Peut-on contester l’importance de l’inconscient ?
Dissertation : Peut-on contester l’importance de l’inconscient ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar _Camm27 • 30 Mars 2020 • Dissertation • 2 443 Mots (10 Pages) • 614 Vues
L’hypothèse de l’existence d’un inconscient dans le psychisme humain est introduite pour la première fois au début du XXe siècle par Sigmund Freud, considéré comme le père fondateur de la psychanalyse. La formulation de ce concept constitue une véritable révolution quant à la pensée philosophique du sujet, plaçant dès lors ce dernier comme décentré par rapport à lui-même en raison de ses mécanismes inconscients. Ces mécanismes sont, par exemple, ceux enclenchés par le corps sans que l’individu ait besoin d’y penser, tels que la respiration ou la digestion. De manière plus large, on qualifie d’inconscient tout processus physique ou psychique dont le sujet ne possède pas une perception immédiate et qui ne sont alors pas accessibles à la conscience. Au regard de cette définition, peut-on contester l’importance de l’inconscient ? Le verbe “pouvoir” interroge les capacités de l’homme, ici désigné par le pronom personnel indéfini “on”, à remettre en cause, (contester) la valeur (l’importance) d’une partie de son psychisme qui lui est inconnue. Dès lors, l’enjeu est de définir la place et l’influence réelle que détient l’inconscient dans le psychisme du sujet et de savoir si celle-ci n’est pas en réalité surestimée. Si l’inconscient constitue indéniablement une partie intrinsèque de la vie psychique de l’individu, il ne faut cependant pas oublier que ce concept reste une hypothèse. Il est alors possible de contester la place qui lui est accordée, notamment au regard de la liberté qu’il semble subtiliser au sujet. Toutefois, il est également juste de reconnaître que l’influence de l’inconscient sur le sujet est complexe et qu’il existe des moyens permettant à l’individu d’explorer son inconscient pour se réapproprier sa liberté.
Contrairement à l’idée d’un sujet pleinement conscient de lui-même, il semblerait que l’inconscient soit au fondement de la vie psychique. Dans Le monde comme volonté et comme représentation, Arthur Schopenhauer, en comparant notre conscience à une eau de quelque profondeur, distingue “les pensées nettement conscientes (qui) n’en sont qu’à la surface” et “la masse, au contraire, (que) sont les pensées confuses, les sentiments vagues, l’écho des intuitions et de notre expérience en général [...]”. Ainsi, alors que les pensées inconscientes sont nombreuses, les pensées conscientes ne représentent qu’une infime partie de ce à quoi le sujet a accès. La masse de nos pensées inconscientes constituent le fondement, la partie immergée de toutes nos pensées connues. Dès lors, si l'homme n'a accès qu'à ses pensées conscientes, il est important d’expliciter le mode d'existence des pensées inconscientes et leurs effets réels sur l’individu.
Les pensées inconscientes évoluent dans l’appareil psychique, qui est dans la théorie freudienne initiale, dite première topique, présenté comme un système à trois étages composés de plusieurs organes articulés entre eux. La conscience, située à la périphérie du psychisme reçoit à la fois des informations provenant de l’extérieur et de l’intérieur. Elle désigne ce qui est immédiatement perceptible par le sujet. Derrière cet organe se situe le préconscient, qui désigne les représentations latentes alors capable à tout moment de devenir conscientes tels que les souvenirs. Enfin, derrière le préconscient, se situe l’inconscient. Ce dernier est incapable de revenir de lui-même à l’état de conscience parce qu’une résistance s’y oppose : c’est le refoulement. Le refoulement, est un mécanisme psychique de défense qui consiste à reléguer dans l’inconscient, un souvenir, un désir, une émotion qui entre en conflit avec la conscience, tels que, par exemple, les traumatismes liés à la petite enfance.
Toutefois, il apparaît que cette première description de l’appareil psychique proposée par Freud repose uniquement sur le principe de plaisir qui serait alors l’unique motivation de l’individu. Or, il s’est avéré que certains phénomènes tels que le masochisme par exemple, contredisent ce principe. Ainsi, le psychanalyste remanie cette première théorie dans sa seconde topique et présente le système psychique comme constitué par une triple instance : le Moi, le Ça et le Surmoi. Il distingue d’abord dans l’inconscient le Ça et le Surmoi. Le Ça désigne spécifiquement le pôle pulsionnel de la personnalité ainsi que l’expression de la poussée des besoins corporels cherchant à se satisfaire. Le Surmoi, quant à lui, regroupe les exigences morales des éducateurs et de la société intériorisées par le sujet. Ça et Surmoi sont donc inconscients. Freud, place entre eux et la réalité, le Moi, une instance chargée de trouver des compromis entre leurs exigences contradictoires. Cette dernière instance est donc soumise à la fois à une triple servitude, mais également à un triple danger : le monde extérieur, la libido du Ça et la sévérité du Surmoi. Elle possède donc un rôle de médiatrice qui n’est pas à négliger car de cette instance dépend l’équilibre psychique du sujet.
Ainsi nous venons de voir que l’inconscient fait partie intégrante du psychisme du sujet. D’une part, parce qu’il semblerait que l’individu n’ait en réalité accès de manière consciente, qu’à une partie infime de sa vie psychique, le reste relevant donc de son inconscient. D’autre part, car comme le démontre la théorie freudienne en détaillant l’organisation de l’appareil psychique de l’homme, l’inconscient est une instance qui existe en l’individu et détermine ses actions. Seulement, si l’on suit ce raisonnement, les pulsions du sujet ainsi que ses désirs immoraux seraient refoulés dans son Ça sans que celui-ci n’en ait conscience. De surcroît, ces mêmes pulsions menaceraient constamment de refaire surface car toute pensée inconsciente vise à devenir consciente. Dès lors, il apparaît difficile de tenir pour responsable un sujet de ses agissement immoraux si ces derniers n’ont pas été déclenchés par lui-même mais par son Inconscient. Il semble alors que l’instance du Surmoi et du Ça sont les véritables décisionnaires de la finalité des comportements de l’individu. Mais qu’advient-il alors de la liberté du sujet agissant ?
Si pour Freud la psychanalyse constitue une science à part entière, supposée posséder le même degré de scientificité que les autres sciences, cette position ne fait pas l’unanimité chez ses confrères psychanalystes qui soutiennent que la psychanalyse est une pratique liée à la parole et non, comme la biologie et la médecine, au corps. Or, la théorie de Freud, émet l’hypothèse d’une relation entre le corps et le langage, entre les registres
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