La doctrine

Conférence des méthodes : la doctrine

Introduction :

Le texte étudié est un extrait issu du livre « Studies in the Glossators of the Roman Law » publié en 1998 et traduit par F. Roumy.

Il s’agit, d’une glose d’Irnérius effectué sur les Institutes de Justinien vers 1120-1130. Les Institutes de Justinien est un texte ignoré et inconnu de l’Occident de 439, jusqu’à sa redécouverte au XIIème siècle. Elles sont issues du Corpus Juris Civilis (ou Code de Justinien) et ont été rédigé par l’empereur romain d’Orient de Byzance : Justinien qui a régné de 527 à 565 de notre ère. Le Code de Justinien est divisé en quatre parties : le Code élaboré en 534, le Digeste qui retrace la jurisprudence classique ainsi que les Institues promulgué la même année en décembre 533, puis les Novelles à partir de 534 qui prennent la suite du code en 565. Chacune de ses parties sont écrites en grecques.

La réapparition des Institutes de Justinien en Occident est du à la renaissance du droit romain à la même période. Le droit romain émerge une fois de plus et cela grâce à plusieurs facteurs. Pour les clercs le droit romain est un outil précieux, il possède une qualité technique supérieure aux règles en usage durant le Haut Moyen-Âge. De plus, le droit romain se veut universel et techniquement supérieur aux autres droits notamment le droit séculier. Il est (le droit romain) le droit de l’Empire et s’est voulu comme étant un empire chrétien au IVème siècle. C’est à partir de Jean VIII que les papes commencent à avoir recours de façon récurrente au droit romain pour défendre les intérêts de l’Église. Ainsi, le droit romain est recopié sur plusieurs pans entiers de collections canoniques s’appuyant sur les Institues de Justinien (qui contiennent la législation romaine).

Cependant, dans le cadre de la réforme grégorienne il y a une redécouverte du Digeste qui a permis à sa circulation dans tous l’Occident. La réforme grégorienne se définit comme étant un mouvement intellectuel et politique qui caractérise l’Église latine au milieu du XIème siècle et au début du XIIème siècle. Ce qui va conduire à ce que les clercs partent à la recherche de textes juridiques renforçant le pouvoir pontifical : d’où le droit de Justinien dans le corpus.

Un homme nommé Pierre Damien utilise les Institues de Justinien pour justifier un certain nombre de règles ecclésiastiques. Ces réformateurs ont permis la redécouverte du Digeste. Le Digeste correspond à la plus grosse partie du Corpus, il compile la jurisprudentia de l’époque classique. Suite à cet évènement, le Corpus est de nouveau diffusé mais de manière progressive, pas dans son intégralité.

Vers 1080, le Code de Justinien recommence à circuler d’abord dans le Nord de l’Italie. Les neuf premiers livres sur douze sont mit en circulation. Ces livres comprennent un ensemble de constitutions impériales susceptibles d’être utilisés de façon plus ou moins direct. Les neuf livres circulent en même temps que le Vieux Digeste. Et les trois derniers livres du Code de Justinien sont appelés « les tres libri ». Dans les tres libri sont ajoutés les Institues de Justinien et l’Authentique qui représente une traduction latine des Novelles de Justinien. Les authenticae sont rajoutés par Irnérius et permettent à celui qui a le code sous les yeux d’avoir un exemplaire à jour.

Irnérius nait vert 1055 et meurt vers 1125. Sa Nationalité n’est pas connue mais il est fort probable que se soit un italien. Il est surnommé Lucerna Iuris se traduisant par le Flambeau du Droit mais était aussi parfois nommé « Wernerius », ou « Garnérius ». Il est la première personne à enseigner le droit à Bologne en Italie. De plus, il avait pour fonction d’être professeur de droit et juriste. C’est l’une des figure majeure de l’enseignement du droit romain dans la cité de Bologne.

Ses élèves ont effectué une série de glose sur les Institutes de Justinien qui circule au 12ème siècle. La méthode de la glose représente un commentaire marginal ou interlinéaire qui est écrit sur un texte qui sera utilisé lors de l’enseignement pour les étudiants.

Parmi les élèves les plus célèbres d’Irnérius, quatre d’entre eux vont permettre à une plus grande diffusion du droit romain : Martinus, Bulganus, Hugo et Jacobus, connus sous le nom des Quatre Docteurs.

Apparaît ainsi la question suivante : Quels éléments viennent caractériser le texte?

Nous verrons dans un premier point l’influence du droit romain au XIème et XIIème siècle (I) où y sera étudié l’enseignement du droit romain (A) et la lege lata (B). Puis dans une seconde partie qui traitera de la notion de justice (I) dans plusieurs de ses définitions (A) et du point de vue de Justinien (B).

I. L’influence du droit romain au XIème et XIIème siècle

A. L’enseignement du droit romain

C’est dans la ville de Bologne que se développe à la fin du XIème siècle l’enseignement du droit romain. La ville de Bologne possède plusieurs avantages : c’est une grande cité marchande avec de nombreux avantages socio-économiques, situé dans un carrefour de richesses commerciales, ce qui fait d’elle l’une des cités les plus riches du Nord de l’Italie, de plus, Bologne est aussi considéré comme étant une capitale gastronomique.

D’un point de vue de l’enseignent, l’école du droit de Bologne est formé selon le système scolaire suivant : dans un premier temps il y est enseigné la lecture et l’écriture (en latin). Puis, ceux qui souhaitent poursuivre leurs études se rendent dans des écoles situées dans

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