Dissertation Sur La Morale: Pour agir moralement, faut-il se soucier de soi?
Analyse sectorielle : Dissertation Sur La Morale: Pour agir moralement, faut-il se soucier de soi?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar proutiprouta1 • 9 Mai 2015 • Analyse sectorielle • 1 216 Mots (5 Pages) • 2 812 Vues
Pour agir moralement, faut-il se soucier de soi?
1.Agir moralement exige de ne pas se soucier de soi
A. Agir moralement, c'est écouter sa raison
Dans un premier temps, on peut penser que l'acte moral se caractérise précisément par l'oubli de nos intérêts personnels. Notre aptitude à distinguer le bien du mal étant liée à l'usage de notre raison, comme l'indique Kant, et la raison étant la capacité proprement humaine qui nous permet de combattre notre instinct – qui vise notre conservation et, partant, ordonne notre action à des motifs égoïstes –, alors, agir moralement c'est agir contre son égoïsme. Agir moralement n'est rien d'autre qu'écouter notre raison: la loi morale est en nous et, souligne Kant, est la même pour tous puisque nous sommes tous des créatures raisonnables. D'où le caractère universel de ses impératifs qui s'imposent à nous indépendamment de nos intérêts particuliers, marqués, eux, par leurs divergences.
B. Pour agir moralement, il faut agir par devoir et non conformément au devoir
Encore faut-il, pour que l'acte soit réellement vertueux, que son but soit réellement la vertu. Autrement dit, agir moralement n'est pas seulement se conformer aux impératifs de notre raison et, par là, mettre de côté nos égoïsmes particuliers. Car je peux donner l'impression que j'agis moralement (j'aide une vieille dame à traverser la rue, je mets donc de côté mon intérêt égoïste qui aurait exigé que je passe mon chemin) sans pour autant agir moralement (en réalité, j'attends une récompense de sa part, ou le regard attendri des passants). C'est là le sens de la distinction kantienne entre «agir par devoir» et «agir conformément au devoir». Dans le premier cas, il s'agit de la définition même de l'acte moral : j'agis moralement pour agir moralement, par pur amour du devoir (j'aide la vieille dame à traverser sans rien attendre en retour). Au contraire, agir «conformément au devoir», c'est faire son devoir, se conformer à ce que me dit la loi morale , mais sans perdre de vue mon propre intérêt égoïste (au fond, j'attends une récompense, je crains une punition…). Cet acte, en apparence moral, ne l'est donc pas.
C. L'acte moral est donc par essence un acte désintéressé
L'acte moral est ainsi conditionné par ma capacité à oublier totalement mes intérêts égoïstes. Il est, par définition, un acte désintéressé, c'est-à-dire un acte effectué indépendamment de mon intérêt personnel, voire un acte qui va à l'encontre de mon intérêt personnel. Ce n'est pas non plus un acte fait dans l'intérêt des autres : en réalité, il exclut absolument toute considération relative aux intérêts. Je n'agis pas pour moi ni pour les autres: j'agis par pur amour du devoir, c'est-à-dire que ce qui motive mon action est le souci exclusif d'obéir à la loi morale. L'acte moral est donc un acte sacrificiel par lequel un sujet met de côté le jeu des intérêts et, ce faisant, réalise ce qu'il est en son fond, c'est-à-dire une créature raisonnable.
Mais alors si je dois, pour que ma conduite soit morale, me sacrifier, on peut douter de la possibilité même de l'acte moral. Car l'attitude désintéressée est-elle seulement possible? Être vertueux pour être vertueux, à supposer que cela soit humainement possible, serait tout de même être vertueux dans un certain but. Par ailleurs, que peut-il bien y avoir de moral dans le sacrifice de soi?
2. Pour agir moralement, il faut se soucier de sa nature
A. Définir la vertu par le désintéressement rendrait l'acte moral impossible
Car à bien y regarder, peut-il exister un acte purement désintéressé, c'est-à-dire un acte qui n'aurait pour but ni l'intérêt des autres ni le mien? Dans le cadre d'une morale religieuse, je dois me donner
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