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Sociologie : Classes, stratification et mobilité sociale

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Par   •  9 Février 2018  •  Étude de cas  •  3 871 Mots (16 Pages)  •  860 Vues

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Sociologie Partie 1 : Classes, stratification et mobilité sociale[pic 1]

1.2 Comment rendre compte de la mobilité sociale ?

Notions pré-requises de première :

 Groupe d’appartenance, groupe de référence, socialisation anticipatrice, capital social

I. Comment mesurer la mobilité sociale ?

  1. Qu’est –ce que la mobilité sociale ?

La mobilité sociale est multiforme

Les formes de mobilité dans notre société sont multiples. La mobilité géographique désigne un changement de lieu de profession ou de lieu de vie, la profession restant la même. Il faut la distinguer de la mobilité sociale qui implique forcément un changement de statut socioprofessionnel.

La mobilité professionnelle, qui représente la capacité d’un individu à changer de métier au cours de sa carrière professionnelle, peut constituer une forme de mobilité sociale si elle implique un changement de statut.  On peut l’illustrer par l’exemple des ouvriers qui ont du se reconvertir dans un emploi tertiaire à cause de la désindustrialisation, ou encore par la promotion sociale d’un employé qui serait devenir cadre au cours de sa carrière professionnelles. Dans ces deux cas, la  mobilité sociale correspond à une mobilité intragénérationnelle (changement d’emploi ou de métier au cours de la carrière professionnelle d’un individu).  Mais la forme de mobilité qui va vraiment nous intéresser est la mobilité intergénérationnelle : elle permet de mesurer la position sociale des individus par rapport à celle qu’occupaient leurs parents. Cette mobilité est ascendante si l’enfant occupe un statut socioprofessionnel plus valorisé que celui de ses parents, et  sera descendante dans le cas inverse.

L’étude de la mobilité sociale, un enjeux politique

La mesure de la mobilité sociale intergénérationnelle permettra de distinguer les sociétés de castes des sociétés méritocratiques. Une société de castes désigne, avec un sens péjoratif, une société dans laquelle les positions sociales sont héritées en fonction de celles des parents : la société est socialement immobile (pas de mobilité sociale) puisque c’est la naissance qui déterminera la destinée des enfants. Par opposition, une société méritocratique est caractérisée par la possibilité de changer de statut social en fonction du mérite, c’est-à-dire des efforts (ou non) fournis par les individus pour évoluer dans la hiérarchie sociale : la place dans la société n’est donc pas hérité (contrairement aux castes) : il y a donc la possibilité d’une mobilité sociale ascendante lorsque l’individu fait des efforts pour accéder aux classes sociales supérieures. Elle peut également être descendante lorsqu’un individu, né de parents appartenant à une classe supérieure, ne fait pas les efforts attendus pour maintenir la même position que celle de ses parents. Mesurer et analyser les facteurs de mobilité est un enjeu politique important. En effet, une société démocratique se distingue d’une société de castes par le fait  que la détermination des positions sociales n’est pas le simple résultat d’un héritage de génération en génération. S’il n’y a pas d’efforts consentis pour améliorer l’égalité des chances d’accession à un poste valorisée dans la hiérarchie sociale, la démocratie peut être remise en cause.

 B. La mesure de la mobilité intergénérationnelle

Pour mesurer la mobilité sociale entre les générations, l’INSEE a construit des tables de mobilité à partir d’enquêtes FQP (formation et qualification professionnelle) auprès d’un échantillon de 40 000 ménages (couples père-fils), la dernière ayant été réalisée  en 2003. Ces enquêtes ont permis de construire deux types de tables de mobilité.

Les tables de destinée nous renseignent sur ce que deviennent les fils issus d'un groupe socioprofessionnel donné

Les tables de destinées permettent de répondre à la question posée aux pères « quel est la profession de votre fils ? ». Par  exemple selon l’ Enquête FQP 2003, lorsque l’on interroge 100 pères agriculteurs, 22 ont un fils  agriculteur en 2003 (pour les hommes de 40 à  59 ans), 9 sont cadres et professions intellectuelles supérieures, etc. … Dans la table de destinée, la diagonale indique le degré " d'immobilité sociale ", le poids de l'hérédité si l'on peut dire : elle indique pour chaque catégorie le pourcentage d'individus de 40 à 59 ans au moment de l'enquête qui ont conservé la position sociale de leur père.

Les tables de recrutement nous renseignent sur la position sociale des pères des individus composant un groupe socioprofessionnel

 Les tables de recrutement ont été constituées à partir de la question posée aux fils à savoir « quel était la profession de votre père lorsqu’il était en activité? ». Les tables de recrutement indiquent donc dans quel milieu social les individus de tel ou tel groupe socioprofessionnel proviennent, se recrutent. Elles se lisent de la manière suivante : quelle est l'origine sociale de 100 agriculteurs aujourd'hui (de 40 à  59 ans), autrement dit, que faisaient les pères de ces 100 agriculteurs ? En lisant la table, on peut dire qu’en 2003, 88 étaient agriculteurs, ce qui signifie que 88 % des agriculteurs ayant entre 40 et 59 ans en 2003 avaient un père lui-même agriculteur. Là  encore, la diagonale répertorie les immobiles, c'est-à -dire ceux qui occupent une position sociale identique à  celle de leur père.

Ces deux tables peuvent être exprimées en valeur brute (c’est-à-dire en nombre de personnes) ou en pourcentage. Pour effectuer l’analyse des données, il est préférable d’étudier les tables exprimées en pourcentage car elles apportent les mesures de la mobilité sociale en proportion, ce qui facilite les comparaisons.

Un repérage du type de table est nécessaire avant toute analyse

La difficulté est bien sûr de ne pas confondre les deux types de tables de mobilité et de les lire comme il faut. Ce n'est pas simple, mais c'est important car ces deux tables ne nous donnent pas le même genre de renseignements. Vous le voyez bien avec l'exemple des agriculteurs : une très grande partie des agriculteurs (88 %) ont un père qui était lui-même agriculteur mais beaucoup de fils d'agriculteurs (78 %) ne sont pas devenus eux-mêmes agriculteurs, pour des raisons dont on reparlera plus loin.

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