Compagnie du Saint-Sacrement
Thèse : Compagnie du Saint-Sacrement. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar mounim • 12 Juin 2013 • Thèse • 1 594 Mots (7 Pages) • 764 Vues
La Compagnie du Saint Sacrement, qui avait le soutien de la reine mère Anne d'Autriche et du Parlement, a été dissoute officiellement par Louis XIV en 1666, après le décès de sa mère. Molière, qui avait joué devant le roi un premier état de sa pièce en 1664, avait été aussitôt censuré et interdit par la pression de la cabale des dévots, animée par cette fameuse compagnie. Aussi, put-il enfin jouer la version définitive de Le Tartuffe ou L'Imposteur en 1669, après trois placets adressés au roi. Dans cette comédie de moeurs et de caractère, le personnage éponyme, figure du faux dévot, parasite, captateur d'héritage, libertin avéré et directeur de conscience sectaire, n'apparaît qu'au troisième acte de cette pièce en vers, qui en compte cinq. Dans la scène d'exposition, presque tous les personnages sont présents, à l'exception notable d'Orgon, le chef de famille entiché de Tartuffe, et de Tartuffe lui-même. Il sera intéressant de découvrir comment le problème de la présence et de l'influence de Tartuffe, infiltré et impatronisé dans cette famille, va être soulevé et lancer le conflit. D'abord, la colère d'une partisane de l'intrus, madame Pernelle, mère d'Orgon, ouvre les hostilités et permet habilement de faire les présentations. Face à elle, la coalition des opposants de Tartuffe se met en place.
I) Une exposition orageuse in media res qui ouvre le conflit par une fausse sortie
A) Une vieille dame indignée qui donne le ton de la comédie de caractère
- Dès la première réplique, madame Pernelle se détache violemment du groupe familial présent sur scène et rudoie sa servante, en faux aparté : « Allons, Flipote, allons ; que d'eux je me délivre. » Le « eux » dédaigneux englobe les présents, les fustige et les provoque.
- Cette volonté de sortir, dès l'entrée en scène, sous le prétexte de l'opprobre, est retardée par la sollicitude d'Elmire, qui retient sa belle-mère en la questionnant : « Mais, ma mère, d'où vient que vous sortez si vite ? »
- Dès lors, la réaction de madame Pernelle va révéler son caractère, ses opinions et même ses origines sociales. Elle est autoritaire et colérique, ce que traduit la défense qu'elle oppose à Elmire : « ne venez pas plus loin ». Elle se pose comme représentante bafouée de l'ordre moral : « Oui, je sors de chez vous fort mal édifiée; Dans toutes mes leçons, j'y suis contrariée ; On n'y respecte rien; ». Enfin, les images populaires qu'elle emploie révèle sa condition bourgeoise : « Et c'est, tout justement, la cour du roi Pétaut ».
L'intervention de la servante Dorine, interrompue aussitôt, exacerbe la colère de la vieille dame qui va laisser éclater ses reproches. Le spectateur découvrira progressivement, en même temps que les relations qu'entretiennent les personnages entre eux, les raisons du conflit.
B) Des blâmes individuels successifs en guise de présentation générale
- Après Dorine, la servante, traitée « d'impertinente » et rappelée à sa condition de « fille suivante », les quatre personnages qui vont tenter d'intervenir seront vite réprimandés.
- Ainsi Damis « sot en trois lettres » est aussi considérée par sa grand-mère comme « un méchant garnement » qui sera source de tourment pour son père.
- Sa soeur Marianne, tout « doucette » et « discrète » mènerait « sous chape » une vilaine vie.
- Elmire est accusée d'être dépensière, coquette et de donner le mauvais exemple.
- Quant à Cléante, son frère, il est indésirable car il prêcherait de mauvaises « maximes » à cette petite société et l'entraînerait ainsi dans la mauvaise voie.
Les reproches adressés à la famille sont donc relatifs à la conduite en société et font allusion au libertinage de moeurs alors en vigueur (surtout à la cour !) qui corromprait la maisonnée. On sent bien là l'influence dans la réprobation des « messieurs de la Compagnie du Saint Sacrement » qui s'étaient institués gardiens et défenseurs de la vertu et de la piété jusqu'au sein des familles au point de les diriger et contrôler. Molière met habilement dans la bouche d'une vieille femme aigrie des propos désagréables, et plutôt vagues, visant la conduite de la jeunesse, et qui pourraient semer la zizanie au sein du groupe. On voit bien l'allusion du dramaturge au contrôle quasi policier exercé par le parti dévot qui s'en était pris aux moeurs mêmes du jeune roi Louis XIV ! L'austérité morale est ici incarnée par une vieille femme belliqueuse, très peu indulgente et encore moins aimante à l'égard de ses petits enfants !
II) La riposte et la coalition s'organisent face à Madame Pernelle qui défend Tartuffe
A) La mise en cause de Tartuffe met le feu
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