Pensez-vous que le corps puisse être objet d'art ?

Pensez-vous que le corps puisse être objet d’art ?

Le corps est présent dans l’art quelque soit le courant et les civilisations. Mais son utilisation n’est pas la même. Il peut être représenté de manière harmonieuse, robuste, athlétique et instaurer chez son observateur un sentiment d’admiration, ou au contraire, évoquer la misère, la fragilité, la compassion. Mais le corps peut-il réellement constituer un objet artistique ?

Nous verrons en premier lieu que l’homme n’a pas toujours eu le même rapport avec son corps avant de nous pencher sur la façon d’utiliser le corps pour en faire une œuvre artistique.

Dans l’antiquité, Hercule représente l’image du corps parfait, grand, robuste, svelte. Il est alors un objet que l’on admire. Tandis qu’au Moyen-Age, le corps est représenté à l’image du Christ, maigre,  blême, inspirant la pitié et la compassion chez son spectateur. Le monde divin et sacré rencontre le monde terrestre et profane. L’époque contemporaine a tendance à désacraliser le corps. On peut le constater avec Picasso et son tableau « Guernica » par exemple où le corps est sans dessus-dessous, représenté de manière totalement abstraite et irréelle. Ou bien encore chez la « Supermarket Lady » de Duane Hanson qui critique la société de consommation en nous présentant une caricature de la cliente « type » d’un supermarché américain au XXème siècle. Le corps peut être à la fois source d’angoisse, de honte, d’admiration ou de rejet. Pour vivre avec en harmonie, il faut l’accepter, l’entretenir. Les bodybuilders font de leur corps une fierté. Ils le montrent, le sculptent, s’admirent. Il considère alors son corps comme une œuvre, son œuvre.

En effet, ce corps est une œuvre dans notre société car il répond aux canons de beauté en vigueur. Mais l’art n’est pas toujours synonyme du « beau ». Le corps a des limites que la peinture et la sculpture ignorent. Le tatouage quant à lui n’est qu’un dessin artistique posé sur un corps qui n’est alors qu’un support pour cette œuvre et non l’œuvre en elle-même. Le bodybuilder peut pousser autant de fois la fonte qu’il le souhaite, il aura toujours 2 bras, 2 jambes, 2 yeux. Quant à la chirurgie, elle ne fait que réparer une œuvre considérée comme imparfaite. Qui imagine Michel-Ange donner un seul coup de burin sur une œuvre qu’il n’a pas réalisé lui-même puis considérer celle-ci comme une œuvre à part entière.

Le corps est objet d’art quand il est représenté, pensé, imaginé mais pas en tant que tel. Un objet naturel n’est en aucun cas considéré comme un objet d’art tout comme un arbre, une chèvre, le soleil, la mer et tout ce qui constitue notre univers.

En conclusion, le corps ne constitue pas un objet d’art en lui-même mais dans sa représentation artistique. Elle met en lumière les courants de pensée, les mœurs de la société. Le corps humain est une œuvre innée, originelle, une création naturelle sur laquelle l’artiste n’a pas mis sa patte.

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