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Fiche De Lecture: L'Etablit De Linhart

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Par   •  9 Janvier 2013  •  1 684 Mots (7 Pages)  •  8 162 Vues

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Fiche de lecture

Robert Linhart. L’Etablit. Paris : édition de minuit, 1978. 178p

L’auteur est né en 1943. Issu d’un milieu bourgeois, c’est une personne au parcours brillant ; lycée Louis Le Grand, Ecole Normale Supérieure, docteur d’Etat en sociologie, il est maître de conférence au département de philosophie à l’université Paris 8. Inscrit dans divers courants d’extrêmes gauches (union des étudiants communistes, UJCLM, la gauche prolétarienne). Il ne participera pourtant pas au mouvement de mai 68 qu’il considérera comme « un mouvement petit bourgeois étudiant ». Il entreprendra parallèlement avec d’autres intellectuels dès l’automne 1967 l’établissement dans des usines, auprès des ouvriers. Ce mouvement a comme idée principale de les « instruire et de s’en instruire ». En effet dans son œuvre l’Etabli : qui désigne la démarche ainsi que l’outil de travail, il nous fait part de son établissement de septembre 1968 à juillet 1969, c’est a dire de son introduction comme O.S.2, dans l’usine Citroën de la porte de Choisy. Il nous « raconte la chaîne, les méthodes de surveillance et de répression, il raconte aussi la résistance et la grève ». Ce témoignage se veut fidèle et objectif « Les personnages, les événements, les objets et les lieux de ce récit sont exacts », seuls quelques noms de personnes ont été modifiés.

Tout d’abord Linhart nous décrit son arrivée dans l’usine ; son embauche et sa première journée de travail. A son grand étonnement la chaîne lui donne l’impression « d’un mouvement lent est continu de toutes les voitures » et non comme il le pensait « un rythme rapide, celui des cadences infernales, dont parlent les tracts ». Pourtant à la suite d’un incident sur la chaîne il réalise à quel point les temps sont serrés. Son premier jour, il le passe entre plusieurs postes, au bout de plusieurs jours tout un secteur de l’atelier lui est familier ; de la sellerie, au balancelles, en passant par le début de la grande chaîne et le carrousel des portières. Ces changements de postes sont dus à son incompétence dans ces domaines, à la fin de la journée il se sent épuisé il « pense : inaptitude de l’intellectuel à l’effort physique. Naïveté. Il ne s’agit pas seulement de l’effort physique. Le premier jour d'usine est terrifiant pour tout le monde, beaucoup m'en parleront ensuite, souvent avec angoisse. Quel esprit, quel corps peut accepter sans un mouvement de révolte de s'asservir à ce rythme anéantissant, contre nature, de la chaîne ? L'insulte et l'usure de la chaîne, tous l'éprouvent avec violence, l'ouvrier et le paysan, l'intellectuel et le manuel, l'immigré et le Français. Et il n'est pas rare de voir un nouvel embauché prendre son compte le soir même du premier jour, affolé par le bruit, les éclairs, le monstrueux étirement du temps, la dureté du travail indéfiniment répété, l'autoritarisme des chefs et la sécheresse des ordres, la morne atmosphère de prison qui glace l'atelier."

Dès le second chapitre de son œuvre Linhart doute d’être accepté au sein de l’usine, mais il se rend compte vite qu’il avait tort de s’en faire. « Il n’est pas question de mettre à la porte. Deux bras à quatre francs de l’heure, Citroën en aura bien l’usage, même s’ils ne sont pas fameux ». Il se met alors à décrire ses tâches successives ainsi que les diverses stratégies des ouvriers pour échapper à cette cadence infernale. Par exemple « les Yougoslave qui occupent des postes successifs dont l’ensemble constitue le montage de serrures complètes (…) mais ils sont si adroits et travaillent si vite qu’ils parviennent à recomposer les trois postes en deux : l’un d‘entre eux peut ainsi être libéré en permanence par un roulement, pour aller fumer tranquillement aux toilettes ou faire la conversation aux filles de la sellerie ». Ou bien celles mises en place afin de se protéger de « l’agression des objets, tous ces contactes désagréables, irritants, dangereux, avec les matériaux les plus divers : tôles coupantes, ferrailles poussiéreuses, caoutchoucs, mazouts, surfaces graisseuses, échardes, produits chimiques qui vous attaquent la peau et vos bronches ». Comme les ouvriers aux sièges qui portent « d’épais bandages, dont la surface se transformait en charpie au frottement répété des crochets, mais dont la protection (…) restait en général suffisante pour éviter la meurtrissure des pouces ». C’est ainsi que Linhart repère les divers torts que causes les conditions de travail des ouvriers de l’usine comme « l’exposition à des produits dangereux dont nous ignorons les effets ! L’Etain, qui attaque les poumons de Mouloud, non reconnu ! Les pistoleteurs de l’atelier de peinture malades du benzolisme, non reconnu ! Les bronchites chroniques, les rhumes à répétition, les mauvaises toux, les crises d’asthme, les respirations rauques : « vous fumez trop », diagnostique, imperturbable, le médecin du travail de chez Citroën. Et les peaux qui se fendillent, s’ulcèrent ».

Linhart dénonce aussi les différents fonctionnements de l’usine critiquables, comme

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