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Instruire Et éduquer - commentaire

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Par   •  15 Avril 2013  •  2 088 Mots (9 Pages)  •  3 686 Vues

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Instruire et éduquer.

Éduquer ou instruire, quelle est donc la finalité de l’École ? En effet Le ministère de l’instruction publique prend le nom de ministère de l’éducation nationale le 3 juin 1932 lors de la formation du troisième cabinet Herriot, pour ne plus changer d’appellation sauf aux débuts du régime de Vichy où il redevient très brièvement celui de l’« instruction publique », et pendant le septennat de Valery Giscard d’Estaing où il n’est plus que le ministère de l’éducation, sans l’épithète « nationale », européanisme oblige : Pourquoi ces changement ? L’opposition entre éducation nationale et instruction publique est ancienne ; sa théorisation date de la Révolution française avec, d’un côté, les tenants d’un modèle spartiate visant à former l’enfant dans sa totalité au sein d’une école assurant une éducation égalitaire et communautaire, et, de l’autre, ceux qui, tel Condorcet, estiment que l’éducation revient à la famille quand le rôle de l’école doit se limiter à l’instruction, à l’inculcation de différentes notions. En effet cette distinction entre une instruction qui serait strictement réservée à l’école et une éducation strictement prise en charge par la famille est commune mais mène à des définitions réductrices et caricaturales. En effet il serait nécessaire de savoir définir précisément ces concepts pour pouvoir les catégoriser de façon précise et alors peut être les distinguer. Comme l’écrit justement M. Muglioni, « le rapport entre instruction et éducation dépend des variations qui affectent la compréhension de chacun des deux termes ». L’éducation d’un enfant voulait donc dire au début, l’élever au sens de répondre à ses besoins de nourriture, ses besoins physiques et corporels. Par la suite il prend aussi un sens moral (la formation du caractère) et un sens intellectuel (la formation de l’esprit). De plus l’instruction c’est fournir à quelqu'un les outils qui lui permettront de fabriquer quelque chose.

⇒ Dans qu’elle mesure ces deux concepts que sont l’instruction et l’éducation, à première vue singuliers, trouvent-ils respectivement une complémentarité dans l’autre, et deviennent alors indissociables et indispensables pour le développement des individus ?

Plan : Nous verrons donc dans un premier temps que ces deux concepts sembles à premiers vue deux rapports au savoir différents. Ensuite en approfondissant notre étude nous constaterons que loin de se contredire ou de s’exclure, le projet d’instruire et celui d’éduquer se rejoignent en profondeur.

I : Deux rapports au savoir à première vue différents.

A : Chez Platon et Socrate: distinction entre deux rapports au savoir.

⇒ Un rapport au savoir sous le signe de l’instruction, dont la finalité selon les Sophistes est d’acquérir des connaissances, d’accroître ses connaissances, de devenir savant. Cependant Socrate d’abord, puis Platon ensuite, se sont toujours opposés à cette vision ainsi qu’à cette finalité de l’instruction. Non qu’ils soient contre l’acquisition de connaissances ou contre le fait de vouloir s’instruire et devenir savant, bien sûr. Mais dans ce rapport au savoir sont valorisées par les sophistes, les réponses l’emportent sur les questions et l’objectif principal resterait l’acquisition de connaissances comme moyen de conquérir une parcelle de pouvoir. Du coup, penser reviendrait à peser de tout son savoir sur la réflexion de l’autre, et en quelque sorte on peut dire que penser signifierait dominer. Dans cette optique, le savoir est au service de finalités extérieures: considération sociale, profession, argent, réputation, etc.

⇒ Un rapport au savoir sous le signe de l’éducation, dont la finalité est en quelque sorte de rendre meilleur. Dans cette optique, l’acquisition de connaissances s’inscrit dans la perspective générale de recherche du vrai, du beau, du bien. Dans ce rapport au savoir, les questions sont plus importantes que les réponses, et chaque nouvelle réponse permet de mieux questionner le monde, de se questionner soi-même. C’est en ce sens qu’on peut rappeler la formule de Socrate : « je ne sais qu’une chose, c’est que je ne sais rien ». (Formule qui avaient le don d’irriter ceux qui connaissaient Socrate, car, ils le savaient très savant).

Pour Socrate, c’est ce rapport au savoir sous le signe de l’éducation qui est essentiel, car sa finalité est de rendre meilleur. De ce fait, philosopher et éduquer pourraient alors se confondre.

B: Instruire et éduquer: deux chemins apparemment distincts mais qui aboutissent tous deux à une même fin : élever l’homme.

⇒Une vision différente de l’instruction.

Instruire ne consisterait pas à gaver de connaissances. Cela ne consisterait même pas à transmettre le savoir, comme si le savoir pouvait se transmettre à la façon d’un héritage, ou comme un bâton-relais qui passe d’une main à l’autre, savoir-relais qui se déverserait d’un esprit dans l’autre, par capillarité, selon l’imagerie ironiquement évoquée par Platon au début du Banquet : « Alors Agathon, qui occupait le dernier lit, s’écria : « Viens t’asseoir ici, Socrate, près de moi, afin qu’en te touchant tu me communiques les sages pensées qui te sont venues dans le vestibule » (…). Alors Socrate s’assit et dit : « Il serait à souhaiter, Agathon, que la sagesse fût quelque chose qui pût couler d’un homme qui en est plein dans un homme qui en est vide par l’effet d’un contact mutuel, comme l’eau passe par l’intermédiaire du morceau de laine de la coupe pleine dans la coupe vide ». 


Donc s’instruire consisterait bien à acquérir des connaissances (comme le présentaient les sophistes). Cependant la différence serait dans le moyen d’acquérir ces connaissances : on ne pourrait acquérir des connaissances qu’à la condition de les construire et c’est pourquoi instruire quelqu’un, c’est-à-dire travailler à ce qu’il acquière des connaissances, ne peut jamais consister à lui transmettre celles-ci.

D’autre part selon Kant l’homme, serait le seul animal qui aurait besoin d’éducation pour s’élever parce qu’il est le seul animal qui n’ait pas d’instinct, c’est-à-dire qui ne soit pas déterminé par la seule nature à être ce qu’il est : « Un animal est par son instinct même tout ce qu’il peut être ; une raison étrangère a pris par avance pour lui tous les soins indispensables. Mais l’homme a besoin de sa propre raison. Il n’a pas d’instinct… »

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