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Indifférence et liberté - commentaire

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Par   •  27 Avril 2013  •  Discours  •  1 077 Mots (5 Pages)  •  1 373 Vues

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Indifférence et liberté: «Ça me fait ni chaud ni froid»

L’indifférence est appelée communément l’absence de choix ou l’absence d’un intérêt marqué pour une chose ou une autre. Il y a une forme d’égalité sur une balance imaginaire où tous les motifs se valent. C’est la règle du pareil au même. C’est un principe que Jodoin a à cœur. Descartes, dans le Discours de la méthode, ne dit pas textuellement que l’homme est indifférent là où il manque de connaissances mais plutôt que moins il aura de raisons le poussant à choisir, plus il sera indifférent. Le plus bas degré de liberté est bel et bien l’indifférence. Un des slogans clamé par l’équipe au pouvoir dans 1984 (Orwell),Big Brother, n’est-il pas «L’ignorance, c’est la force» ?

Par peur de se tromper, Jodoin se taira. «Je dis peut-être : car il y a du pour et du contre.» Il n’y a que ceux qui connaissent la vérité qui ne se trompent jamais. Et puisque Jodoin sait ne pas la connaître, il préfère se dérober. Jodoin est indifférent. Il est l’homme du «peu importe». Peut-être ne l’a t-il pas toujours été, mais aujourd’hui, il l’est affreusement. Nombre de ses paroles corroborent ce fait : «Je lui répondis que ça m’était égal pourvu qu’il n’y eut rien à faire.», «Je lui ai répondu qu’il connaissait mieux que moi les besoins de sa clientèle et que je n’avais par conséquence pas d’opinion à ce sujet.», «[…] la seule opinion que je pouvais émettre puisque je n’avais pas examiné en détail son stock de livre.», «Je lui avouai que je manquais d’esprit d’observation et que je refusais de porter un jugement sur tout édifice, à moins de l’avoir vu quelques douzaines de fois.», «J’ajoutai toutefois que j’étais fort mauvais juge en cette matière.», «Je n’aurais pas osé porter un jugement là-dessus.», etc. L’obscurité et la confusion cautionnent l’indifférence. Jodoin parle toujours d’hypothèses, d’arguments, de logique, de raison» et d’opinions mais ne prend pas clairement position.

La déresponsabilisation de Jodoin peut être interprétée comme son refus à vouloir payer le prix de la liberté : «Pourvu qu’on ne soit pas libre. […] pourvu qu’un devoir vous force à rester en place.» Jodoin démissionne d’un système et s’abandonne à vivre une vie médiocre. Même s’il écrit un journal personnel, il ne diffuse ni ses opinions ni ses impressions; nous lisons le journal seulement dix ans après son écriture. Une autre devise de Big Brother est non sans hasard «La liberté, c’est l’esclavage». Retiré en lui-même, Jodoin se met à l’abri de toutes obligations, se cachant derrière sa casquette, avec une grande visière opaque. Assis entre deux chaises, sur son tabouret à la librairie ou à la taverne, il n’ose bouger au risque de tomber… voire voler. La taverne où viennent biberonner les gens est comme les losanges dispensateurs de sommeil (Fahrenheit 451, Bradbury), ou le soma (Le meilleur des mondes, Huxley). Elle témoigne davantage d’une société de la diversion que du réel divertissement. «En apparence, nulle pression extérieure ne s’exerce donc sur moi.» Chez Trefflé a comme avantage de n’être pas très loin de l’endroit où Jodoin demeure, pas très loin de son lit. Il existe une métaphore qui compare le sommeil, l’engourdissement alcoolique

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