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Faut-il chercher à satisfaire tous ses désirs?

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Par   •  5 Décembre 2013  •  1 868 Mots (8 Pages)  •  4 767 Vues

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Sujet : Faut-il chercher à satisfaire tous ses désirs?

L'Homme, par sa nature, tend à atteindre le bonheur, cet état mental de plénitude et de sérénité qui lui procure le sentiment que son existence a de la valeur ; comme le dit Pascal, "Tous les Hommes recherchent d'être heureux. Cela est sans exception, quelques différent moyens qu'ils y emploient (...) C'est le motif de toutes les actions de tous les Hommes (...)". Ce qui pousse l'Homme vers ce but, c'est le fait qu'il se projette dans l'avenir et qu'il cherche à mener une vie épanoui plutôt qu'à simplement survivre. Cependant, être heureux semble incompatible avec la frustation, ce sentiment ressenti lorsqu'un désir est insatisfait, inassouvi. De plus, éprouver un désir revient à faire l'expérience d'un manque, autrement dit d'une souffrance. L'opinion commune nous dirige vers la pensée qu'il faut donc, pour être heureux, parvenir à satisfaire le plus de désirs. Toutefois, certains d'entre eux semble irréalisables. C'est pourquoi on peut se demander s'il est possible et souhaitable de contenter tous ses désirs, sans exception. Nous verrons dans un premier temps s'il est juste de penser que le bonheur réside dans l'assouvissement des désirs. Nous montrerons ensuite que les désirs peuvent mener à la souffrance, pour finalement nous pencher sur le lien qui uni le désir à la morale.

* Nous nous trompons peut-être en pensant que pour être heureux, nous devons satisfaire la totalité de nos désirs. Le désir est une sensation éprouvée lorsqu'on a envie de quelque chose, et qui crée une tension qui nous pousse à agir pour atteindre cet objet ; on ne désir que ce que l'on a pas. C'est pourquoi on est ammené à penser que satisfaire ses désirs, c'est mettre fin à la souffrance que nous procure le manque (que l'on ressent lorsqu'on éprouve un désir), dans la mesure ou éviter la souffrance nous rapproche du bonheur.

Les hédonistes font l'appologie du désir et de la multiplication des plaisirs : pour eux, le bonheur réside dans ces plaisirs (en particulier les plaisirs des sens) obtenus par l'execution des désirs. Rousseau nous montre dans La Nouvelle Héloïse, à travers le personnage de Julie, que le désir est euphorisant, car il nous fait nous projetter dans notre imagination. Calliclès illustre égallement ce courant de pensée en expliquant que pour lui, une vie riche est une vie durant laquelle les émotions se font omniprésentes, les jouissances intenses et éphémères que sont les plaisirs sont répétées pour ne pas tomber dans l'ennuie d'une vie stable ou l'on ne manque de rien. Don Juan, qui multiplie les plaisirs, représente la figure moderne d'un hédonisme radical, qui le mène à faire ce qu'il veut, ce qu'il désir, quelqu'en soient les conséquences. Toutefois, Socrate nous dit que mener cette vie nous plonge dans l'insatisfaction permanante (à cause de la prolifération de nos désirs), nous éloignant ainsi du bonheur.

Certains philosophes voient le désir comme une moteur de vie. En effet, Comte-Sponville explique cette conception qui est la sienne en s'appuyant sur Spinoza qui parle de désir comme "puissance d'action et force de vie". Pour lui, le désir pousse l'Homme à agir pour progresser dans son être. Nous éprouvons de la joie quand on agit selon notre conatus, mais lorsque nous ne pouvons pas le réaliser à cause de facteurs extérieurs divers, la joie laisse place à la souffrance. L'Homme cherche à agir selon ce qui est bon pour lui, et cette notion de "bon" est défini par les objets des désirs émanants de son conatus : lorsqu'on agit de cette façon (en fonction de notre conatus), nous parvenons à nous rapprocher du bonheur, d'après Spinoza. Mais satisfaire tous ses désirs contribue-t-il réellement à notre bonheur?

* Le désir semble être également un obstacle au bonheur. Tout d'abord, certains désirs sont irréalisables, des désirs vains, comme les définirait Epicure. En effet, le désir de ne pas mourir, par exemple, est inutile et sans fondement, car l'Homme est voué à disparaître, quoiqu'il arrive, et peu importe s'il désir le contraire. Ce désir est innaproprié à sa nature, et est donc une source de souffrance. Aussi, accomplir tous ses désirs reviendrait à tous les satisfaire, sans exception, au fur et à mesure qu'ils apparaissent : on tombe alors dans un processus sans fin. Platon compare le désir au mythe du tonneau des Danaïdes, êtres condamnés à remplir un tenneau percé. Le tonneau qui ne sera jamais rempli illustre le désir qui ne sera jamais satisfait, car dès que l'un d'entre eux est assouvi, il laisse place à un nouveau. L'assouvissement complet et total de nos désirs n'existera donc jamais. Epicure le décrit comme le plaisir en mouvement : l'Homme serait toujours en quête, il passerait son temps à chercher à contenter tous ses désirs, les uns après les autres, ne pouvant ainsi pas atteindre la sérénité de l'âme (le secret du bonheur, du Souverain Bien). Le désir est égalemment un fantasme : nous idéalisons l'objet de notre désir car il n'existe vraiment que dans notre imagination (tout d'abord, comme on peut le retrouver dans La Nouvelle Héloïse). Du coup, lorsqu'on parvient à l'obtenir, la déception nous envahit, car il n'est pas et ne peut pas être à la hauteur de nos espérances idéalisantes. On voit donc que le désir nous mène à une forme de souffrance, mais nous nous pouvons nous demander s'il faut pour autant renoncer à tous ses désirs.

Il semblerait donc que l'on doive renoncer à nos désirs. Schopenhauer insiste sur la souffrance causée par le désir lui-même, qu'il qualifie de souffrance car il s'agit d'un manque. Ce manque ne cessera de renaître car selon lui, les êtres de l'univers sont animés

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