L'éducation Idéale Selon Rabelais
Dissertation : L'éducation Idéale Selon Rabelais. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar lrnt1011 • 2 Janvier 2014 • 1 095 Mots (5 Pages) • 4 236 Vues
II – Un programme d’éducation humaniste
Le chapitre 23 se construit en opposition avec le chapitre 14 : à l’enseignement scolastique desséchant, inutile, uniquement livresque, s’oppose une éducation qui comprend l’instruction mais aussi le développement de soi-même, du corps et de la personnalité, et qui comprend toutes les dimensions de la vie. L’éducation doit pouvoir ainsi développer les qualités naturelles de l’élève.
L’éducation nouvelle que propose Rabelais est donc bien plus large que l’apprentissage intellectuel : il s’agit aussi d’éduquer le jeune prince aux futures responsabilités de son royaume.
Ce programme d’éducation est proprement humaniste et le nom de « Ponocrates » forgé sur le grec et voulant dire « Travailleur » rappelle aussi la culture grecque de l’auteur. De même, Anagnostes signifie en grec « lecteur ».
2.1 ) La relativisation de la culture livresque
Par rapport à l’enseignement scolastique, entièrement livresque, la part de la culture livresque est considérablement réduite. Cette culture comprend la Bible et des romans antiques ou de chevalerie. Les ouvrages scolaires sont abandonnés. Rabelais va de ce point de vue plus loin que les autres humanistes, même Erasme. La part de lecture est considérablement réduite, et Gargantua ne recopie plus les ouvrages comme un scribe de couvent mais écoute les lectures qui lui sont faites. Par ailleurs, la lecture de la Bible est aussi un acte de foi et une célébration de Dieu, et non une controverse aride sur les points doctrinaux (l.4-7). C’est aussi une lecture claire et intelligible, un véritable acte de compréhension – « à voix haute et claire, avec la prononciation requise » - opposé au marmonnement des moines pour qui le texte est incompréhensible (chap.21 et 27). C’est enfin une lecture directe, personnelle, débarrassée des commentaires médiévaux. L’acte de foi fait ainsi partie de l’éducation : il ne s’agit pas seulement d’une éducation intellectuelle : il s’agit d’une amélioration morale, d’un supplément d’âme.
2.2 ) L’intérêt des humanistes pour tous les domaines de la connaissance
En revanche, l’éducation humaniste proposée par Ponocrates touche tous les domaines de la connaissance : la religion, l’astrologie (l.11-13), la morale (l.15-16), le sport et la connaissance du corps, la littérature, les propriétés médicales des aliments et des herbes. Gargantua devient ainsi un grand sportif, un homme versé dans les saintes Ecritures, lettré, ayant des connaissances sur tout et capable d’être médecin. L’éducation encyclopédique proposée doit ouvrir l’esprit et la curiosité.
2.3 ) La part faite au corps
L’éducation est aussi celle au boire, au manger et au sommeil, et préoccupe Rabelais en tant que médecin. Avec Ponocrates, Gargantua se lève à 4h du matin (contre 8-9h avec le sophiste), ne fait plus de sieste et ne perd aucune heure du jour.
De même, l’incontinence et l’impudicité de l’excrétion est remplacé dans le contenu par une relative discrétion et dans la forme par une formule médicale et élégante : « Puis allait es lieux secrezt faire excretion des disgestions naturelles ». La relative discrétion de Gargantua dans l’excrétion s’oppose à la volubilité scatologique du chap.13.
Enfin, durant le repas le régime de Gargantua est beaucoup plus varié et fait contraste avec la profusion de viandes salées de l’éducation sophistique.
L’enseignement humaniste donne une place importante au corps : l’activité physique occupe une bonne partie de la matinée et la narration
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