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Fiche de lecture : Eloge de la faiblesse, Alexandre JOLLIEN

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Par   •  12 Septembre 2014  •  2 075 Mots (9 Pages)  •  2 712 Vues

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FICHE DE LECTURE

ELOGE DE LA FAIBLESSE

Alexandre JOLLIEN

édition Marabout

Première édition : 1999 chez CERF

IDENTIFICATION DE L'AUTEUR ET DU DOCUMENT :

Alexandre JOLLIEN est né en Suisse le 26 novembre 1975. A sa naissance, le cordon ombilical enroulé autour de son cou, prive son cerveau d'oxygène et cause une athétose, une infirmité motrice cérébrale (ou I.M.C). Il a vécu dix-sept ans dans une institution spécialisée ou il s'appliquera à tout mettre en œuvre pour progresser et grandir. A l'adolescence, alors que l'institution préconise pour lui une orientation professionnelle dans la fabrication de boites de cigares, il réussit le pari de la scolarité non spécialisée, avec l'aide de ses parents , et étudie dans une école de commerce. Il se tourne ensuite vers la philosophie et obtiendra une licence à l'Université de Fribourg, en Suisse, en 2004.

« Éloge de la faiblesse » est son premier ouvrage, publié en 1999, à l'age de 24 ans. Il a été accueilli par le prix MONTYON de littérature et de philosophie ainsi que le prix MOTTART de l'Académie Française de soutien à la création littéraire. Cet ouvrage a été mis en scène par Charles TORDJMAN au théâtre de la manufacture à Nancy. La même année, A. JOLLIEN aide Bernard CAMPAN à écrire le scénario de «  La face cachée ».

A. JOLLIEN est spécialisé dans la philosophie helléniste. Il est aussi conférencier et intervient dans le cadre du rapport au handicap, de la différence et de la communication. Il a publié trois autres œuvres depuis : « Le Métier d'homme » en 2002, « La construction de sois » en 2006 et « le philosophe nu » en 2010.

Dans «  Eloge de la faiblesse », A JOLLIEN témoigne de son parcours de vie et nous offre une réflexion dense sur la condition de l'homme en situation de handicap et son acceptation. Ce livre retrace un itinéraire intérieur, transcrit sous la forme d'un dialogue avec SOCRATE dont l'auteur imagine recevoir la visite. A travers cet échange, l'auteur nous livre les outils dont il se sert pour apprendre à progresser dans la joie et ne pas se laisser déterminer par le regard de l'autre. La philosophie est pour lui un art de vivre, un moyen d'abandonner les préjugés pour partir à la2 découverte de sois et construire sa singularité. Peu à peu, il nous invite à progresser pour « découvrir au cœur de la faiblesse, la grandeur de l'homme ».

RÉSUMÉ :

Dans un premier temps, j'évoquerai les réflexions de l'auteur sur la question de la normalité dont il tente vainement de définir le champs. Je tenterai d'expliquer ensuite en quoi, selon lui, les faiblesses font la grandeur de l'homme. Je rendrai compte enfin du regard qu'il porte sur l'institution et les éducateurs qui l'ont accompagné pendant dix-sept ans.

LA NORMALITÉ ET LA DISSEMBLANCE :

A. JOLLIEN s'interroge sur le sentiment de dissemblance qu'il éprouve et qui crée sa condition et son identité d'homme en situation de handicap. Pour ce faire, il tente d'approcher le concept de normalité. Page 17, il la définit comme étant « ce qui est conforme à la majorité des cas ou des usages ; ce qui est habituel, familier ». L'auteur nous trouble en mettant en exergue un paradoxe : La recherche de la normalité nous fait tous souffrir et pourtant, toute la société y aspire. Cet idéal était ainsi relayé par son institution dont la politique pouvait se résumer à : « les parents ont mis au monde un enfant handicapé. Qu'ils nous le donnent, nous en feront un individu plus ou moins normal » (p44). Il a appris ainsi à « vivre mieux », c'est à dire à « améliorer son sort et se développer physiquement. » pour devenir le plus normal possible. En définitive, souffrir du poids d'une abstraction mouvante qu'est la normalité et se résoudre à se donner les moyens pour l'atteindre dévoile l'absurdité tragique de la condition de l'homme. En prendre conscience est salvateur pour apprendre à « vivre meilleur », c'est à dire à « prendre soin de son âme et progresser intérieurement » (p11). La philosophie que A. JOLLIEN découvre à l'adolescence lui enseigne à « dépasser le ''ça va sans dire'' et les clichés de la vie quotidienne » (p26), à regarder les choses autrement et à s'étonner sans cesse sur ce qu'on appelle normal et anormal. Il a pu ainsi expérimenter le « connais toi toi même » de SOCRATE et découvrir ainsi que sa singularité débordait largement le cadre de son handicap. Il a progressivement accepté que « jamais il ne serait normal » et trouver suffisamment de confiance en lui pour finalement entrer dans le « monde de la normalité », en s'orientant vers des études de commerce puis de philosophie et en vivant seul.

Volontairement, à la fin du livre, ni SOCRATE, ni A. JOLLIEN ne parviennent à définir la normalité. L'auteur nous invite ainsi à un questionnement permanent sur cette notion qui, si nous manquons de vigilance, peut parfois nous faire perdre de vue notre humanité. En effet, notre singularité, avec nos forces et nos faiblesses, est sans doute la seule chose que nous puissions réellement partagé.

LES FAIBLESSES FONT LA GRANDEUR DE L'HOMME :

Ce sont d'abord les camarades d' A. JOLLIEN qui, pendant dix-sept ans, « l'ont élevé, lui ont révélé la grandeur humaine » (p 39). JÉRÔME, en premier lieu, qui, s'inquiétant de sa tristesse lui demande « comment ça va ?» alors qu'il connaît parmi bien d'autres difficultés celle de parler. Par ses mots, « Jérôme voulait simplement signifier qu'il était content que j'existe, qu'il était content d'exister, malgré le caractère abîmé de nos existences. Pour accepter notre condition, il me montrait qu'il fallait se nourrir, se servir de notre expérience vécue, de notre faiblesse » (p.36). Une parole anodine,, un simple geste pouvait témoigner une complexité vitale. « Nous entrions ainsi dans l'existence de l'autre, prenions sur nous ses souffrances, lui communiquant ainsi notre amitié » (p.33). A propos d' ADRIEN qui n'avait

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