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Essai sur la question des portes

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Par   •  4 Octobre 2019  •  Thèse  •  4 881 Mots (20 Pages)  •  513 Vues

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Mon essai 

de la question des portes

« Il y a très longtemps dans une galaxie lointaine ». Cette expression était répétée au début de chaque film épisodique Star Wars. Elle posait le contexte spatio-temporel de la saga et l’éloignait de notre monde sans l’en détacher totalement. La formule faisait référence à un monde à la fois parfaitement séparé du nôtre et potentiellement réel, puisque dans le même Univers que nous. Nous ne pouvions nous empêcher d’analyser cette expression avec nos connaissances scientifiques. Mais une fois jetés dans la réflexion, nous sentions la fatigue du travail d’esprit. Rousseau avait vécu une sensation similaire qu’il avait décrit de la façon suivante « Je sentis la fatigue du travail d’esprit […] je sentis en même temps languir et s’attiédir de mes douces rêveries » (à la page 123-124, Rousseau).

Nos rêveries étaient toujours présentes dans nos esprits, notamment lors de nos trajets quotidiens. Lorsque nous allions d’un lieu à un autre, nos rêveries nous délassaient et nous amusaient. Comme le disait Rousseau, « la réflexion me fatigue et m’attriste ; penser fut toujours pour moi une occupation pénible et sans charme » (à la page 123, Rousseau). Nous aimions laisser nos esprits vagabonder et ne nous soucier de rien. Nous essayions d’oublier nos problèmes et de profiter de ces trajets, qui étaient comme des promenades quotidiennes. Nous avions pris pour habitude de nous focaliser sur les points négatifs plutôt que les points positifs. Lorsque nous devions quitter nos lits pour nous rendre à l’université, nous n’avions pas le courage d’affronter la fraîcheur matinale qui s’était installée dans nos chambres. Pourtant, qu’il était bon de sortir de chez nous et de sentir l’air frais du matin. Une fois la porte fermée, nous sentions la brise caresser nos visages et réveiller nos corps encore endormis. Il valait mieux profiter de cet air pur plutôt que de nous dépêcher d’arriver à destination. Les transports en commun constituaient un autre point négatif de nos journées. Si nous avions été plus attentifs, nous aurions constaté que chaque montée dans un de ces transports étaient un voyage différent.

Pour nous rendre de l’université à chez nous, nous empruntions les mêmes chemins, les mêmes bus et les mêmes lignes de métro. Ces répétitions quotidiennes pouvaient paraître ennuyeuses et fastidieuses à cause de leurs monotonies. Pourtant, chaque parcours était différent. Dès que les portes du métro s’ouvraient, leurs bruits stridents retentissaient dans la station. Annie Ernaux faisait référence à cette mémoire sonore « la porte en claquant faisait un bruit de bungalow » (à la page 132, Annie Ernaux). Dans son ouvrage, elle parlait du son d’une porte qui ressemblait fortement à un son qu’elle avait déjà entendu. Le bruit de la porte d’un bungalow avait marqué son esprit et dès que ses oreilles entendaient un bruit similaire, son cerveau l’associait à l’habitation des vacances. Le bungalow était référent de ce son puisqu’il avait marqué son esprit. Nous nous souvenions de sons particuliers lorsque nous vivions un moment marquant et inoubliable. Que l’évènement fût heureux ou triste, nos cerveaux associaient alors le moment vécu aux différents éléments de la sphère sensorielle.

Après l’ouverture des portes, une foule d’individus entraient dans la rame. Nous croisions rarement les mêmes personnes que la veille. Aucun visage ne nous était familier et chaque personne était différente. Nous nous permettions de regarder les gens qui nous entouraient le plus discrètement possible. Nous analysions leur façon de s’habiller et de se comporter. Nous nous posions de nombreuses questions pour avoir une idée des personnes qu’ils pouvaient être tels que : Que faisaient-ils dans la vie ? Quel âge avaient-t-ils ? Où se rendaient-ils ? De quelle marque étaient ces vêtements. C’était distrayant de regarder les autres. Nos esprits s’imaginaient comment ils vivaient et nous nous demandions où ces individus se rendaient. Au travail ? À l’école ? Ils rentraient chez eux ? Parfois, nos regards croisaient celui de quelqu’un s’adonnant à la même activité visuelle et spirituelle que nous. Nous nous hâtions alors de changer de champ de vision et de regarder une autre personne. Lorsqu’un individu qui nous paraissait étrange passait les portes du métro, nous nous permettions parfois de « juger par là les extrêmes différences qui sont entre nous » (à la page 470, Montaigne). Nombreux sont les ivrognes que nous avions vu entrer à huit heure du matin ou des fous qui hurlaient sur les passagers. À ce moment, nous n’avions qu’une seule envie : quitter la rame et sortir de cet endroit clôt afin de nous trouver loin d’eux. Dès l’arrivée du métro à nos stations, nous nous dépêchions de passer ces portes en « « fuyant les hommes, cherchant la solitude » (à la page 130, Rousseau). Grâce à leurs fermetures, elles allaient emmener loin de nous les personnes qui nous inquiétaient.

        Des portes fermées pouvaient être synonyme de sécurité. Enfants, nous fermions la porte de nos chambres pour qu’aucun monstre ne puisse y pénétrer.  Adultes, nous faisions la même chose, même si nous savions qu’une personne malveillante pouvait l’ouvrir sans problème. Lorsque nous prenions le bus et que le soleil s’était couché, nous n’étions pas toujours rassurés. Nous ressentions une forte crainte tout le long du trajet pour rentrer chez nous. Montaigne disait qu’il « ne sais guère par quels ressorts la peur agit en nous, mais tant y a que c’est une étrange passion » (à la page 123, Montaigne). Cette peur nous obligeait à analyser les personnes qui nous entouraient pour tenter de deviner si elles étaient malintentionnées. Quand un inconnu nous fixait vicieusement ou insistait pour nous accompagner jusqu’à chez nous, nous n’avions qu’une seule envie : descendre du véhicule. Nous espérions que cet individu n’allait pas s’arrêter aux mêmes arrêts que nous. Une fois en dehors du bus et donc dos à lui, nous attendions de voir si nous allions être suivis. Les secondes paraissaient être de longues minutes et l’attente était difficilement supportable. Nous voulions que les portes se ferment aussi vite qu’elles ne s’étaient jamais fermées. Nous avions l’impression que nos vies dépendaient d’elles et qu’elles assuraient nos protections. Le trajet n’était pas toujours synonyme de crainte. Celui du matin nous permettait de nous évader, dès que nous fermions nos « porte d’entrée » (à la page 123, Annie Ernaux).

Lors de ces trajets nous étions souvent seuls. Même si d’autres hommes nous entouraient et se rendaient au même point d’arriver que nous, ils ne nous accompagnaient pas. Etre seuls n’était pas gênant car cette solitude était nécessaire. Il était bon de nous retrouver seuls et de réfléchir à nous, notre monde et ce qui nous entoure. Ça ne pouvait être que bénéfique de prendre le temps de méditer sur un sujet quelconque par nous-mêmes et de n’être influencé par personne. Cela développait la capacité de penser par nous-mêmes et d’être capable de nous servir de nos propres entendements sans la conduite d’un autre individu. Nous nous s’affranchissions alors des pensées toutes faites que nous n’avions jamais remises en question. Des hommes ne le faisaient pas parce qu’ils avaient lu ou encore entendus une vérité prononcée par une personne d’autorité comme un professeur ou leurs parents. Il fallait penser par nous-mêmes pour prendre du recul par rapport à une idée. Le trajet de chez nous à l’université était, en effet, un moment où nous cherchions à nous « retirer dans la solitude » (à la page 45, Rousseau).

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