Flaubert : L'écrivain et son œuvre
Cours : Flaubert : L'écrivain et son œuvre. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Hugogjh • 20 Janvier 2022 • Cours • 3 856 Mots (16 Pages) • 325 Vues
Flaubert (1821-1880) L'écrivain et son œuvre
«J'exècre ce qu'on est convenu d'appeler le réalisme, bien qu'on m'en fasse un des pontifes. »
Lettre de Flaubert à George Sand, 1876.
Les premières années (1821-1844)
Flaubert naît le 12 décembre 1821 à l’Hôtel-Dieu de Rouen, où son père est chirurgien-chef. Dès 1829, il noue une amitié durable avec Ernest Chevalier, puis avec Alfred Le Poittevin. Il lit beaucoup: Cervantès, Shakespeare, Beaumarchais, Walter Scott... Très vite, il manifeste des ambitions littéraires. Dès 1832, il exerce son ironie critique à l’encontre du collège royal de Rouen où il poursuit ses études. Il commence à écrire, se lie avec Louis Bouillet. Avec ses amis, il crée le Garçon, personnage grotesque, qui tient de Gargantua et de Prudhomme. Mais, en 1836, il connaît le coup de foudre de sa vie avec Elisa Schlésinger (26 ans), qui inspirera, entre autres, le personnage de Mme Arnoux, dans L’Education sentimentale. Pour lors, il achève un récit autobiographique, Mémoires d’un fou (1838) où il évoque sa passion. Retiré du collège pour chahut, il obtient néanmoins son baccalauréat en août 1840. Il finit par réussir l’examen de première année de droit mais sans enthousiasme (1842). Déjà désabusé, il écrit Novembre (1843) qu’il considère comme son dernier roman de jeunesse. Très lié avec Maxime du Camp, il admire Hugo.
Le temps de Madame Bovary (1844-1857)
En 1844, il décide de se consacrer à la littérature, contre l’avis de sa famille; c’est aussi à cette date qu’il ressent les premiers symptômes d’une maladie nerveuse, vraisemblablement l’épilepsie. L’année suivante, parti en Italie avec sa soeur Caroline, jeune mariée, il contemple la Tentation de saint Antoine, un tableau de Brueghel, qui le fascine et lui inspirera une oeuvre. Il achève la première version de L’Education sentimentale.
Après la mort de son père et la disparition prématurée, en couches, de sa soeur (1846), Flaubert s’installe dans la propriété familiale de Croisset, sur les bords de la Seine. La même année, il rencontre Louise Colet (36 ans), femme aux amours orageuses. Il assiste aux émeutes de février 1848, mais il demeure très critique vis-à-vis des violences et de l’arrivisme. Il rompt avec Louise. Le 12 septembre 1849, il lit La Tentation de saint Antoine à ses amis. Ils jugent l’oeuvre mauvaise et lui déconseillent de la poursuivre.
La Tentation de saint Antoine rapporte une légende et met en forme les fantasmes du saint. Seul, dans le désert, l'ermite est tenté par des monstres et des péchés, qui ne sont autres que les expressions allégoriques de ses propres fantasmes. Entre 1849 et 1874, Flaubert écrivit trois versions de son œuvre — preuve de sa fascination pour ce thème inspiré par le tableau de Breughel contemplé au palais Balbi de Gênes au printemps 1845. Le texte évoque la séduction exercée par le péché sur une âme et présente une série de tableaux, de séquences extrêmement travaillées, fort proches du poème en prose. Là encore s'impose l'importance de l'esthétique tomme mise en forme baroque de visions oniriques et de mirages fantastiques.
Flaubert renonce donc pour un temps à son récit et part en Orient où il contracte la vérole. A son retour, il commence Madame Bovary et entre en littérature comme en religion, se permettant, néanmoins, quelques incursions chez l’ardente Louise Colet. Il ne rompt vraiment avec elle qu’en 1855. Madame Bovary sort dans la Revue de Paris en 1856 mais Flaubert récuse le texte, censuré, qui paraît. L’éditeur Lévy met le volume sous presse l’année suivante alors que se déroule le procès pour immoralité. Flaubert est acquitté.
Alternance de succès et d’échecs (1858-1880)
Désormais célèbre, Flaubert s’impose comme un perfectionniste, un esthète du style. Il connaît Baudelaire, Sainte-Beuve, Gautier, les Goncourt, Feydau. Il écrit un roman sur l’ancienne Carthage, Salammbô (1862).
Salammbô, seconde grande œuvre de Flaubert, qui mit plusieurs années à réunir sa documentation et à rédiger un texte prouvant son immense érudition et son souci de l'expression évocatrice. Ce roman historique se situe dans la Carthage de l'Antiquité. L'auteur rapporte un épisode peu connu de la première (264-241 avant Jésus-Christ) des trois guerres puniques qui opposèrent Rome à sa grande rivale, Carthage, et se soldèrent par la destruction de la ville carthaginoise en 146 avant Jésus-Christ (les latinistes se rappellent sans nul doute la fameuse formule : Delenda Carthago, « Carthage doit être détruite »).
Flaubert raconte la révolte menée par les mercenaires barbares contre leur employeur carthaginois à qui ils réclament leur solde. Les rebelles constituent une véritable armée qui se soulève contre Carthage. Le Nubien Mâtho, leur chef, dérobe nuitamment le voile sacré de Tanit, déesse de la fécondité, pour en «accaparer la vertu ». Mais il aime Salammbô, la fille du général carthaginois, Hamilcar. La prêtre de Tanit persuade la jeune fille de se donner à Mâtho pour récupérer le symbole religieux. Après avoir accompli certains rites, Salammbô s'exécute et les insurgés, privés de ce voile sacré, tombent dans un piège et finissent exterminés par Hamilcar. Épuisé par les souffrances, torturé par la foule, Mâtho expire devant Salammbô. La jeune fille meurt peu après.
Dans ce roman qualifié d'archéologique, Flaubert apporte aux faits une attention tellement poussée que l'Histoire se transforme en une série de tableaux proche de l'esthétique parnassienne. Le lecteur est fasciné par des évocations somptueuses de précision et de magie poétique. Le style de l'auteur transfigure les données authentiques apportées par une documentation poussée.
George Sand défend le livre et c’est le début de sa correspondance avec l’auteur (1863). En dépit des critiques, Salammbô crée la mode. La princesse Mathilde attire Flaubert à ses mercredis. Après des années de recherches documentaires, Flaubert achève L’Education sentimentale, “histoire morale des hommes de (s)a génération”.
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