Le triomphe de l'injustice
Fiche de lecture : Le triomphe de l'injustice. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar hippolass • 30 Mars 2022 • Fiche de lecture • 1 354 Mots (6 Pages) • 454 Vues
Le triomphe de l’injustice
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Après avoir fini Le triomphe de l’injustice d’Emmanuel Saez et Gabriel Zucman, tous deux professeurs d’économie à l’université de Californie à Berkeley, on ne peut que constater le choix judicieux des auteurs pour le titre.
Ce livre se présente comme un manifeste ayant pour but d’éclairer les citoyens dans leurs choix au moment des élections. Loin de se présenter comme la réponse universelle à l’équation insolvable de la fiscalité, il tend à donner de l’objectivité par les données pour élever un débat qui se résume trop souvent à des prises de positions idéologiques qui manquent de fondement. Avec une impressionnante bibliographie, des graphiques simples et une écriture grand public sans rallonge, le livre va droit à l’essentiel et se veut accessible au plus grand nombre. Ainsi résumons brièvement les enseignements que l’on peut tirer de la lecture de l’ouvrage.
I/ Les mirages de la fiscalité
Le livre nous fait nous interroger sur l’évolution et la situation des inégalités principalement aux États-Unis depuis la création du pays. Les deux auteurs partent du constat que nous sommes passés d’une société à impôt progressif, où les plus riches payent plus d’impôt en pourcentage que les plus précaires, à un impôt uniforme voir régressif grande source d’injustice selon eux. Au fil des pages ils vont s’appliquer à démonter un certain nombre d’idées reçues qui infusent nos sociétés depuis les années 80 et l’avènement du néo-libéralisme de Reagan et Thatcher.
Tout d’abord il serait impossible de taxer les riches dans un monde mondialisé avec des capitaux immatériels pouvant se mouvoir au gré de la concurrence fiscale internationale. Nombreux sont les politiques qui utilisent cette rhétorique aussi bien en Europe qu’outre Atlantique, sans surprise cela est faux. Les auteurs nous apprennent que par le passé les États-Unis, avant de devenir une terre d’inégalité, taxés à des taux élevés leurs concitoyens les plus aisés et à des taux quasi confiscatoires les plus riches du pays, il est donc possible de taxer à des taux élevés il ne suffit que d’une volonté politique. D’aucuns diraient que les temps ont changé et qu’avec la mondialisation et la mobilité des capitaux si on taxait trop fort les hauts revenus ces derniers n’auraient qu’à changer de pays pour pouvoir échapper au fisc. Il s’agit pareillement d’une idée répandue qui pour ces auteurs est fausse, l’évasion fiscale serait tolérée et pourrait s'arrêter si les politiques le voulaient, notre modèle de mondialisation inégalitaire n’est pas une fatalité et il n’importe qu’à nous de le changer.
Saez et Zucman se penchent ensuite sur la question de la taxation optimale de la société et particulièrement des 1% les plus riches. Il opère tous d’abord une distinction entre taxation sur le revenu et taxation sur le capital (source de toute valeur), ce dernier étant à la fois la source principale de revenu des plus aisés et la moins taxé depuis récemment des deux sources de valeurs. Au cours des différents chapitres ils nous expliquent que pour réduire l’injustice fiscale il faut introduire une taxe sur la fortune qui toucherait le capitale, principale source de revenu des plus riches. Ils justifient cette nouvelle taxe par le fait que la concentration des capitaux est contraire à une économie de la libre concurrence, mais surtout par l’investissement automatique et continue des dividendes qui empêche la taxation de la richesse réelle des ultra-riches. Par la suite ils amorcent une réflexion sur la fameuse théorie du ruissellement qui pousserait à une taxation nul du capital car ce dernier profiterait en fin de compte aux revenus du travail. Il démontre de manière empirique et historique que cela n’a aucune réalité et que les politiques allant dans ce sens n’ont fait qu’agrandir un fossé galopant entre les plus pauvres et les plus riches.
Au-delà de la question économique et morale, la fiscalité de manière générale est un problème démocratique. Le consentement à l’impôt passe par une certaine forme de justice sociale et de justice fiscale, ce qui d’après nos deux auteurs n’est pas le cas avec des impôts très régressif comme l’impôt sur la consommation et le système américain de santé basé sur le privé. Choisir la manière dont devrait être taxer les grandes entreprises et les multimilliardaires relève d’un choix de société, choisir le financement d’un État sociale fort qui soutient la société de manière équitable ou choisir un État qui laisse sa politique influencé par le marché comme le sont les paradis fiscaux qui marchandent leur souveraineté. Une des propositions importantes des auteurs pour financer ce nouvel État social qu’ils veulent plus juste est l’impôt sur le revenu national fusionnant les taxations sur le revenu et la fortune.
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