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Dissertation : « Pourquoi nous intéressons nous à l'art ?»

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Par   •  21 Juillet 2021  •  Dissertation  •  2 925 Mots (12 Pages)  •  384 Vues

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Philosophie de l’art

      Dans la pièce Art, de Yasmina Reza, le conflit entre les personnages Serge et Marc s'explique par un désaccord au sujet d'une œuvre d'art. L'oeuvre est un tableau blanc, qui provoque l'enthousiasme de Serge. Il replace son tableau dans une histoire artistique particulière, ce qui lui donne tout son intérêt. Pour Marc, l'objet n'est pas artistique, car il ne provoque pas de plaisir esthétique, il ne représente rien. Cette pièce révèle l'importance que peut avoir notre relation de l'art. Elle peut nous définir en tant qu'individu. Et elle montre que les attentes vis-à-vis de l'art peuvent être différentes selon les personnes. Il existe donc des approches différentes possibles d'une même œuvre d'art. L'intérêt que nous avons pour l'art peut en effet s'expliquer par des causes différentes. Ces causes peuvent même sembler antagonistes, contradictoires. Cela explique la différence d'opinion entre Marc et Serge sur le même tableau. Aussi, l'art est au centre de nos vies, comme le montre le nombre important d'organismes culturels présents dans nos villes. Nous visitons des musées, nous allons dans des cinémas, nous achetons des livres. Le terme même « œuvre d'art » renvoie donc à des réalités différentes. Nous pouvons être étonnés de la grande richesse d'œuvres possibles. Les catégories d'œuvres d'art sont variées et permettent de satisfaire, peut-être, les différentes attentes des individus. Ce qui est de l'art pour quelqu'un, peut ne pas être de l'art pour une autre personne. Ils ne trouvent en effet pas le même intérêt dans l'art, donc ne le définissent pas de la même manière. Il y a donc plusieurs types différents d'œuvres. Nous pouvons distinguer celles qui sont des exemplaires uniques (comme une sculpture) et qui ont une présence physique, de celles qui sont destinées à être interprétées, comme les pièces de théâtres ou les opéras. Certaines œuvres doivent aussi être complétées par l'individu lui-même, comme les ouvrages littéraires. Chacun peut trouver dans ces œuvres un intérêt, c'est-à-dire une raison de les apprécier et même de vouloir les comprendre et les interpréter. Mais l'approche de l'œuvre d'art semble subjective, ce qui est un motif d'intérêt pour quelqu'un peut ennuyer une autre personne. Quelles sont les causes de notre intérêt pour l'art ? Comment réconcilier ses intérêts, qui semblent antagonistes? Quel est l'essentiel de ce que nous recherchons dans l’art ? D’abord, nous étudierons en quoi l’art occasionne un plaisir particulier, un plaisir esthétique, reposant sur le libre jeu des facultés. L’art ne relève pas du dicible et permet de nous transformer. Ensuite, nous montrerons que l’art peut nous transmettre des connaissances, nous apprendre sur le monde. Replacer une œuvre dans un contexte historique et social peut être essentiel pour la comprendre. Cela constitue donc également un motif d'intérêt pour l’art. Cependant, il existe toujours de multiples interprétations possibles d’une même œuvre, ce qui est une richesse. Enfin, nous tenterons de nous dépasser ces conceptions et de de nous concentrer sur l’essentiel de ce qui justifie notre intérêt pour l’art, en évoquant qu’il nous permet de construire et d’interpréter le monde, de nous orienter et de proposer toujours de nouvelles interprétations du réel. Ces interprétations modifient notre regard sur le monde, elles deviennent des modèles.

     Nous nous intéressons à l'art parce qu'il nous occasionne un plaisir esthétique et des émotions nouvelles. Dans l'œuvre d'art, nous faisons l'expérience d'une réalité qui dépasse la signification, qui n'est pas dicible.  

   L'art peut être défini, d'abord, comme ce qui provoque un plaisir esthétique. Nous cherchons donc dans l'œuvre d'art à obtenir un plaisir lié à la beauté de l'objet en lui-même. Kant définit l'art , du point de vue du spectateur, comme ce qui provoque un sentiment plaisant de beauté. Nous effectuons un jugement de goût lorsque nous reconnaissons la beauté d'une œuvre. Aussi, le beau ne repose pas sur un concept, qui serait donné par l'entendement. Nous ne pouvons pas disputer de l'œuvre d'art, puisque le beau ne repose pas sur des concepts, donc pas sur des critères spécifiques. Cela explique la multiplicité des œuvres d'art possibles. Le libre jeu des facultés qui est permis par la fréquentation de l'œuvre est spécifique à l'art. L'imagination, l'entendement et la sensibilité s'accordent librement, puisqu'il ne s'agit pas d'un jugement de connaissance. Cela occasionne du plaisir.

   L'art ne relève donc pas du dicible, et cette expérience du dépassement de la signification, à partir d'un objet, est propre à l'art. L'expérience de l'œuvre d'art, nous l'avons vu, ne repose pas sur une analyse conceptuelle. Notre intérêt pour l'art peut s'expliquer par cette spécificité. Lorsque nous écoutons une musique, nous faisons l'expérience d'un sens, d'une cohérence, sans signification. Le plaisir lié à l'écoute de cette musique nous permet donc une nouvelle approche du monde et de la réalité, qui ne repose pas sur des concepts. Même la littérature, qui est pourtant un art du langage, ne repose pas sur une analyse d'un concept. Cassirer, un philosophe néokantien, cite par exemple les vers de Goethe. Il explique que l'interprétation de ces vers ne peut être faite pas une simple analyse de la pensée, du contenu verbal, sur laquelle il reposerait. Cassirer précise que « chaque mot a en même temps sa propre valeur sonore et affective. Son rôle ne s'arrête pas à la commune représentation d'un contenu de signification précis (…)». Autrement dit, ce qui est important, c'est aussi la sonorité propre au poème. Il transmet un plaisir esthétique et occasionne des émotions, qui ne sont pas traductibles par le langage.

   L'œuvre d'art, grâce à sa beauté et son contenu sensible, nous permet de changer notre rapport au monde. Il nous occasionne des émotions différentes et nouvelles, nous transportant dans un univers éloigné du nôtre. Au théâtre, sans se référer au contenu conceptuel de la pièce, la beauté d'un discours peut transformer nos émotions. Notre intérêt pour l'art peut se justifier aussi par sa puissance transformatrice. Une stance de Don Rodrigue dans la pièce Le Cid de Corneille peut en être un exemple. Ce qui va émouvoir, provoquer la catharsis, c'est la beauté des rythmes et les jeux de sonorité. La poésie propre aux stances nous permet de nous éloigner de notre vécu habituel, de nous donner des émotions nouvelles et surprenantes.        

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