés.
Kant commence par argumenter l'idée que la paresse est cause de ce qu'il appelle la " minorité " de la plupart des hommes en soulignant la facilité de se contenter de se laisser guider : " Il est si aisé d'être mineur ! ". Il annonce ainsi par cette brève exclamation la première étape
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