Hernani - Don Carlos

DON CARLOS

INTRO

Victor Hugo, romancier, poète et dramaturge du XVIIIe et XIXe siècle fut un fervent partisan du renouvellement de l’esthétique théâtrale. En effet, dès 1827, il devient le porte-parole du romantisme : il s’agit d’un mouvement culturel apparu à la fin du XVIIIe siècle en Europe. Ce mouvement va s’exprimer dans différents domaines notamment au théâtre se caractérisant par une volonté de l’artiste d’exprimer ses états d’âmes. C’est grâce à son ouvrage Cromwell, acte fondateur du romantisme et manifeste du théâtre romantique, que Victor Hugo devient un des défenseurs de ce mouvement. C’est notamment dans la préface à Cromwell que Victor Hugo explique pourquoi on ne peut plus faire de théâtre classique car, en effet, le théâtre romantique s’oppose radicalement au théâtre classique.

En 1830, le monde du théâtre s’emballe avec l’arrivée d’un nouveau genre : le drame romantique. Hernani en est le parfait exemple : une pièce de théâtre racontant l’histoire d’Hernani, un jeune montagnard, qui est amoureux de Dona Sol. Cet amour est réciproque. Cependant, il n’est pas le seul à convoiter son cœur : le roi d’Espagne, Don Carlos, et Don Ruy Gomez de Silva sont aussi épris de cette jeune fille. L’action se déroule en Espagne au XVIe siècle afin d’éviter la censure car, en effet, cette œuvre théâtrale a su faire parler d’elle.

Lors de ces premières représentations, Hernani a suscité une bataille entre les spectateurs défenseurs du théâtre classique et les spectateurs favorables aux innovations du romantisme. De nombreux éléments au long de la pièce peuvent justifier ce conflit tel que la complexité du personnage de Don Carlos.

La pièce de théâtre se déroule au moment de l’ascension vers l’Empire du roi Don Carlos qui deviendra Charles Quint en 1519. Toute cette histoire commence lorsque le roi d’Espagne, Don Carlos, s’introduit la nuit dans la chambre de Dona Sol dont il est secrètement amoureux.

Dans cet exposé, nous avons donc décidé de parler du personnage de Don Carlos, un personnage qui vit dans la perpétuelle conquête de ses désirs en représentant la figure d’un roi tyrannique, pour finir en un homme totalement contraire qui doit représenter une figure de sagesse et de constance.

1. UN H. CAPRICIEUX.

Hernani étant le personnage éponyme de l’histoire il va induire au fil de la lecture une double intrigue. En effet, celle-ci se détermine notamment par la rivalité qu’il entretient avec Don Carlos.  Cette rivalité naît d’une volonté de venger la mort d’un être cher. Ici son père qu’Hernani a perdu par la faute du père du roi. Il se promet de le venger en tuant Don Carlos son héritier. Ainsi, outre leur confrontation amoureuse, l’intrigue va se fonder de prime abord sur des « vengeances personnelles ». C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles on évoquera « la Bataille d’Hernani ». Nourrit d’une certaine animosité et d’une rancœur de longue date envers le roi, il se contentera d’user de la violence et de le provoquer en duel au lieu d’utiliser la parole, un moyen plus pacifiste. D’ailleurs Don Carlos ne sera pas indifférent à ces menaces et le provoquera à son tour, puisque étant un personnage appartenant à la haute bourgeoisie, il se doit de se montrer courageux et sans pitié. En vue d’un éventuel duel, l’acte de refus serait synonyme de lâcheté et cela ternirait l’image de Don Carlos qui essaye tant bien que mal d’entretenir celle-ci tout au long de la pièce. Mais Don Carlos n’est pas ce qu’il prétend être. Dans l’acte II, c’est par l’avènement d’un duel que ce dernier cherchera à s’en échapper. Il prétextera que c’est contre ses principes d’affronter un roturier sachant qu’il est le roi.  

De plus leur rivalité s’exprime sur la syntaxe, puisque la présence de nombreuses didascalies de gestes illustre l’exaltation de ces 2 personnages.

Mais c’est aussi par jalousie que Don Carlos manifestera l’envie de s’élever contre Hernani. Ce dernier voulant convaincre Dona Sol de l’aimer, il se retrouve une fois encore confronter à son rival. De plus, ne connaissant pas l’identité d’Hernani avant la scène 3 de l’acte II, Don Carlos n’est donc pas au courant des sentiments hostiles éprouvés par le bandit à son égard.  Voulant jouer de ses charmes auprès de Dona Sol, il vante ses mérites d’avoir le statut de roi et ainsi espère conquérir le cœur de cette dernière. Mais en vain. Passionnément amoureuse et courageuse, la jeune femme refuse les promesses de titres de noblesse qu’il lui adresse. En somme Hernani devient aux yeux de Don Carlos en plus, un rival sentimental.

Ainsi, Don Carlos, est sujet à de nombreuse confrontations, que ce soit par amour, par liens familiaux ou par quête de pouvoir. En effet, Don Carlos se révèle être un personnage perturbé cherchant constamment à être en rivalité avec son prochain. De ce fait, même les héritiers d’une autre dynastie, menacent de se proclamer « empereur » à sa place, sont pour lui des rivaux d’une autre nature.

Finalement, Hugo dépeint un personnage ayant de multiples facettes mais surtout dénué de tout sens moral. Provocateur et manipulateur Don Carlos incarne sous ses aspects rebelles, l’image d’un rival hargneux. Ce qui ne sera pas suffisant, notamment pour conquérir Dona Sol.

Elle est l’amante d’Hernani, mais doit cependant épouser Don Ruy Gomez de Silva. Dona Sol évite ce mariage dont elle ne veut pas que par l’intervention d’Hernani qui, se faisant passer pour un pèlerin, arriva à temps pour dévoiler sa véritable identité. Désirée également un temps par Don Carlos, elle représente la figure même de l’héroïne romantique, à qui l’on promet tous les palais mais qui, par fidélité, refusera tout ce qu’on lui propose pour suivre son cœur, même si cela doit la conduire à sa perte. Elle est indissociablement et fatalement liée à Hernani et l’amour qui les enchaîne est également ce qui les conduira à leur perte.

En effet, ce personnage est considéré comme un objet de convoitise de la part des deux rivaux qui vont se battre pour l’avoir. Dona Sol est donc l’objet d’une conquête amoureuse notamment par Don Carlos qui luttera face à Hernani.

On peut dire que Don Carlos prend très à cœur son rôle de roi car il fait preuve à plusieurs reprises dans la pièce de pouvoir autoritaire envers Dona Sol. Par exemple, dans la scène d’exposition, c'est Don Carlos qui la présente. Elle semble tromper son vieux fiancé et oncle avec un jeune homme. La façon dont Don Carlos en parle et la situation qu'il évoque font le portrait d'une femme légère et fourbe qui fait penser à un personnage de vaudeville. Ce n’est pas Dona Sol qui va se montrer telle qu’elle est mais c’est bien Don Carlos qui décide de la décrire comme il le souhaite. Nous sommes bien loin de la Doña Sol qui apparaît dans la scène 2, c’est un coup de théâtre. Hugo joue ici sur l’effet de surprise.

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