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Le beau est-il accessible à tout le monde?

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Par   •  15 Avril 2020  •  Dissertation  •  1 109 Mots (5 Pages)  •  1 451 Vues

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Le beau est-il accessible à tout le monde?

 

 

 

Le beau génère un sentiment de satisfaction; il ne se confond pourtant pas avec l’agréable. Ce qui est agréable plaît aux sens, telle l'odeur d'une rose, tandis que ce qui est beau, s’adresse à l’esprit, comme le fait un tableau, un poème, un opéra…. Mais cette capacité de l'esprit à parvenir  au beau et à sa compréhension est-elle accessible à tout le monde? Mais comment définir le beau, et de quelle manière s'exprime-t-il? Est-ce une valeur absolue? Ou bien sa définition est-elle différente pour chaque personne ou groupe de personnes? Enfin, si le beau est une valeur absolue, que dire des personnes qui considèrent comme laid ce qu’une majorité désigne comme beau?

 

Mais délaissons donc la définition par trop simpliste donnée ci-dessus, et voyons ce qu'en dit ​Platon. Selon cet antique Philosophe, le terme grec ​kalos, ​ que l'on traduit maladroitement par​ ​ beauté, désigne tout ce qui est ​harmonieux​. Ce qui est beau procure, à qui le regarde ou le touche, un plaisir esthétique voire même érotique. Platon associe également le beau au ​vrai ​et au ​bien, ​comme une des idées les plus élevées. L'intuition de la beauté serait donc supérieure à la jouissance elle-même, provoquée par la possession en propre de « l’objet ». Dans cette œuvre majeure qu'est ​Le Banquet​, il montre comment il est possible voire même souhaitable de transcender  le désir des beaux corps pour parvenir à l’amour des belles âmes, et enfin, à la contemplation de la beauté en soi. Être beau, revient alors à se rapprocher d’un ​idéal abstrait ​ soit approcher autant que possible le modèle choisi. Ce qui revient, pour Platon, à assimiler  la beauté à la perfection esthétique, qui reflète la perfection spirituelle. Cependant, certains philosophes ne partagent pas cette approche du beau… Je voudrais ici prendre pour exemple ​Hegel​, qui, sans être totalement à contre-pied de Platon, avance qu'il existe une différence nécessaire à formuler, entre la beauté de la nature ou ce qui en est une représentation, et le beau artistique. Selon lui, le beau artistique serait « Très au-dessus  de la nature», car pure conception de l'esprit. Ce beau artistique permettrait selon lui d'accéder à la conscience de soi. Le seul problème de cette théorie est que le philosophe néglige le fait que tout ce que l'artiste connaît et donc qu'il représente est la nature, car il ne connaît rien d'autre. Aussi ne nous étendons donc  pas sur cette théorie, mais passons plutôt au point de vue ​kantien​, qui vient épauler voire même compléter celui du Philosophe grec. Ce philosophe du XVIII ème siècle dissocie vigoureusement l'idée de beauté et la sensation de plaisir. Pour Kant, tout comme pour Platon,  la beauté est une «satisfaction désintéressée», et c'est pourquoi  il n'accorde aucun intérêt à l'existence de l’œuvre, mais seulement à ce qu'elle est. Il souligne de surcroît  qu’il y a dans tout jugement de goût une prétention à l’universalité, ce qu'il affirme par cette assertion : «Est beau ce qui plaît universellement sans concept». Ainsi donc, la beauté est-elle une valeur absolue ou bien chaque personne en possède-t-il une définition propre?

 

Si l'on synthétise les différents points de vue, il semble que l'on puisse, ou plutôt que  l'on doive définir la beauté non sur un, mais bien sur deux niveaux. Le premier peut être résumé par ce concept; est beau ce qui procure un plaisir esthétique  à l’esprit, mais de manière absolue, tout comme l'est la Sagesse, soit un principe transcendant les époques, les lieux, et même les civilisations. Ainsi, cette beauté-là est accessible à tout le monde, étant donné qu'elle est un principe absolu et non dépendant de l'interprétation humaine, et de la civilisation qui forme les goûts. Justement, parlons-en de cette civilisation. La civilisation est liée à la culture de manière intrinsèque. La culture est l'émanation concrète et perceptible de la civilisation. C'est elle qui fait que les hommes peuvent vivre en société sans être en perpétuel conflit. Cette civilisation qui s'exprime par la culture est intrinsèquement liée à la nature humaine, puisqu'elle la forge. Et c'est également par le biais de la culture que l'on peut aborder le deuxième niveau, la seconde définition de la beauté. Cette beauté, qui est inscrite dans les hommes par la culture est, elle, sujet à controverse. En effet, étant donné que les hommes vivent en société, ils développent ensemble une conception civilisationnelle du beau; cela signifie donc que, en fonction du niveau de société dans lequel on est né et dans lequel on a été élevé, ainsi que du pays voire même de l'ensemble de pays partageant une même civilisation où l'on vit, la définition du beau varie. Cette définition du beau est donc relative et dépend de nombreux facteurs, ce qui vient étayer la théorie de Hume, pour qui «La beauté n’est pas une qualité inhérente aux choses elles-mêmes, elle existe seulement dans l’esprit qui la contemple, et chaque esprit perçoit une beauté différente». Cette théorie relativiste veut que la beauté ne soit pas absolue, mais propre à chaque Homme. Ainsi donc, ce second niveau n’est pas le beau, mais la beauté, la nuance consistant en le fait que le beau est un principe universel, tandis que la beauté est beaucoup plus subjective et n’est pour parler ainsi, qu’un “sentiment de beau” comme le décrirait Kant.  Or, les sentiments sont justement éduqués par la culture, la civilisation, et donc peut varier, et même, varie, en fonction des époques et des lieux. Ainsi, pour prendre un exemple simple, peu de personnes, pour ne pas dire aucune, accepteraient de porter des atours moyenâgeux, car cela ne serait plus considéré comme beau, alors qu’à l’époque, ils étaient symboles de richesse et de grâce… Et c’est pourquoi lorsque l’on dit “ceci n’est pas beau”, ou même “ ceci est beau” l’on pratique un abus de langage, étant donné que l’on critique la  beauté de l’objet ou de la personne en question, on exprime son sentiment à ce sujet, mais l’on aborde pas un seul instant le beau en tant que tel.

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