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Le dégout (philosophie)

Dissertation : Le dégout (philosophie). Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  1 Août 2017  •  Dissertation  •  2 966 Mots (12 Pages)  •  1 668 Vues

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Je voudrais commencer par citer Bataille qui explique que : '' l'exclusion du pourri est constitutive de l'homme, elle doit être placée à la basse de la compréhension de l'homme lui même''. Le dégoût est la manifestation de l'impératif d'exclusion qui est fondateur de l'homme. Il s'immisce au cœur de notre existence individuelle physique comme sociale : il devient « gardien de l’âme » et de « la pureté du corps » en nous faisant ressentir un haut-le-cœur après avoir senti un aliment avarié, avoir la nausée à la vue d’un visage difforme ou sanguinolent, qualifier certains comportements de            « nauséabonds ». C'est une réaction qui conduit l'homme a exclure ce qui est bas, impure, sale. Tout se passe comme si le dégoût, en agissant tel un signal, nous permettait de distinguer le bon du mauvais, le bien du mal. Il s'agira de comprendre ce qui caractérise le dégoût, comment le définir malgré la multiplicité de ses objets. De savoir si le dégoût est à l'origine de la morale.

Dans un premier temps pour nous verrons que le dégoût est une émotion physique et biologique.

Mais que il peut être à la source de la morale, en jouant un rôle de distinction entre les individus, société. Enfin il existe une forme de fascination pour le dégoût, devant un objet de l'esthétique.

I. le dégoût physique/biologique : le dégoût une émotion de base

Le dégoût est classiquement défini comme l’une des six émotions de base avec la joie, la tristesse, la colère, la peur et la surprise. Cependant, la diversité des situations évoquant cet état émotionnel suggère que le dégoût, à la fois ancré dans le corps et lié à la morale, est une émotion bien plus complexe

A. le dégoût entre émotion et sensation

        Nous pouvons tous éprouver du dégoût, mais il est difficile de le définir justement parce qu'on le ressent sans réflexion mais spontanément. Le dégoût est une réaction corporelle, plus précisément une réaction primaire de révulsion. Dans son ouvrage ''L’homnivore'', Fischler, nous explique que le dégoût qui peut être soulevé en nous résulte sans doute d'une ''mécanique biologique'' elle même liée, de manière plus ou moins lointaine et exclusive, à la protection de l’organisme au cours de la situation alimentaire.

Le dégoût concerne tous nos sens de proximité : l'odorat, le toucher, le goût. A l'inverse de la vue, laquelle suppose une distance avec ce qui nous répugne. En effet,  si certaines sensations visuelles peuvent provoquer une impression de dégoût, il s'agit plutôt d'une crainte résultant d'une anticipation de la perception.

En effet, la perception, en particulier olfacto-gustative, y joue un rôle important. A l'intérieur de la cavité buccale, interviennent toutes sortes d'informations sensorielles, non seulement gustative, mais aussi olfactives, thermiques etc.. Certains de ces stimulis pouvent alors provoquer un processus de rejet. Le dégoût se caractérise alors comme une répulsion face à l’ingestion de certaines substances potentiellement dangereuses pour notre organisme. Tout objet perçu comme source de contamination, et donc représentant une menace pour notre santé, évoquerait alors du dégoût et serait repoussé.

        Quelques soient ses objets, qui ont un lien avec l'organisme, le dégoût se manifeste par sa réactivité. C'est un sursaut, un rejet viscéral. Ce n'est pas un jugement ni même un sentiment, c'est une réaction, une émotion relative à des sensations-émotions qui contiennent une motion, soit l'amorce d'un mouvement de recul, de rejet, soit un mouvement interne de haut-le-cœur. Donc le dégoût physique est caractérisé par la présence d'une réaction somatique : l'ébauche d'une réaction de vomitus.

D'ailleurs la mimique la plus caractéristique du dégoût consiste en un froncement de nez, retroussement de la lèvre supérieure. Ainsi les manifestations biologiques et comportementales du dégoût peuvent être comprises comme des ''dispositifs de protection'' de l'organisme. Le dégoût réagit, à une effraction de l'intimité corporelle, c'est ce sentiment d'intrusion de l'objet qui dégoûte.

B. les objets du dégoût physique

Kolnai nous propose une liste des objets dégoûtants qui procède du dégoût le plus primaire, le plus fondamental, celui de la pourriture, pour aller vers les dégoûts susceptibles d'être expliqués par des critères culturels ou de relever de circonstances particulières.

        Le premier objet du dégoût est la pourriture : c'est l'objet dégoûtant par excellence, car c'est en elle que s'unissent la mort et la vie, la morbidité et la vitalité.

        En second lieu, le dégoût porte sur les excréments dont l'organisme se débarrasse : ils sont éliminés du processus vital et manifestent eux aussi le passage du vivant à une substance morte.

        Il porte ensuite sur les sécrétions organiques (à distinguer des excréments) qui se caractérisent par un état intermédiaire, le gluant, le visqueux, le poisseux. La crasse par exemple n'est pas une sécrétion organique, mais elle s'agglutine au corps avec la sueur.

        Par ailleurs tout corps doit être considéré comme objet de dégoût de par son organicité. Mais le corps humain peut être objet de dégoût par sa proximité : Kolnai explique '' il existe une tendance normale à être dégoûté par le corps d'autrui, par son odeur, par sa présence sans que sa caractérisation humaine soit envisagée. [il illustre par] Ainsi on éprouve du dégoût à s'asseoir sur un siège de métro qui a été réchauffé par le postérieur d'un précédent occupant''.

        Parmi les êtres vivants, les bêtes dégoûtantes comme la vermine, les vers sont des bêtes rampantes qui ont été associées à la pourriture. Comme la pourriture elles donnent une impression d’indifférenciation du mort et du vivant, de mélange.

        Tous les aliments peuvent potentiellement dégoûter. Le problème des dégoûts alimentaires relève donc d'une approche culturelle. Kolnai note ironiquement qu'une certaine forme de perversion conduit à consommer ce qui dégoûte. Ce sont précisément les civilisations dites les plus ''raffinées'' qui proposent de surmonter le dégoût : les œufs pourris chinois, le fromage français..

        Enfin, le foisonnement vital, ainsi que son contraire la maladie, la difformité physique, provoquent le dégoût. Un dégoût lié à l'exubérance. La fusion par laquelle des êtres particuliers cessent d'exister manifeste une rupture d'individualisation qui provoque le dégoût. L'image de ce qui dégoûte est alors celle d'un grouillement, d'une prolifération, d'une pêle-mêle s'agitant frénétiquement plutôt que celle d'une masse amorphe.

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