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L'amout Et La Justice

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Par   •  20 Juin 2012  •  2 434 Mots (10 Pages)  •  883 Vues

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L’amour et la justice ? La justice et l’amour ? Ces deux notions semblent à première vue très divergents. En fait, nombreux sont les auteurs et les écrivains qui ont traité ce sujet afin de dévoiler la vraie nature de la relation entre amour et justice. En effet, Eschyle dans Les Choéphores et les Euménides, Pascal dans les Pensées ainsi que Steinbeck dans Les Raisins de la Colère discutent entre autres la dépendance entre les deux. Dans ce contexte, Albert Camus affirme dans Les Justes à travers le personnage de Dora que la justice et l’amour ne peuvent coexister, en d’autres termes, il faut choisir, c’est amour ou bien justice mais pas les deux ensembles. On peut donc s’interroger sur le lien entre les deux concepts :

Quelles sont les finalités de la justice et quelles sont celles de l’amour ? L’amour et la justice ne convergent-ils peut-être pas vers une même vision ?

L’amour possédant des forces destructrices, dérivant du triomphe de la passion et des désirs n’exige-t-il pas la justice pour limiter ses dégâts ?

Enfin, est-ce possible d’être à la fois amoureux et juste ? La vraie justice ne serait elle d’un ordre divin ?

La justice organise un certain ordre entre les individus indépendants les uns des autres, quant à l’amour, il a pour fonction de préserver et maintenir l’unité et la solidarité. Dans la famille, c’est plutôt l’amour qui l’emporte sur la justice : les parents chérissent leurs enfants, les protègent et consacrent tout leur temps à bien veiller sur eux. L’amour installe alors un ordre entre les membres de la même famille. On peut donc affirmer à ce stade là que justice et amour ont même finalité : établir l’harmonie du tout. Dans les Choéphores, on trouve une exigence omniprésente de la justice : toutes les fautes doivent être corrigées, cette exigence est due à la quasi-absence de l’amour. Oreste et Electre ne se rejoignent que pour venger leur père, pris par la ruse et assassiné par leur mère qui leur a privés du trône, et se débarrasser de meurtriers impies doublés de tyrans odieux. C’est la justice qui les unit, la justice pour laquelle Electre attendait avec impatience le retour de son frère et ce n’est que pour rétablir l’ordre perdu qu’Oreste est revenu. D’où la plainte d’Electre dans les vers 241 et 242 Des Choéphores : « l’amour pour une mère que j’ai le droit de détester, l’amour envers ma sœur sacrifiée sans pitié. »

Par contre l’union de la famille Joad est assurée par l’amour et non pas par la justice. Les sommes maigres d’argent gagnées en récoltant le coton avant le grand départ ou dans la cueillette des fruits en Californie sont partagées entre tous les membres de la famille. Chacun reçoit une quantité proportionnelle à son besoin tout en gardant le bien être de la famille au premier plan. En effet, les bouteilles de lait qu’on achète pour Rosasharn, la fille Joad enceinte, sont bel et bien chères, mais on les achète comme même parce que l’infermière a conseillé que Rose de Saron boive du lait. C’est une justice distributive fondée sur la situation sociale de la famille et l’état de chaque membre de la famille. De plus, c’est bien l’amour qui crée la cité terrestre pour Pascal, ou plus précisément c’est la concupiscence qui fait la relation politique dominante entre les Hommes : « Nous sommes si présomptueux, que nous voudrions être connus de toute la terre, et même des gens qui viendront quand nous serons plus ; et nous sommes si vains, que l’estime de cinq ou six personnes qui nous environnent nous amuse et nous contente. » On peut donc dire maintenant que l’amour et la justice ont le même rôle. Mais on peut se poser la question : l’amour affaibli, quasi absent, n’a-t-il pas besoin de la justice pour assurer l’harmonie ?

Quand on parle de l’amour, on a plutôt affaire aux sentiments qu’à la raison. C’est la faiblesse que nous montrerions face aux sentiments qui justifie le fait que l’Homme ne pourrait jamais se contenter de l’amour pour établir l’ordre comme l’affirme Pascal. Sans la justice, les Hommes s’opposeront les uns aux autres dans la pure violence et anarchie. Ainsi l’homme serait le pire ennemi de son espèce ou comme le dit bien Hobbes : « l’Homme est loup pour l’Homme. » Le fait que c’est la justice qui soutient ce qui reste d’amour entre le frère et la sœur dans la trilogie d’Eschyle est donc indéniable. Les fautes commises pendant les années ont affaibli l’affection qui existait entre Oreste et Electre et c’est la quête de la justice qui la compensait. La justice unit aussi la famille Joad face à la misère et la faim. En effet dans le chapitre ΧΧ Man a donné à manger à des enfants affamés dans un camp Hoover ville, bien qu’il n’avait pas assez pour nourrir les membres de sa famille : « Ecoutez, les gosses, fit-elle, vous allez tous aller chercher un petit bout de planche et j’y mettrai ce qui reste. Mais je ne veux pas de bagarres. » Ainsi, ce n’est qu’en dépassant le cercle de la famille qu’il est possible de renforcer l’amour par la justice.

Néanmoins, l’amour possède une force destructrice qu’on ne peut nier. Il met en place un lien incassable entre deux individus qui marginalisent tous les autres. Si l’amour devient un amour propre, la loi qui règne est l’individu contre les autres. Ainsi s’éloignant de sa principale finalité qui est de maintenir l’ordre et l’unité n’exige-t-il pas la justice pour qu’il ne déraille et désorganise la famille et la société ?

La justice exerce une retro action sur l’amour profondément égoïste. Elle assure le maintien de l’ordre là où l’amour ne se souci que du bien être personnel au détriment de l’harmonie collective. Clytemnestre et Egisthe s’aiment et c’est pour cela qu’ils mènent la guerre contre les autres. Ils sont tous les deux des tyrans. C’est ainsi que les désigne Oreste au chœur dans le dernier épisode en disant : « Voyez les deux tyrans de ce pays, qui ont tué mon père et détruit mon palais. » c'est-à-dire qu’il est impossible de créer la cité des Hommes libres sans la justice et sous le règne de tyrans. Clytemnestre a aussi mené la guerre contre les membres de sa famille, notamment son fils et sa fille, on en conclut qu’il est impossible de se contenter à l’amour pour réaliser l’harmonie mais il faut le renforcer par la justice. Dans Les Raisins de la Colère de Steinbeck, Rose de Saron et son petit ami Connie s’aiment, ils ont même créé une nouvelle vie ensemble, mais ceci n’a pas empêché Connie de disparaitre, de quitter Rosasharn et son enfant à naitre.

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