Rosa Montero
Commentaire de texte : Rosa Montero. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar claclaeztata • 13 Novembre 2014 • Commentaire de texte • 867 Mots (4 Pages) • 674 Vues
« L’humanité se partage entre ceux qui se plaisent à regagner leur lit le soir et ceux que le fait d’aller dormir inquiète. Les premiers considèrent que leur couche est un nid protecteur, alors que les deuxièmes ressentent la nudité du demi-sommeil comme un danger. Pour les uns, le moment du coucher suppose la suspension des préoccupations ; chez les autres, au contraire, les ténèbres provoquent un remue-ménage de pensées douloureuses et, si cela ne tenait qu’à eux, ils dormiraient le jour, comme les vampires. »
C’est à un grand brassage que procède Rosa Montero dans ses Instructions pour sauver le monde, brassage de personnages qui entrecroisent leurs déambulations et leurs dérives dans les recoins d’une grande ville, y mêlant espoirs, défaites, frustrations et courages.
Matias le chauffeur de taxi veuf, Daniel le médecin qui préfère vivre dans le monde virtuel de Second Life, Fatma la prostituée protégée par un petit lézard dont elle connait l’origine, tous sont brisés, malaxés par la vie, et se démènent avec plus ou moins de vigueur, comme des insectes prisonniers d’une toile. Ils cherchent tous des réponses à ce que le sort leur réserve, dans son chaotique aveuglement.
Cerveau, un autre personnage, est une vieille dame, habituée d’un bar qui longe l’autoroute :
« Elle s’installait toujours sur la même banquette et était aussi inhérente à l’endroit que la tireuse à bière en nickel. Cerveau arrivait au début de la nuit
et repartait au point du jour, et se consacrait entre-temps à boire posément du vin rouge. […] Elle devenait juste un peu plus rigide à mesure que la nuit avançait et, quand elle partait au lever du jour, elle marchait aussi droite qu’un hussard et avec une lenteur de mouvement douteuse, comme si elle faisait un effort titanesque pour que sa cuite ne se voit pas. Et elle y parvenait : ça ne se voyait pas. »
Mais Cerveau est une ancienne scientifique. Sorte de Sphinx ou de Pythie, elle offre à Mathias, entre autres théories, celle des coïncidences, qui dit que les
« coïncidences coïncident », bien qu’elle n’y croit pas réellement. « Aucun chercheur ne prend [cette théorie] au sérieux et, en réalité, ce n’est pas de la science, c’est de la poésie. Parce que c’est une idée pleine de beauté, certes. Penser qu’il existe une pulsion d’ordre et d’harmonie dans l’univers est une idée émouvante et réconfortante. »
Rosa Montero est une raconteuse d’histoires qui aime les tresser ensemble. L’image globale est celle d’une fresque où des êtres imparfaits, des éclopés, se jaugent, se vengent, se reconnaissent et s’épaulent les uns les autres.
Dans le monde qu’elle choisit de décrire, le sordide et la violence côtoient l’optimisme de ceux qui sont revenus de tout et ont survécu, avec à la main un bagage parfois rempli de visions insoutenables. Ils avancent parallèlement à d’autres, ceux englués de quotidien, qui continuent à vivre comme on garde une vieille habitude.
« Un jour, [Daniel] avait remarqué qu’il s’était retrouve sans émotions ; elles étaient tombées de lui au cours de sa vie de manière imperceptible mais continue, exactement comme ses cheveux avaient peu à peu déserté sa tête dans une fuite
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