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Stage vétérinaire

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Par   •  10 Février 2013  •  1 491 Mots (6 Pages)  •  713 Vues

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Au bout du chemin... Je garde en mon cœur, bien caché, un souvenir lointain. Celui de la route de ma vie, route de mon existence. Je me souviens et je marche, regardant devant moi vers un avenir incertain et sans retour. Des années se sont écoulées depuis que je suis là. Je sens ce trou gigantesque dans ma poitrine, un manque absolu d'amour et de tendresse. Mes lèvres et mes yeux brûlent, mon ventre se tord, j'ai si mal… Un homme tente de me réveiller. Je sens qu'il me frappe, j’entends ses mots violents et cruels : « Ne m'oblige pas à te relever sale étranger ! ». Étranger... Qu'est-ce que cela signifie ? Est-ce parce que je ne leur ressemble pas ? Parce que je ne crois pas au même dieu ? Étranger... Ce mot fuse, il résonne ici entre les cris de terreur et les larmes de désespoir. Et plus je l'entends plus j'aimerais me lever et crier que je suis là, que je suis vivant, comme tous ceux qui sont ici. Hurler que le bonheur existe, qu'au bout de la route se trouve la liberté. Mais je reste allongé, aucun mot ne sort de ma bouche, aucun murmure ne s'échappe de mes lèvres.

Je pense sans vraiment le vouloir, mes souvenirs passent comme des nuages vaporeux, sans que je n'y fasse vraiment attention. Ils se mélangent lentement comme des vagues qui viennent et repartent aussitôt. Je pense à avant, au soleil, à la joie, à l'herbe verte sous mes pieds, à ma mère, à ma sœur et quelques fois à mon père. Je me rappelle de la vie, celle où les seules difficultés étaient d'apprendre par cœur les comptines du professeur, celle où les seules blessures que j'avais étaient des égratignures de mes chutes de vélo, celle où Sophie, ma sœur, avait les joues roses et gonflées et celle où Papa avait toujours son regard froid et sévère. Je repense à tout ça, comme si Sophie n'avait pas disparu, comme si le regard de mon père ne s'était pas empli de désespoir et d'inquiétude. Et je me soucie, entre deux sombres pensées, de ce qu'est devenu mon beau vélo rouge. Mais le souvenir s'en va, remplacé par un autre, plus sombre, plus triste, trop triste ; le grand train si noir, comme invisible dans la nuit et inexistant entre les nuages gris du ciel éteint, où nous étions entassés les uns sous les autres. Nous cherchions de quoi respirer, essayant de ne pas devenir des bêtes à force de souffrance, traquant l'Humanité.

Je m’étais assis dans un coin, me faisant plus petit que je ne l'étais déjà. J'avais posé mon visage entre mes mains sales pour m'empêcher de voir les silhouettes crasseuses des Hommes se déchaînant pour vivre, des hommes qui pleurent dans des coins comme moi, où qui sont déjà morts et qui remuent sur le sol du wagon, comme des carcasses flotteraient sur l'eau d'un fleuve sale et gris. Je ne fis rien, rien que pleurer silencieusement, sans réelles larmes, je repensais aux bras de ma mère, osseux, fragiles, dont on m'arrache comme pour me punir. Mais me punir de quoi ? Elle me disait avec tendresse «Arrête un peu de réfléchir mon petit ! Vis avant tout.» Mais je ne peux plus vivre maintenant Maman, alors je me questionne, sur le monde, sur la vie, sur les hommes.

Je ne suis pas le seul à penser si fort, à chercher des yeux, des réponses, pas le seul sur cette route et pourtant je me sens abandonné malgré tous ces gens qui grouillent de partout : ces vieux, ces femmes, ces gosses de toutes les couleurs et de toutes les langues, qui parlent, qui pleurent, qui chantonnent pour ne pas oublier. Malgré tous ces gens sales, ces gens malades, ces gens comme vous, comme moi

écrasés sous la misère et surtout sous les bottes cloutées des hommes « propres ».

« Lève-toi ! » Il crie encore. Et moi j'ai toujours envie de hurler, que tout le monde entende mon cri d'espoir : arrêtez tout ce bruit, tous vos cris, arrêtez d'avoir peur ! On m'avait fait descendre ici, avec tous les autres enfants. Je me demandais ce qu'ils pensaient, d’où venaient ces enfants noirs comme la nuit, et ces autres, blancs comme la lune. Que signifiaient ses triangles colorés cousus sur leur poitrine, que signifiait l'étoile dorée que l'on m'avait collée au torse à la place du cœur ? Que faisions nous tous ici, ensemble... Nous, en apparence

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