Un monde sans art est-il possible?
Dissertation : Un monde sans art est-il possible?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar chloeleroux12 • 5 Novembre 2020 • Dissertation • 2 111 Mots (9 Pages) • 1 360 Vues
Chloé Leroux Dissertation TSA
Un monde sans art est-il possible?
Étymologiquement, en grec, l’art et la technique ont la même origine: techne, désignant l’habilité et le savoir faire. L’art va pourtant souvent être synonyme d’artifice, bien que il suppose également l’esprit.
Alors, un monde sans art est-il possible?
Premièrement, le terme « art » peut être interprété de différentes manières en fonction de l’époque, par exemple jusqu’au XVIIIe siècle, on ne distinguait en rien l’artisan de l’artiste. L’art peut parfois être considéré comme la création de toute chose, selon Heidegger : « L’essence de l’art, c’est la vérité se mettant elle-même en oeuvre ». La philosophie ne sait pas ce qu’est l’art, elle se concentre seulement sur sa fonction, qui peut être plurielle. Longtemps on n’a su distinguer l’art du beau, puis on a fini par comprendre que l’art ne doit pas obligatoirement être beau, mais authentique.
Ensuite, dans ce contexte le monde représente le tout. Il représente la nature, les êtres vivants, nos sociétés…
Le fait d’employer la notion de possibilité admet qu’on remette en question l’existence du monde sans la présence de l’art. Cependant on parle d’un monde et pas du monde car définir le monde comme totalité implique qu'il n'y ait pas autre chose, car au-delà de tout, il n'y a rien. Si le monde est tout, il est unique, or cela reste une tout autre question.
La notion d’existence est ici mise en avant afin de mettre sur le devant de la scène le fait que l’art soit essentiel à la création d’un monde, donc à la création de toute chose.
On va donc reformuler la question précédente ainsi: L’art est-il nécessaire?
Tout d’abord on verra que l’art est chose essentielle pour son utilité tout simplement, mais on verra également qu’il est possible de se passer de lui car l’art n’est pas un besoin biologique. À travers ses deux parties, on discutera aussi de la place et l’évolution de l’art dans notre monde à travers les époques afin de comprendre pourquoi les philosophes ont des points de vue qui different autant, que ce soit à propos du rapport art/nature ou du rapport art/beauté.
Tout d’abord, abordons la notion d’un art nécessaire et essentiel à notre monde.
L’art répond à un besoin distinct des besoins biologiques: le besoin de l’esprit. Il est la voix de l’homme dans son face à face muet avec la nature, il permet à celui qui le manie de pouvoir s’exprimer. Utiliser l’art comme l’expression d’une vérité revient à le réduire à un moyen utile au lieu d’en faire une activité ayant sa fin en soi. Libérateur, il est un chemin vers la vérité. Notre monde est principalement constitué par la nature, qui elle même résulte de l’art.
Bien que la présence des premiers êtres vivants sur Terre soit une question existentielle dans laquelle l’art n’a pas sa place, la continuité de la Vie, elle, n’en est que le résultat. N’est-ce pas de l’art que de créer un être vivant dans son propre ventre, un être vivant qui en contient un autre? Les mammifères sont un exemple de la nécessité de l’art dans le monde, et plus précisément l’espèce humaine.
Bien évidemment, la conception que l’on a de ce mot, de cette idée, va varier. Par exemple, l’abeille qui construit sa ruche le fait par instinct animal, par besoin et non pour son plaisir. Il en va de sa survie et de sa propre utilité, selon mon opinion ce ne peut être considéré comme de l’art.
D’après les idées précédentes, on peut conclure que sans art il n’y a pas de vie.
Ensuite, Plotin est un philosophe romain du IIIe siècle après J-C pour qui l’art doit conduire à la vérité et non à l’illusion, il nous dit que « l’art permet l’éducation de l’âme ».
Il faut bien voir que l’art permet à l’homme de s’exprimer, que ce soit l’artiste peintre qui exprime ses pensées sur une toile ou l’artisan qui vit de son métier, donc de l’art. C’est un besoin qui permet de s’aérer l’esprit, un savoir-faire permettant d’en apprendre toujours plus.
Le rapport art/nature est complexe car il a attiré diverses théories: selon Aristote l’art imite la nature, selon Hegel l’art idéalise la nature et enfin selon Wilde, la nature imite l’art. Encore une fois, nous ne pouvons prouver la véracité de telle ou telle théorie. Cependant, l’art ne doit pas représenter la réalité telle qu’elle est mais l’idéaliser pour élever l’âme vers la contemplation.
Selon Hegel et Oscar Wilde, ce n’est pas l’art qui imite la nature mais la nature qui imite l’art, comme on peut le constater en admirant le chant d’un rossignol. Au final, toute oeuvre de l’esprit est supérieure à la plus habile imitation de la nature.
On peut donc en conclure que sans l’art, le monde ne serait qu’une coquille vide, comme la matière sans l’esprit, et le corps sans l’âme.
Maintenant, si nous nous intéressons à l’aspect esthétique de l’art, on peut vite remarquer que la beauté est subjective. Une oeuvre qui serait belle pour une personne peut ne pas l’être pour une autre. Le côté esthétique se réfère plutôt aux artistes qu’aux artisans, et selon mon opinion cette facette de l’art est une bouchée d’air frais pour notre monde et notre société et dont la place n’est pas à négliger. Bien entendu, l’art n’a pas toujours eu pour but d’être beau mais pour autant nos plus anciens ancêtres l’ont aussi utilisé. À la préhistoire déjà, les Homo Sapiens peignaient leur histoire sur les murs de leurs grottes, au temps des Romains les empereurs faisaient faire des statues à leur effigie afin de laisser un trace de leur passage, les rois faisaient de même avec des tableaux et des portraits… En effet l’art possède une particularité qu’on ne peut prêter à rien ni personne d’autre: l’art ne subit pas le temps.
Un monde sans art serait inhumain car dès qu’il y a l’homme, il y a de l’art. On peut donc affirmer que l’homme a besoin de l’art car il a besoin des valeurs qu’il incarne. Comme l’a dit Nietzsche dans un de ses ouvrages: «L’art et rien que l’art! C’est lui qui nous permet de vivre, qui nous persuade de vivre, qui nous stimule à vivre.» .
Cependant, l’art n’est en rien un besoin biologique de première nécessité, on en vient donc à s’interroger sur sa place dans le monde.
L’homme a besoin en premier lieu d’un toit pour sa famille, de nourriture et d’eau. L’art n’arrive que longtemps après dans la liste des besoins fondamentaux. C’est seulement après avoir rempli sa mission (travailler pour gagner de l’argent dans le but de pouvoir mettre à l’abri sa famille) que l’homme peut se permettre le luxe de l’art. Car en effet, l’art n’est que divertissement, le propre de l’art est d’être inutile… Pour le philosophe Kant, l’art et le beau ne font qu’un, une oeuvre d’art se doit d’être esthétique car « L’oeuvre d’art n’est pas la représentation d’une belle chose mais la belle représentation d’une chose ». Il nous dit également que le beau (donc sous-entendu l’art) doit être distingué de l’utile. En clair, l’art est inutile. De plus, pour lui le beau doit être distingué du vrai, ce qui contredit les affirmations de la première partie qui annonçait l’aide apportée par l’art dans le chemin vers la vérité. Platon lui même le faisait remarquer, l’art n’est que mensonge et tromperie. L’artiste est vu comme un illusionniste qui va détourner l’homme de sa véritable mission, le mettre sur la mauvaise voie.
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