Capitalisme financier
Analyse sectorielle : Capitalisme financier. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dissertation • 30 Mars 2014 • Analyse sectorielle • 2 496 Mots (10 Pages) • 665 Vues
CAPITALISME FINANCIER
1.1 Marchés financiers
Nous entendons par capitalisme financier l’évolution du capitalisme dans nos sociétés actuelles et dont Aglietta et Rebérioux [2] précisent les dérives. Depuis le milieu des années 70, nombreux s’accordent à dire que les marchés financiers ont fortement évolué avec une liquidité de plus en plus abondante et des marchés de plus en plus englobants, ainsi que l’apparition de fonds d’investissement dont le pouvoir financier n’a cessé de croître. La financiarisation actuelle de l’économie a de grandes conséquences sur la société elle-même.
1.1.1 Évolution dans les années 70
Croissance de la liquidité et des transferts de risque
Les années 70 sont caractérisées par l’apparition de fortes incertitudes financières : l’inflation s’accrût, en même temps que le développement de la volatilité des taux, ainsi qu’une importante instabilité des taux de change et des produits énergétiques avec les deux chocs pétroliers, et enfin l’endettement croissant des pays en voie de développement. Ces événements se sont accompagnés d’une croissance des marchés financiers pour faciliter les transferts de risques entre entreprises ou États. Ces derniers ont eu pour conséquence une augmentation de la liquidité, via la multiplication des marchés de dérivés.
Remarquons que ce mouvement est inverse à celui d’après la crise de 1929, qui avait vu Roosevelt suppri- mer les marchés de dérivés. Comment expliquer cette évolution ? Il faut rappeler que les crises financières aboutissent en majorité à des crises de liquidité. Cela est appuyé par l’image d’Épinal des épargnants pris de panique allant retirer leur argent en faisant la queue devant les banques lors de crises comme celle de 1929 par exemple. Une crise financière peut avoir de multiples causes, qui sont souvent des bulles spécu- latives, mais se termine toujours par un défaut de liquidité et donc la faillite de firmes, d’États ou encore de ménages. Le fait de faciliter les transferts de liquidité via les produits dérivés permet d’éviter la conta- gion à toutes les entreprises d’une même place financière. Et les outils développés dans les années 70 ont permis aussi de faciliter leur échange : évaluation d’un call par Black et Scholes et amélioration des outils informatiques entre autres.
Il en est ainsi également de la crise des subprimes de l’été 2007 : suite à la faillite de ménages américains sur-endettés dont les emprunts se retrouvaient dans des portefeuilles de crédit sophistiqués dans les banques internationales, il devint difficile de trouver des acheteurs de ces produits devenus alors illiquides. Sans l’utilisation de produits assurantiels et l’intervention des banques centrales ajoutant de la liquidité sur les marchés financiers, peut-être que la crise aurait eu, en tout cas au début, des conséquences encore plus graves.
Mais cette remarque en implique une autre sur l’autre face de Janus des marchés financiers autrement moins souriante : la facilitation des transferts de risque a été favorisée par des produits dérivés et des innovations
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financières complexes contiguës, augmentant les appétits des spéculateurs y trouvant des sources de profit simples et rapides. Ces produits dérivés ont ainsi certes permis une croissance de la liquidité nécessaire pour éviter la faillite, mais l’opacité les accompagnant a augmenté les risques sous-jacents, en facilitant la spéculation et l’instabilité financière. La crise du début d’année 2008 est entre autres causée par un manque de confiance dans les produits de crédit complexes, innovants mais difficiles à évaluer. La bulle spéculative sur les prix des matières premières du printemps 2008 est aussi révélatrice de l’appétit des spéculateurs à faire des profits rapides. Ceci explique certainement pourquoi Roosevelt avait voulu la suppression des marchés de dérivés dans les années 1930.
Sur la crise des subprimes, voici un point de vue paru dans Ouest France le 3 octobre 2008.
Un an après la crise des subprimes
Avec le recul de l’année passée, peut-on faire l’analyse de la crise financière des "sub- primes", ces crédits immobiliers accordés aux ménages américains modestes et peu sol- vables? Et comprendre comment on a pu aboutir à l’ Implosion du capitalisme finan- cier que décrit Paul Jorion (Fayard), et que confirme la mise en faillite de Lehman Bro- thers ?
Tout d’abord, la conjoncture économique a été, aux Etats-Unis en particulier, très favo- rable ces dernière années : un taux d’emprunt bas et un marché de l’immobilier en très forte hausse. Et comme souvent dans ce cas, les gens perdent la mémoire et pensent que si ça monte, ça va continuer de monter. Lorsque l’on ajoute une culture de fort endettement, propre aux américains notamment, les choses se compliquent. En effet, un américain, lors- qu’ il reçoit 100, dépense 101 : d’ une part il n’épargne pas et d’autre part il emprunte.
C’est ici qu’intervient la responsabilité des banques et des instituts prêteurs qui ont abusé d’une part de prêts à des ménages non sol- vables et d’ autre part s’ en sont déchargé sur d’ autres investisseurs, via la sophistication de la titrisation. Une technique qui consiste à transférer à des investisseurs des actifs, tels que des créances, en les transformant en titres financiers. Ainsi s’est opérée une dissociation entre la distribution du crédit et la gestion de son financement.
Manque de transparence
Présentons ce mécanisme complexe de ma- nière plus simple. Une banque américaine va prêter à chacun de ses 100 clients 100 mille dollars pour acheter une maison. Parmi ces 100 ménages, certains ont acheté une maison
avec piscine de 300 m2 en Californie avec des revenus insuffisants : ce sont ces ménages que l’on appelle les emprunteurs " subprimes ", (littéralement "en dessous" des emprunteurs solvables dits "prime"). Mais comme ils ont la possibilité de rembourser seulement les inté- rêts, variables la plupart du temps, pendant la période du prêt et le capital in fine, la lourdeur de l’emprunt est amoindrie. En outre, avec un bien qui ne perd pas de sa valeur, l’emprun- teur pourra rembourser à l’aide de la revente de sa maison. Cette logique est viable lorsque les taux sont faibles et que le marché de l’im- mobilier ne
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