Introduction sur "A-t-on besoin d'apprendre à être libre ?"

L’idée de devoir nécessairement apprendre à être libre paraît contradictoire dans la mesure même où la liberté se définit d’abord comme l’absence de contrainte et que le processus d’apprentissage se révèle être une telle contrainte. Par exemple, si l’on apprend à une femme battue la liberté en lui conseillant de quitter son mari violent, alors elle renonce paradoxalement à sa liberté en laissant déterminer ses choix par celui qui la conseille. Toutefois, il semble qu’il faille apprendre au jeune enfant à ne pas faire n’importe quoi de sa liberté pour qu’il puisse réellement en profiter. L’enjeu de la question posée est donc de sauver la liberté en démontrant que la liberté ne s’apprend pas ou du moins que son apprentissage n’est pas lui-même un acte liberticide. Si la liberté devenait hétéronome, alors nous ne serions plus libres, et il ne serait plus possible de juger les citoyens pour les actes qu’ils ont commis. Nous devons donc nous demander si l’apprentissage de la liberté est contradictoire avec son exercice, ou s’il faut en passer par là pour être pleinement libre. Dans un premier temps, nous verrons que la liberté est immédiate, c’est-à-dire qu’elle ne suppose justement pas la médiation de l’apprentissage. Dans un second temps, nous verrons qu’une liberté n’est rien d’autre qu’une illusion et qu’il faut apprendre pour connaître les causes de notre comportement. Pour finir, nous verrons que l’apprentissage de la liberté peut être lui-même autonome quand c’est moi qui entreprends d’apprendre : dès lors, cet apprentissage accroît et concrétise ma liberté plutôt qu’elle ne l’amoindrit.

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