Il y a-t-il illusion propre à la conscience ?
Dissertation : Il y a-t-il illusion propre à la conscience ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar maelle7806 • 10 Mai 2018 • Dissertation • 1 693 Mots (7 Pages) • 793 Vues
Il y a-t-il illusion propre à la conscience ?
INTRODUCTION :
Dans l'allégorie de la caverne, au Livre VII de la République de Platon, le rapport de l’illusion à la philosophie est incontournable : les prisonniers pensent voir le monde réel, alors qu'ils n'en voient qu'une image. Ceux-ci sont à la fois victime de leur illusion, car ils ne voient pas le monde réel, mais aussi complices de celle-ci car ils refusent d’avouer avoir été trompés. Lors de la libération du prisonnier, qui représente le philosophe, Platon met en exergue la complexité de voir en face notre erreur, nos illusions car nous y sommes profondément attachés. Platon instaure ainsi l’illusion comme intrinsèque à nous même. De manière plus générale, l’illusion, du latin illusio qui signifie tromperie, est la satisfaction imaginaire d'un désir, une perception erronée de la réalité due à une apparence trompeuse. Immédiatement, l’illusion transforme les désirs en connaissance, elle est source d'opinions. On dit communément que nous sommes « victimes » d’illusion, comme si cela résultait de causes extérieures à nous même. Nous serions proie de nos illusions et non pas maître d’elles. La représentation que les hommes se font d’eux même est elle absolument affranchie du monde extérieur ? En ce sens, les illusions prendraient sources dans notre environnement et pas en notre sein, quelles sont donc les véritables causes de l’illusion ? Et comment se défaire de celles-ci ?
I
La conscience, du latin cum scientia (avec savoir), est une connaissance que partage tous les hommes. Elle introduit une séparation entre le sujet qui pense et l’objet qui est pensé, elle opère un retour sur soi, une distance par rapport à soi-même. La conscience humaine est souvent décrite et définie comme autonome et indépendante. Ainsi, toute idée que nous formulons proviendrait de nous seul. Marx réfute cette intuition et théorise que l’autonomie même de la conscience, ce qui la définie premièrement, serait une illusion. Il utilise pour cela une approche « matérialiste ». En effet, les représentations que l’on se fait de nous même et du monde qui nous entoure seraient exclusivement déterminées par les conditions matérielles dans lesquelles on évolue. Nos activités sociales et économiques auraient une influence plus importante que notre conscience propre. L’incidence de notre vie sur notre conscience serait plus considérable que l’inverse. Ainsi pour Marx, notre représentation même que l’on se fait de notre conscience et de notre liberté de pensée serait ainsi toute entièrement illusoire. Cette dépendance de la conscience, Marx appelle ça l’idéologie. Et pour s’en libérer, Marx affirme qu’il faut connaître les principes économiques et sociaux de nos sociétés.
Aussi pour Spinoza, les hommes s’imaginent maîtres d’eux même, de leur conduite et de leurs pensées, par exemple lorsqu’ils ressentent des désirs. Dans sa Lettre 58 à Schuller (1674), Spinoza compare l’humain avec une pierre pour prouver que la liberté est une illusion faite à la conscience qui est produite par ignorance. Par le principe d’inertie, la pierre, continue son mouvement à la même vitesse et de manière continue, et ce, tant qu’il n’y a pas d’obstacle. Pour Spinoza, la pierre s’imaginerait, si elle se rend compte de ses actions, qu’elle est maitresse de son mouvement, qu’elle le réalise librement. Or, cette impulsion qui conduit un mouvement est due à une cause externe. Cette Illusion viendrait d’après lui de son ignorance de la véritable cause de son mouvement. C’est ici qu’il fait un parallèle avec les hommes. Ils seraient esclaves de leurs désirs à tel point qu’ils se croient maitres de ceux-ci, alors que ceux-ci proviennent d’influence extérieure. Spinoza utilise l’exemple de l’ivrogne qui parle trop car il est sous l’emprise de ses désirs, de l’alcool. Il n’est pas libre ni maitre de lui-même. Les hommes se vantent d’être libres car ils sont conscients de leurs désirs mais ce n’est qu’une illusion car ils sont ignorants de leurs causes. De manière tout à fait originale et singulière, Spinoza théorise que la conscience va fabriquer des illusions car la conscience est partielle, nous savons que nous ressentons des choses, mais ne savons pas pourquoi. En ce sens, les hommes s’enferment dans des préjugés sur eux même sous effet de l’ignorance.
Descartes, lui, considère que nos erreurs de jugements, et donc les illusions faites à notre conscience, viennent d’un défaut de méthode. Dans son Discours de la méthode, il examine le sujet et finalement théorise que ce n’est pas de la conscience elle-même mais de la manière dont nous l’utilisons qui fait que nous nous trompons. Pour lui, l’homme est trop intuitif et utilise seulement ses sens. Pour illustrer cette idée, il prend l’exemple du « bâton rompu dans l’eau ». Lorsque l’on plonge un bâton rompu dans l’eau, il nous apparait brisé. Si nous faisons seulement confiance en nos sens, nous croirions que celui-ci est véritablement rompu, mais si nous utilisons nos connaissances, nous nous apercevrions que c’est dû au phénomène de réfraction. Ce ne serait donc pas la conscience qui produit les illusions mais plutôt les sens. Ainsi, la raison permet de corriger nos illusions. Cependant, la réflexion ne fait pas systématiquement disparaitre l’illusion. Certains amputés, éprouvent des sensations localisées là où leur membre a été enlevé. Même si l’on dénonce et l’on vérifie cette illusion, celle-ci ne se dissipe pas.
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