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L''art a t-il besoin de règles ?

Dissertation : L''art a t-il besoin de règles ?. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  26 Mai 2020  •  Dissertation  •  2 244 Mots (9 Pages)  •  1 152 Vues

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L’art a t’il besoin de règles ?

                        Les ouvrages consacrés à l’art ou les témoignages des artistes eux-mêmes, s’accordent à reconnaitre qu’il existe non pas une définition universelle de l’art mais deux .

 En effet on distingue comme dans l’antiquité , l’art au sens  de technique ( techné en grec)et d’une manière plus étroite l’art comme la production de la beauté , capable de susciter une émotion particulière chez celui qui contemple ou entend un chef d’œuvre. 

Dans ce dernier sens on a coutume d’associer l’art ou l’artiste à une liberté , une originalité, une créativité qui n’appartiennent qu’à lui et qui  sont le fruit de son indépendance .

Or l’art a-t-il besoin de règles ? Cette question pose un problème important . En effet le terme « règles » suppose des contraintes auxquelles devraient se soumettre l’artiste . Ceci parait incompatible avec son l’opinion générale que l’on a de l’artiste .

De plus si l’on affirme que l’art a besoin de règles, cela implique qu’il ne peut y avoir d’art sans règles. Dans ce cas que deviennent l’originalité , la singularité de l’œuvre d’art ?

Ainsi nous nous interrogerons sur la nécessité des règles dans l’art, puis , puis nous nous demanderons s’il est possible d’envisager un art sans règles . Enfin nous verrons que l’art peut se nourrir des règles en s’en libérant.

   

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                Si nous lisons à la définition d’Aristote dans l’Etique à Nicomaque, l’art est « une disposition à produire accompagnée de règle ». Il établit ainsi un lien de nécessité entre art et règle . Pour lui le mot art est synonyme de technique , de savoir-faire . D ’ailleurs en grec le mot art se traduit techkné. Aristote poursuit sa démonstration en distinguant art et expérience. Pour lui l’art au sens de savoir- faire commence quand on peut élaborer des règles générales à parti de l’expérience . Il prend l’exemple du médecin qui s’il est un homme de l’art doit savoir soigner tous les malades d’une même catégorie avec le même remède. Il a réussi à partir de cas particulier à formuler des régles

Dans ce sens on peut alors assimiler l’artiste à un artisan qui doit acquérir un savoir-faire, des règles pour mener à bien son œuvre. L’architecte ou le médecin ont acquis et accumulé un savoir pour maitriser les «  règles de l’art ».  Ainsi le peintre doit connaitre les règles qui produisent les couleurs différentes ou le musicien doit connaitre les gammes ou les règles du solfège.

D’ailleurs il existe des écoles d’art . Kant lui-même, dans son ouvrage : critique de la faculté de juger reconnait que l’artiste doit pouvoir servir de modèle. Il y a des apprentis qui ont des maitres qui leur transmettent leur savoir . 

 Depuis le 20eme siécle on voit même comment la technique se met au service de l’art dans ce qu’on appelle l’art industriel. Adorno et Horkheimer  définissent les règles qui permettent de produire des biens culturels en masse . C’est aussi Andy Warhol qui a valorisé ce genre de production artistique obéissant à des règles de fabrication en grand nombre. Le design est lui aussi un exemple où l’art et la technique se rejoignent . Le design réussit à concilier la beauté et la fonctionnalité. Hegel affirme que »‘l’œuvre d’art  a un côté purement technique qui confine à l’artisanat      Pourtant n’y a-t-il pas un danger à l’art à la technique ?   Un artisan est-il aussi un artiste ? C’est Kant qui dans Critique de la faculté de juger, distingue l’art de la science, mais aussi du métier . Connaitre les règles ne suffit pas pour produire un chef d’œuvre .

On voit bien ici que le mot art renvoie au sens moderne, datant du XIX siècle plus étroit : production de la beauté. Or cela semble incompatible avec des règles.

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     Si l’art est production de la beauté , comme on le définit depuis le XIX siècle généralement, on se rend compte que cela implique l’existence d’un créateur qu’on associe souvent au génie. Ainsi c’est ce qui le distingue de l’homme ordinaire ou de l’artisan. Il est inspiré . Pour Platon, dans l’ouvrage intitulé Ion,le génie est soumis à ce qu’il appelle une «  fureur divine ». Dans la mythologie ce sont les muses qui inspirent les artistes. On  parle aussi de don  . On souligne par là que l’artiste n’est pas un homme ordinaire mais qu’il posséde en lui quelque chose de difficile à définir et qui le dépasserait .C’est Kant qui définit le génie comme «  le talent de produire ce dont on ne peut donner de règle déterminée »  . Pour lui la production de l’artiste est originale . Il est vrai qu’il n’y a qu’une Joconde . Chaque œuvre correspond à une invention, une créativité que l’artiste a parfois du mal à expliquer .  Quand les artistes tentent d’expliquer leur production, ils le font souvent après-coup., ou parfois ne disent rien ne pouvant expliquer leur processus de création.. En fait l’artiste exprime une forme de subjectivité qui lui est propre et qu’on ne peut réduire à des règles . le philosophe Alain, dans Système des Beaux-arts précise la différence entre l’artiste et l’artisan, en affirmant que l’artiste est » spectateur de son œuvre » et que le génie doit « s’étonner lui-même »  L’artisan définit à l’avance ce qu’il va faire , l’artiste lui a une idée mais au moment de l’exécution il se laisse surprendre par l’inspiration . …D’ailleurs quand va t’il décider que ce tableau est le bon, que cette symphonie est réussie ? Quand cela lui parait à lui achevé et parfait selon ses critères à lui . Donc il y  autant de chef d’œuvres  que d’artistes et pas un ne ressemble à un autre. Dans ce sens la création parait n’obéir à aucune règle.  Mais si l’on admet que les règles ne peuvent pas exister quand il y a un chef d’oeuvre artistique n’y a-t-il pas des risques à voir alors tout et n’importe quoi ériger en œuvre d’art ? C’est peut-être ce que voulait signifier Marcel Duchamp avec son urinoir . Tout peut-être qualifié d’œuvre d’art si l’artiste le décide . Platon estime que l’art a besoin de regles sinon ce n’est pas de l’art . pour lui la règle est morale . Une œuvre d’art doit être jugée sur l’effet moral qu’elle produit , à savoir apporter le bien. Sinon , Platon parle de beauté fortuite.   En effet si un artiste qui n’obéit à aucune règle produit néanmoins un chef-d’œuvre c’est peut -être le fait du hasard et alors il n’en produira qu’un . A ce compte tout le monde peut-être artiste. C’est parfois la question que l’on se pose quand on regarde des œuvres d’art contemporain comme celles de Jeff Koons  Donc la liberté totale en art semble dangereuse et peut être improductive. C’est ce que souligne Stravinsky  quand il évoque son impression au moment de créer d’être face à » un abime de liberté ». Il parle de sa terreur et du vertige qu’il éprouve . or ce qui le rassure, c’est de « disposer des 7 notes de la gamme » donc des règles . On peut donc envisager de concilier art et règles sans que cela ne nuise à la créativité.                        

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